Par Amina Hadjiat Les mouvements de protestation des différents corps du secteur de la santé publique perturbent fortement son fonctionnement. De son côté, le ministère de la Santé refuse le dialogue et répond par des sanctions administratives et des mesures dissuasives. Loin de désamorcer le conflit, la réaction du ministère renforce la volonté des grévistes à poursuivre la protestation, rallongeant encore plus les délais de prise en charge des patients. Les citoyens sont donc les otages de cette crise qui perdure. Les travailleurs du corps commun de la santé publique ont répondu, en nombre, à l'appel de leur syndicat qui les a appelés à se rassembler, hier, au CHU Mustapha Bacha. Un important dispositif policier les attendait sur place les empêchant de quitter l'enceinte de l'établissement de santé. La circulation routière a d'ailleurs été fortement perturbée autour de la place du 1er Mai. «Nous étions environ 6 000 travailleurs venus de toutes les wilayas du pays», a indiqué Betraoui Mounir, coordinateur national du syndicat des corps communs affilié à l'Ugta. Il a ajouté que «plusieurs bus remplis de collègues ont été détournés par les forces de l'ordre qui les ont empêchés d'arriver à la capitale». Le corps commun de la santé publique comprend le personnel administratif et tous les ouvriers professionnels de la santé, tels que les agents d'accueil et d'orientation, les techniciens de surface, les personnels de cuisine et de blanchisserie. Leur nombre s'élève à 113 000 personnes au niveau national. Leurs revendications sont la révision des statuts particuliers, du régime indemnitaire, des conditions d'accès aux postes supérieurs et surtout, la généralisation de la prime de contagion. Ils observent la grève 4 jours sur 5 depuis six semaines. Parallèlement, l'Intersyndicale de la santé publique, qui comprend les quatre syndicats nationaux indépendants - praticiens spécialistes de la santé publique(Snpssp), praticiens de la santé publique (Snpsp), des psychologues (Snapsy) et des professeurs d'enseignement paramédical (Snpepm)-, maintient la grève de trois jours par semaine. Ces syndicats organisent, tous les mercredis, un rassemblement devant le ministère de la Santé mais n'ont rien obtenus après un mois de protestation. Eux aussi demandent la révision des statuts particuliers, du régime indemnitaire, des conditions d'accès aux postes supérieurs. En outre, l'Intersyndicale dénonce le silence du ministère de tutelle et «le recours à des manœuvres d'intimidation et de dissuasion». Le Dr Chibane, affilié au Snpsp, fait état de nombreux cas de pression citant à titre d'exemple un délégué syndical qui a subi une affectation de poste dans la wilaya d'Ouargla. «Ils l'ont envoyé dans une autre structure sanitaire qui se trouve à plus de 40 km, sans justification», raconte-t-il. Le ministère de la Santé, comme les citoyens, accuse les grévistes de ne pas assurer le service minimum. L'Intersyndicale réfute cette accusation arguant du fait que «d'ordinaire, leurs conditions de travail sont celles du service minimum». Le Dr Yousfi précise que «le service minimum est assuré de façon spontanée». «Le service minimum doit être encadré par les directeurs de santé, chose qu'ils ne font pas», ajoute-t-il. Mais en attendant que le conflit qui oppose les professionnels de la santé publique à leur tutelle trouve un dénouement, ce sont les usagers qui pâtissent des retards de prise en charge. A. H.
M. Sellal signe les décrets portant revalorisation de l'indemnité de garde et de la prime de contagion Le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal, a signé hier, les décrets portant revalorisation de l'indemnité de garde et de la prime de contagion des professionnels de la santé, a indiqué hier le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. La publication au Journal officiel et la mise en œuvre de ces deux décrets se feront dans les «meilleurs délais», a précise le ministère dans un communiqué. Depuis près d'un mois, la Fédération nationale des personnels de la santé publique (Fnpsp) a entamé des mouvements de protestations pour réclamer une amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs de la santé.