La pénurie de main-d'œuvre et le chômage ne font pas bon ménage. En Algérie, les jeunes chômeurs se comptent par centaines de milliers et le besoin de main-d'œuvre dans les secteurs du Btph et de l'agriculture est bien supérieur. Les statistiques s'affolent dans des sens opposés. Elles ne savent plus comment interpréter le fait que certains employeurs ont recours à des retraités et des étudiants pour que la pomme de terre puisse être récoltée. Elles ne savent plus quel sens donner au fait que les jeunes ne veulent pas travailler pour les entreprises privées ou avoir des emplois saisonniers. Le Premier ministre, lors de l'un de ses déplacements à l'intérieur du pays, s'est vu obliger de déclarer que l'Algérie «ne pouvait pas importer de la main-d'œuvre pour l'agriculture». Il y a quelques années, c'était nos frères tunisiens et marocains qui jouaient le rôle d'ouvriers agricoles. Les Algériens veulent tous être fonctionnaires ou employés par des entreprises publiques. Ils ont bien raison au regard du niveau de salaires offerts par ces structures. La Banque Mondiale et les observateurs nationaux ont de tout temps expliqué que la politique sociale du gouvernement algérien ne valorisait pas l'effort et le travail. Les jeunes chômeurs ne sont pas fainéants mais pour quelle raison devraient-ils travailler alors qu'ils vivent plus ou moins bien de certains petits trafics et autres expédients dont ils ont la recette. Ils n'iront pas s'échiner une demi-matinée à récolter des pommes de terre contre mille dinars. Les agriculteurs sont prêt à payer jusqu'à deux mille dinars pour une journée de travail complète. Le système sociale algérien n'encourage pas la mobilité de la main-d'œuvre et ne fait pas du travail une valeur. L'assistanat s'est développé depuis des décennies et ne sera vaincu que si la rente issue de l'exportation des hydrocarbures est distribuée différemment. Dans le cadre de la révision des politiques salariales et de subventions, il est nécessaire aussi d'analyser pourquoi les «patrons» se contentent de l'investissement de départ et ne font pas d'extension ni ne développent leurs services commerciaux. Cette tendance à se contenter d'un petit investissement et de réaliser des marges bénéficiaires qui dépassent les 30% n'est pas à même d'encourager l'investissement et donc l'emploi. En attendant et pour réaliser les 650 000 unités de logements, il y a les 30 000 Chinois, les Turcs, les Espagnols, les Italiens, et peut être des Algériens si on pense à tout revoir.