Photo : Riad Par Ali Boukhlef Farouk Ksentini l'a demandé, Bouteflika l'a fait. Le président de la République a instruit, hier au cours d'un Conseil des ministres, le gouvernement d'accélérer le traitement des dossiers en retard relatifs à la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, plus de trois ans après son adoption. «L'ensemble des dossiers des personnes concernées par ces mesures [de la Charte, ndlr] ont été déposés auprès des administrations compétentes dans les délais fixés par la loi, et la grande majorité a déjà été traitée et réglée», rappelle le chef de l'Etat, selon le document qui a sanctionné les travaux de ce premier Conseil des ministres de l'après-amendement de la Constitution. En faisant ce constat, Abdelaziz Bouteflika veut apparemment rappeler que certains dossiers, notamment ceux de la réintégration de certains repentis, n'ont toujours pas été réglés. Plus que rappeler, le chef de l'Etat a ordonné aux différents responsables de terminer l'étude des dossiers. «[…] Un certain nombre de cas restent en instance du fait des lourdeurs bureaucratiques et parfois de négligences de la part des requérants», constate Bouteflika avant de faire tomber la sentence : «Ce travail doit être finalisé conformément à la volonté souverainement exprimée par la nation. J'attends donc du gouvernement qu'il s'y investisse dans les meilleurs délais», a-t-il ordonné d'un ton rarement utilisé en pareilles circonstances. Il est à rappeler que Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'Homme, a révélé, au mois de septembre, qu'il avait saisi le président de la République au sujet de plusieurs repentis qui n'ont pas bénéficié des mesures de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, adoptée par référendum le 29 septembre 2005. L'avocat a parlé de dizaines de personnes n'ayant été touchées ni par la réintégration dans leur poste de travail ni par les indemnisations prévues par la loi. Abdelaziz Bouteflika a déjà abordé le sujet, en des termes plus sibyllins, le 29 octobre dernier dans son discours à la Cour suprême, en invitant les fonctionnaires qui n'épousent pas forcément cette loi d'avoir «le courage de démissionner».