Par Karima Mokrani Retour à la protestation dans le secteur de la santé publique et cette fois-ci tous les syndicats du secteur réunis. Ceux qui activent au sein de l'intersyndicale de la santé, créée initialement par le Snpsp (Syndicat national des praticiens de la santé publique), le Snpssp (Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique) et le syndicat des psychologues. Les praticiens sont à leur troisième jour de grève aujourd'hui. Demain, ils reprendront le travail normalement mais juste pour quelques jours, puisqu'il est question de reconduire le mouvement pour une durée non déterminée. Pas seuls mais avec leurs confrères les spécialistes, les psychologues et autres. Lors d'une conférence de presse tenue hier, au siège de l'organisation autonome à Alger, le président du Snpssp, le Dr Mohamed Yousfi, a annoncé ce retour à la protestation, dans le cadre de l'intersyndicale, trois mois après leur réunion avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal (le 31 janvier) et le ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari (le 12 février). «Trois mois, c'est un délai raisonnable. Nous avons assez attendu mais nous ne voyons rien venir et ce, malgré les engagements du Premier ministre et les instructions du ministre de la Santé à ses collaborateurs.» le Dr Yousfi rappelle les deux principales revendications satisfaites jusque-là après les rencontres avec le Premier ministre, le ministre de la Santé et leurs collaborateurs. La première est l'organisation du concours de passage du grade de praticien spécialiste assistant à celui de praticien spécialiste principal. Ce dernier a eu lieu «dans de bonnes conditions», le 23 mars dernier. Près de 2 500 spécialistes ont passé le concours. «C'est un grand acquis pour nous. L'organisation de ce concours est un évènement historique pour toute la corporation», a soutenu le représentant du Snpssp. Autre acquis : «Le 23 avril dernier, a été installée une commission nationale d'affectation, d'évaluation et de recours concernant le service civil. En plus des représentants du ministère de la Santé, il y avait des résidents et autres représentants des professionnels de la santé. Cette commission est chargée de voir de près les conditions de travail, d'hébergement et le plateau technique. Cela rentre dans le cadre de ce que nous appelons mesures incitatives pour les spécialistes qui partent dans les wilayas de l'intérieur du pays. Nous attendons les incitations financières.» D'autres revendications, jugées de grande importance, ne sont pas encore satisfaites. Celles qui relèvent du ministère de tutelle et celles qui sont à la charge du gouvernement. Pour ce qui est des premières, le Dr Yousfi cite «la non abrogation de la discrimination en matière d'imposition (IRG) des primes et indemnités versées par le secteur de la santé aux praticiens spécialistes, ainsi qu'aux hospitalo-universitaires». 35% pour les praticiens spécialistes et seulement 10% pour les hospitalo-universitaires. Une grande «injustice» qui s'amplifiera davantage, selon le syndicaliste, avec la revalorisation des deux primes de risque et de grade. Par ailleurs, les praticiens spécialistes insistent sur la nécessité de «mettre fin à l'exclusion des spécialités des comités» installés au niveau des différentes directions de la santé. «Cela dure depuis quatre ans. Le ministre a donné instruction pour réparer cette erreur mais nous ne voyons rien de concret sur le terrain», rapporte le Dr Yousfi. Autre fait dénoncé par les spécialistes, «la non application de la réglementation pour le cadre sanitaire. Des services continuent d'être gérés par des hospitalo-universitaires, alors qu'ils relèvent des responsabilités de praticiens spécialistes». Autres revendications, celles-ci ne relevant pas du ministère de la Santé mais de la Fonction publique et du gouvernement, l'amendement du statut particulier : «Nous ne comprenons pas pourquoi jusqu'à maintenant, ils n'ont pas ouvert ce dossier au niveau de la Fonction publique.» Il y a aussi le régime indemnitaire, insiste le président du Snpssp : «Le régime indemnitaire dans son volet révision (celle-ci suit la révision du régime indemnitaire) et son volet application.» Concernant justement son application, le syndicaliste rapporte que la prime d'intéressement est appliquée de la même façon sur les trois grades du corps des spécialistes, «ce qui est injuste». Une autre prime, celle de la recherche : «Les hospitalo-universitaires sont payés pour leur travail de recherche. Pas nous.» Dernière prime, celle dite de zone : «Jusqu'à présent, cette prime est calculée sur l'ancien salaire de base au lieu que ce soit sur le nouveau.» Sur la base de toutes ces données, indique le Dr Mohamed Yousfi, «le conseil national du syndicat a décidé de reprendre la protestation mais pas seul. Nous allons nous réunir avec nos confrères de l'Intersyndicale et nous déciderons des modalités de mise en œuvre de notre action». K. M.