Les locataires et les propriétaires sont appelés à contribuer financièrement aux travaux de rénovation prévus pour les immeubles vétustes. La problématique du vieux bâti à Oran revient de manière cyclique sur le devant de la scène mais sans pour autant sortir de cette interrogation : comment gérer et prendre en charge les centaines de vieux immeubles de la ville de façon efficace ? Chaque nouvelle APW aborde ce dossier, livrant les chiffres de la ruine du patrimoine immobilier d'Oran qui peu à peu se vide de ses habitants, originaires des quartiers anciens et qui sont déplacés vers l'extérieur “dans des immenses ensembles sans âme”. Et donc, ce sont bien ces chiffres qui interpellent la collectivité locale puisque, aux dernières nouvelles, le vieux bâti à Oran, ce sont 1 990 immeubles dont les 2/3, soit 1 310, on été classés aux 1er et 2e degré pour leur état de vétusté. En 1966, au lendemain de l'Indépendance pratiquement, les immeubles précaires représentaient 14% sur 108 105 logements recensés à l'époque. Une dégradation régulière durant des années qui aboutit à cette situation grave, faute de prise en charge soit par les copropriétaires soit par les offices et autre domaines ayant sous leur responsabilité le patrimoine immobilier de l'Etat. D'ailleurs, la plus grande concentration d'immeubles menaçant ruine se retrouve justement dans les quartiers anciens, les quartiers juifs, les quartiers musulmans comme Derb, Saint-Pierre, Saint-Antoine, plateau Sidi El Houari… Le diagnostic de l'état de ces immeubles a mis en relief les causes de la dégradation avancée touchant souvent jusqu'aux fondations. Ce sont les infiltrations d'eau, l'absence d'entretien des parties communes, les aménagements sans respect des normes dans nombre d'appartements, etc. La situation est telle que parfois la seule solution est d'avoir recours au bulldozer. C'est ce qui s'est souvent passé à Sidi El-Houari, par exemple, où pour chaque immeuble écroulé ou démoli, c'est une partie de l'histoire de ce quartier qui disparaît, une partie du patrimoine qui ne revivra pas. Car, à la place, soit on laisse un terrain encombré de gravats et de détritus, soit on construit des bureaux et des supermarchés. Aujourd'hui, on se demande quelle est cette gestion du patrimoine qui se contente de rares opérations de réhabilitation ou de rénovation très limitées dans le temps et dans le nombre d'immeubles traités ? Si par le passé, l'OPGI a entrepris une opération de rénovation de 33 immeubles avec une facture de plus de 500 millions de dinars, aujourd'hui, faute de suivi et d'entretien, cette opération est jugée par certains un échec. Cela n'empêche pas les autorités locales de se lancer à nouveau dans des opérations de rénovation qui prévoient le traitement de 200 immeubles pour un montant global de 700 millions de dinars. Mais la question qui doit se poser d'ores et déjà est celle de l'après-rénovation. Car si les locataires ou les propriétaires sont sommés naturellement de participer sous la forme d'une contribution financière, qu'adviendra-t-il de la prise en charge une fois les travaux achevés ? Il semblerait bien que l'on s'achemine vers la création d'une société qui sera chargée de gérer le patrimoine immobilier une fois la rénovation achevée pour ce qui est des biens de l'Etat. Des textes réglementaires existent déjà mais n'ont jamais été suivis d'application. Oran est donc appelée à aller dans cette voie et pour les générations futures, il serait surtout bon dans les écoles d'initier les enfants à leur histoire architecturale, développer leur sens du beau, et de grandir en harmonie avec tout ce qui les entoure. F. BOUMEDIÈNE