Une économie nationale qui n'est pas soutenue simultanément par la consommation intérieure et par sa balance commerciale, deux trimestres de suite, n'échappe pas à la récession. C'est ce qui arrive à la France qui vient de connaître deux trimestres successifs marqués par une diminution de son Produit intérieur brut (PIB) à hauteur de 0,2%. Le même taux négatif concerne aussi bien le premier trimestre 2013 que les trois derniers mois de 2012. L'Institut national français de la statistique et des études économiques (Insee) a confirmé ces données, hier, soit un an, jour pour jour, après la cérémonie d'installation de François Hollande à la présidence de la République. Une triste nouvelle d'anniversaire pour un chef d'Etat qui avait promis pour les Français le changement. M. Hollande n'a pu que reconnaître au cours du Conseil des ministres tenu le même jour que «la situation économique est grave, rien ne sert de la minimiser» mais que la récession dans laquelle est entrée la France est «moins profonde que celle connue en 2008-2009». Il est vrai que la récession de l'ère de Sarkozy s'était manifestée par une contraction de 3,1% du PIB. La récession actuelle en est la conséquence, sachant que la balance commerciale est déficitaire depuis des années, du recul historique du pouvoir d'achat des Français sous l'effet de l'augmentation continue du chômage et de l'incertitude des lendemains qui incite les Français à réduire leurs dépenses au profit de l'épargne. En 2012, le pouvoir d'achat des Français a reculé de 0,9%, du jamais vu depuis 30 ans. Ce recul s'est poursuivi au cours du premier trimestre de l'année en cours alors que les prix à la consommation ont connu une baisse de 0,1% en avril, ce qui est une autre inquiétude. Malgré cette situation de récession, le gouvernement français maintient sa prévision de croissance à 0,1% sur l'année 2013, car il demeure convaincu qu'une reprise économique interviendrait au deuxième semestre. De même qu'il maintient le défi d'inverser la courbe du chômage au plus tard à la fin de l'année. Quant à la cause de la récession, le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, pour qui ce n'est «pas une surprise», estime qu'elle est «largement due à l'environnement de la zone euro». Il est vrai que cette zone, hormis l'Allemagne (+0,1%), reste plongée dans la récession. Selon l'Office européen des statistiques Eurostat, le PIB de la zone euro a reculé de 0,2% au premier trimestre 2013, suite à la baisse de 0,6% enregistrée au quatrième trimestre 2012. A l'issue de son Conseil des ministres hebdomadaire, hier, le gouvernement français a estimé que face à la récession, «la poursuite des actions en faveur de l'investissement et de la croissance» est plus que jamais nécessaire, tout comme «il importe de réorienter les politiques européennes en faveur de la croissance». La France en récession est l'invité de la dernière minute des thèmes qui domineront la conférence de presse semestrielle que donnera cet après-midi le président François Hollande au palais de l'Elysée.