Magique étaient Manou Gallo et sa Women Band, en cette seconde soirée du Festival du Jazz de Constantine. Durant plus d'une heure cette Africaine de l'ouest (Côte-d'Ivoire), qui dit être toujours «une simple musicienne qui jouait au Tam Tam et au Djembé», a frôlé les limites du rythme pour étaler tout son génie de véritable artiste «confirmé».Collée à sa racine africaine, elle a subjugué le public de par ses interprétations. Un nouveau style. Le sien. Sa maîtrise instrumentale et vocale outre son sens de l'improvisation n'a laissé aucun mélomane indifférent. Funky, jazzy, reggae parfois avec des teintes Zouk Manou fait rythmer la scène à sa manière. Elle a interprété la plupart des tubes de ses trois albums : «Une carrière se forge au fil des années…Je ne suis pas pressée.» La guitariste tantôt acoustique tantôt électrique Virna donnait le ton spectacle. Une intro latino qui se parachève sur une multitude de notes…ponctuera ainsi avec célérité l‘ambiance qui attend le public. Angélique, la chanteuse danoise Lena munie de son Guiro (petit instrument à percussion) donnait l'air d'être une chorégraphe pour colorer la scène. Une impression vite revisitée, après que l'artiste sollicitait ses cordes vocales pour des sons supérieurs, d'une rare puissance. Mais toujours tombant sur le rythme, discontinu. Au grand bonheur des présents, réceptifs. Le groupe, qui renferme un seul homme, le batteur, s'illustre par la violoncelliste Ania dont la formation classique et académique se lisait sur son grand archet et son doigté agile. «Le violoncelle ne fait pas partie de ma culture mais je l'ai intégré dans l'orchestre pour m'ouvrir à d'autres sonorités», a révélé Manou. Et la communion est totale entre ces trois femmes chez qui la notion de star est exclue. «La musique c'est le partage et le jeu collectif», a-t-elle affirmé. L'unisson guitare-violoncelle fut une démonstration instrumentiste au féminin. Mais Manou toujours là pour ajouter du rythme de la voix, africaine. Une soirée qui a fait découvrir aux mélomanes un panorama musical riche, nouveau et de surcroit sans limites car Manou Gallo se refuse à l'appellation musicale imposée : «C'est à nous de décider de dire si je fais telle ou telle musique .Actuellement j'adopte les styles Jazz, rock, Funk … Mais qui dit que demain je n'explorerai pas d'autres horizons tel le blues ? On fait la musique qu'on ressent. Personne n'a le droit de nommer la musique à notre place.» Pour sa première production en Afrique du nord cette rêveuse de 8 ans qui tapait, tapait, acquiert le cadence … avant de brasser la guitare basse, dont elle est « amoureuse» pour le rythme et l'harmonie qu'elle offre, parvint à exhausser le vœu de son âme en imposant magistralement une formation féminine. «J'évoluais dans un groupe lors des années 80 en Afrique de l'ouest. Ma grand mère m'a soutenu puisque il y avait peu de femmes qui jouaient sur un instrument dans le pays», révélait la musicienne en fin de sa scène. Trois albums à son actif et un prochain en projet, elle devra sillonner incessamment quelques villes européennes pour tonner sa musique «si différente qu'impressionnante» avec cette fibre africaine qu'elle greffe dans ses compositions. Et elle n‘a pas omis de remercier un public qui l'a instinctivement applaudi jusqu'à sa dernière interprétation : «Un petit reggae pour terminer ca vous dit !» La première partie de la soirée a vu la jeune Hadjer, ce pur produit de dimajazz, interpréter son premier opus sous la direction de son oncle guitariste arrangeur. Ayant fait le off lors de l'avant dernière édition, la chanteuse à la voix chaude, qui croustille des airs de Nora Jones et des airs de Massi trouvera un public réceptif à son genre. «Pop rock», les chansons interprétées ont fait rêver les mélomanes. Pour une artiste de 18 ans la voix est bien là. Incontestable. Reste à puiser encore pour imposer son propre style, sa propre musicalité pour échapper un tant soit peu aux multiples influences. N. H.