Les bâtisses anciennes que le temps a sérieusement défraîchies restent encore en attente d'une attention particulière de la part des pouvoirs publics. Patrimoine historique et mémorial de tant de générations qui ont perpétué le souvenir à travers chaque recoin, le vieux bâti s'effrite inexorablement au vu et au su de tous, des autorités surtout qui le laissent disparaître, indifférentes à l'anéantissement de cet héritage au lourd tribu. Qu'il appartienne à l'époque ottomane ou celle coloniale, celui-ci a évidemment été chèrement payé et ce n'est le droit de personne de le laisser s'effondrer. C'est malheureusement le sort réservé à ce patrimoine voué implicitement à la dégradation et à l'écroulement. L'ensemble des villes du pays offrent à certains endroits des images d'apocalypse, des immeubles en ruine et d'autres mutilés, laissant apparaître les emplacements de pans de murs et d'habitations emportés par la chute et côtoyant des terrains désormais vides et suscitant toutes les convoitises. Les séismes et les fortes pluies ont démontré la fragilité de ces constructions anciennes, faisant à chaque fois des dégâts humains. Le désastre n'a pas alerté les pouvoirs publics qui ont le devoir de le freiner à travers le maintien de ce qui reste. On se contente à ce jour de comptabiliser les vieux édifices. Des plans de restauration sont élaborés sans qu'ils soient pour autant mis en œuvre. Des palabres et des négociations en milieu municipal et au sein des wilayas, il ne sort rien qui puisse redonner vie à ces bâtisses et immeubles dont l'arrêt de mort semble avoir été signé depuis longtemps. Des textes qui ressemblent à de la poudre aux yeux, tant la volonté d'arrêter la dégradation et l'écroulement du vieux bâti n'y est pas. Que ce soit Alger, Annaba, Oran, Constantine ou Béjaïa, la situation est au rouge pour ce qui est des vieilles bâtisses dont les fissures sont autant d'appels à l'intention des responsables qui, au lieu de s'alarmer, placent des œillères pour ne pas les voir. En attendant que ceux-ci veuillent bien se rendre compte des dégâts, le vieux bâti disparaît irrémédiablement. R. M.