Les forces de sécurité irakiennes ont commencé à reprendre le contrôle d'une ville, tombée mercredi aux mains d'hommes armés qui ont finalement accepté de s'en retirer, au quatrième jour d'une vague de violences meurtrières liées à des manifestations contre le gouvernement. Au total, 190 personnes sont mortes et 292 ont été blessées depuis mardi à travers le pays, dont une grande partie dans des attaques et heurts entre forces de sécurité, manifestants sunnites et leurs partisans. Les hommes armés se sont retirés vendredi matin de la ville de Souleimane Bek (nord) après un accord conclu sous la médiation de chefs tribaux et de responsables gouvernementaux, ont expliqué Chalal Abdoul Baban, un responsable administratif du secteur, et Ahmed Aziz, chef-adjoint du conseil municipal de Souleimane Bek. M. Baban a précisé que des tirs d'un hélicoptère de l'armée avaient fait six blessés tôt hier. Les groupes armés avaient pris mercredi le contrôle de Souleimane Bek, une ville majoritairement turkmène sunnite, après des combats meurtriers avec les forces de sécurité, qui se sont retirées de la ville, alors que les habitants fuyaient. L'attaque des hommes armés a eu lieu mardi, au lendemain d'un assaut sanglant des forces de sécurité contre un rassemblement de manifestants anti gouvernement près de Houweijah (nord). L'armée a affirmé que cet assaut visait «l'Armée des Naqchbandis». Des attaques de représailles et des heurts se sont depuis succédés à travers le pays. Et deux des meneurs de la protestation à Houweijah ont affirmé qu'ils allaient former une nouvelle unité de l'Armée des Naqchbandis, pour se «venger» après l'assaut. Depuis quatre mois, des protestataires sunnites réclament le départ du Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite accusé d'accaparer le pouvoir et de marginaliser les sunnites. Mettant en garde contre une guerre confessionnelle, deux dignitaires religieux irakiens, Abdelghafour al-Samarraï et Saleh al-Haidari, qui dirigent respectivement des fondations sunnite et chiite, ont appelé les dirigeants politiques irakiens à se réunir hier en fin de journée. L'Irak est en proie à des violences confessionnelles depuis son invasion par les Etats-unis en 2003. Hier matin, sept hommes armés sont morts en menant trois attaques contre les forces de sécurité à Kirkouk (Nord), selon un haut gradé et un médecin. Jeudi soir, les violences s'étaient concentrées dans la banlieue de Falloujah, à l'ouest de Baghdad, où des combats autour de checkpoints ont notamment donné lieu à des tirs d'obus de mortier. R. I.