Par Hasna Yacoub Face aux problèmes et tensions internes qui minent la population et la maladie du président de la République, les partis politiques semblent encore une fois être incapables d'animer la scène politique algérienne. A moins d'une année des élections présidentielles, le statu quo alourdit les activités politiques. D'ailleurs, certains partis peinent même à désigner leur leader. Le tribalisme ronge les rangs et la colère des militants monte au créneau. Mais tous attendent impatiemment la nouvelle Constitution. Le projet de texte fondamental, piloté par une commission chargée de recueillir, entre mai et juin 2011, les propositions et suggestions des partis politiques et des personnalités nationales, devrait donner de précieux indices sur les intentions présidentielles du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour le moment en convalescence en France. Car, il faut le dire, l'intention du chef de l'Etat de se présenter ou pas pour un quatrième mandat, déterminera la position de la majorité de la classe politique qui, face au silence de Abdelaziz Bouteflika, attend impatiemment la publication du projet de texte fondamental. L'autre enjeu de la nouvelle Constitution tourne essentiellement autour de la nature du régime : présidentiel, comme le souhaite le courant nationaliste, parlementaire, comme le réclament les islamistes et une partie de l'opposition ou encore un régime semi-parlementaire où l'exécutif serait bicéphale, avec un Premier ministre retrouvant son statut de chef du gouvernement mais susceptible d'être destitué par le Parlement. La nature du régime va également permettre de positionner les uns et les autres. Seule Louisa Hanoune, la porte-parole du Parti des Travailleurs (PT) a déclaré que «la révision de la constitution n'est pas une priorité pour nous». Elle a même déclaré, lors des consultations, que «l'amendement de la constitution un an avant la présidentielle n'a pas raison d'être», comme elle l'a indiqué dans une allocution à l'ouverture de la 1re session du conseil national rassembleur des cadres du parti. Elle a souligné en outre, que l'amendement de la Constitution avant 2014 «porte une multitude de dangers» au regard, selon elle, de «l'existence avec force du secteur des affaires au sein du Parlement». La question donc est de savoir quelle sera la position du parti des Travailleurs (PT) de Louisa Hanoune pour les élections de 2014 ? La secrétaire générale sera-t-elle à nouveau candidate à la présidentielle ? Il faut rappeler à ce sujet que lors des élections présidentielles de 2009, Mme Hanoune, qui n'a eu que 4,22% des voix, s'est tout de même classée deuxième après le président Bouteflika. Elle avait dénoncé, à l'époque, la fraude massive en qualifiant le scrutin du 9 avril 2009 de «honteux, inadmissible, ce taux est celui des républiques bananières [...]». Elle avait aussi affiché son regret que l'Algérie n'a toujours pas réussi sa rupture avec les pratiques du parti unique : «J'avais déclaré que le 9 avril sera un rendez-vous avec l'histoire pour le peuple, mais il est clair aujourd'hui que ce rendez-vous a été différé.» Pense-t-elle qu'aujourd'hui le temps de la rupture est venu surtout que les partis dits de l'ex-coalition présidentielle semblent très mal en point et n'ont plus de port d'attache ? D'ailleurs les dauphins tout désignés du président, Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem, qui ont tenu le haut de l'affiche pendant des années en faisant de leurs partis les deux premières forces politiques du pays, après avoir occupé tour à tour les postes de chef de gouvernement et de Premier ministre, n'ont finalement pas tenu le choc sous les coups de boutoir de mouvements de redressement qui ont fini par avoir leur peau. Il est vrai qu'actuellement le parti des Travailleurs est l'un des partis les plus stables sur le plan organique, mais à voir ses résultats électoraux, qui sont au demeurant très satisfaisants, ils restent cependant loin de permettre au porte-parole du PT d'occuper le palais d'El Mouradia. Le parti de Louisa Hanoune ne pourra réussir que s'il choisit d'aller vers une coalition. Dans ce cas là, il y aura forcément une guerre de leadership. Mais la question qui s'impose est de savoir avec qui pourrait s'allier le PT ? S'il était attendu que ce parti se rapproche encore plus du FFS, comme ce fut le cas pendant un certain temps, il n'en sera rien. Surtout après les dernières déclarations de Mme Hanoune sur le FFS l'accusant d'être impliqué dans les derniers événements qui ont agité le sud du pays. Implosés et fragilisés, les partis nationalistes ou encore ceux de l'opposition marchent à reculant vers les présidentielles 2014. Il semble que la classe politique en Algérie navigue à vue et en attendant que Abdelaziz Bouteflika se prononce sur son avenir politique la spéculation va bon train. En l'absence de potentiels prétendants, l'élection présidentielle de 2014 semble attendre l'ouverture de la boite de pandore. H. Y.