De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
Le mois du patrimoine s'achève. Les richesses ancestrales identitaires s'accrochent dans les musées, sites archéologiques et autres vieilles cités. Comme à l'accoutumée, les gestionnaires du secteur font leur bilan et espèrent ressortir avec une fréquence de visiteurs plus élevée que les précédentes. Mais la réalité est autre. L'engouement de la population reste timide, hormis quelques touristes passagers. Toutefois, il faut souligner que la société commence à prendre conscience de l'intérêt des objets historiques qui renferment des indices forts révélateurs sur la richesse civilisationnelle de Constantine. C'est l'avis des adhérents d'une association active qui reste fidèle aux activités muséales et remplit son rôle en matière d'information, d'orientation et de sensibilisation des citoyens. Cependant, un musée ne peut préserver que ce qu'il a dans ses murs. Riche de par ses objets inestimables, le Musée Cirta a entamé il y a quelques années des opérations d'inventaires et d'inscriptions. Ce sont deux archéologues formés à cet effet qui s'en chargent. «L'inventaire est une étape primordiale avant l'entame des éventuelles actions de restaurations», indique un technicien. Or, la protection du patrimoine implique la vigilance de tous les corps de sécurité. Les brigades spécialisées de la gendarmerie, de la police et des douanes, devant les multiples tentatives de fouilles illicites, de vols et de trafic de pièces archéologiques, ont multiplié leurs interventions sur terrain. Lors du mois du patrimoine la Gendarmerie nationale faisait état de près de 700 affaires liées à ce type de crime. Mais l'action sur le terrain doit être soutenue par une autre en amont : la veille et l'alerte. Une première étape de veille sera opérationnelle au Musée national Cirta qui va bénéficier incessamment d'un équipement de surveillance pour le protéger contre tout type d'incursions criminelles ou catastrophe naturelle. «Un plan générale de masse est en voie de finalisation entre la Sureté et les gestionnaires de l'espace en question», révèle la direction. Les espaces n'ont pas la même teneur en matière de moyen et par ricochet de prise en charge adéquate qui requiert outre des moyens financiers des ressources humaines avérées. A quelques kilomètres de Constantine, à Beni Hmidane où se situe Tiddis, les latences quant à la réhabilitation de ce site perdurent, malgré les multiples annonces sur l'entrée en vigueur des travaux d'aménagement. Grâce à son association, ce site se maintient depuis des années et avec les moyens de bords. «C'est de notre devoir de préserver ces legs. Tiddis renferme autant de vestiges et de traces», soutient le président de ladite association M. Mechati qui ne cesse de frapper à toutes les portes pour alerter sur l'urgence de se pencher sur ce site. Bénéficiant de modiques subventions communales et de wilaya, cette association déplore l'abandon dont souffre Tiddis et qu'elle ne peut prendre en charge. «Tant que la situation n'est pas encore clarifiée, l'association patauge, mais ne se décourage pas pour accomplir sa mission de véritable gardien de temple», nous assurait le président. La première phase d'étude confiée à Urbaco a été achevée, selon des sources concordantes. Il reste à faire adopter le projet par l'Assemblée de wilaya pour pouvoir lancer les travaux d'aménagement. Là encore, un semblant de black-out règne sur le site. Ce qui irrite quelque peu l'association. «C'est inadmissible. Il faut que les responsables nous tiennent au courant de ce qui se passe», s'insurge M. Mechati pointant du doigt les responsables de la culture qui, selon lui, ne communiquent aucun état des lieux sur la situation globale de Tiddis. «Nous tenons à ce patrimoine comme toutes les sociétés civilisées qui veillent à leurs vestiges. Et en tant qu'association nous avons aussi un programme à faire valoir», dira-t-il. N. H.