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Le rôle de l'Algérie dans la libération des otages américains en 1979 en Iran Conférence de M. Mohamed Salah Dembri à l'Ecole préparatoire des sciences économiques d'Annaba
Le rôle de la diplomatie algérienne dans le dénouement de l'affaire des otages américains à Téhéran en 1979 a été, hier, évoqué par M. Mohamed Salah Dembri, ex-diplomate algérien, lors d'une conférence donnée hier à l'Ecole préparatoire des sciences économiques, commerciales et sciences de gestion. L'assistance composée des autorités locales, du consul de Tunisie, de professeurs et d'étudiants suivait dans un silence religieux les propos de l'orateur, qui usait d'une pédagogie professorale allant au détail près pour bien faire comprendre la situation. Il commencera par éclairer l'assistance en brossant un tableau sur le contexte international de l'époque, insistant sur l'ordre économique établi et l'éveil des Etats du Tiers monde quant à la révision de cet ordre qui pillait les ressources de ces pays alors que les puissances économiques parlaient d'échanges. «A l'époque, dit-il, la diplomatie algérienne recrutait parmi les compétences et non selon l'allégeance, ce qui avait fait sa force et qu'elle était considérée comme étant incontournable pour le dénouement des crises. Et donc cette affaire de prise d'otages et leur libération a été menée de main de maître par Feu Mohamed-Seddik Benyahia, qui occupait à l'époque le poste de ministre des Affaires étrangères. Un homme d'Etat qui avait une vision prospective du devenir universel et de la place qu'aurait l'Algérie dans ce devenir. L'Algérie était un acteur majeur du jeu international. Ses principes d'action ornés de sa propre expérience de la lutte de libération n'impliquaient pas le repli sur soi, au contraire, il fallait faire acte de solidarité avec tous ceux qui souffrent dans le monde. La crise s'était accentuée entre L'Iran et les Etats-Unis parce que le Shah s'était réfugié dans ce dernier pays, officiellement pour soins, ce que ne comprenaient pas les Iraniens échaudés par l'expérience vécue en 1953, qui avait vu s'exiler le Shah pour ensuite retourner en Iran. L'Algérie avait été sollicitée par les 2 parties pour une médiation et là M. Benyahia avait ordonné à tous d'être prudents, pas d'interventions intempestives, pas d'engagement sans statut de médiation. Fallait-il avoir la mission de courtier honnête pour faciliter le dialogue entre les 2 parties en conflit ou avoir la lourde mission de bons offices qui implique d'agir sur les propositions ? Et là les Américains avaient demandé clairement de les aider d'autant plus que l'opération lancée à partir du Golfe d'Oman pour libérer les otages avait échoué. La deuxième option fut donc retenue et l'Algérie a joué pleinement son rôle de médiateur. Du 8 au 20 janvier 1981, Warren Christopher a séjourné à Alger. La déclaration d'Alger a été acceptée par les 2 parties qui s'étaient engagées par écrit à la respecter. Les Iraniens exigeaient la restitution des avoirs de leur pays, qui se montaient à l'époque à 7,997 milliards de dollars, et les Américains la libération des 52 otages retenus en Iran, en dehors des 13 autres américains et des 5 non américains que l'Algérie avait fait libérer auparavant. La Banque centrale d'Algérie avait été accréditée et un compte bloqué avait été ouvert à la Banque d'Angleterre. Il avait fallu dépêcher 2 avions d'Air Algérie parce que les Iraniens ne voulaient pas d'autres compagnies. Deux avions pour que personne ne sache dans quel avion les otages une fois libérés embarqueraient. Ensuite un plan de vol complexe avait été élaboré avec des escales à Ankara, Athènes, Wiesbaden et Alger. Des instructions fermes avaient été données pour que même la nourriture des otages soit transportée d'Alger, et une visite médicale des 52 otages devait se faire avant l'embarquement. Ce sera 52 otages pas un de moins. Une fois les otages libérés, une certification de l'opération devait être transmise à la Banque d'Angleterre pour débloquer les avoirs gelés.» Le 20 janvier 1981 les otages ont été libérés et transférés à Wiesbaden et cette affaire avait été réglée sans qu'il n'y ait eu de conflits majeurs parce que la situation menaçait d'une conflagration générale de la région. L'orateur qui a loué le rôle de l'Algérie dans cette affaire, déplore que chez nous il n'y ait eu aucun écrit sur le sujet alors qu'en Amérique ou en France on a fait des films et des documentaires où le rôle de la médiation algérienne a été minimisé. M. R.