Face à la dégradation des immeubles de plusieurs villes du pays, les autorités publiques ont décidé de lancer une importante opération de réhabilitation du vieux bâti, avec un objectif initial de 77 000 immeubles à prendre en charge en 2010. Le programme de réhabilitation est coordonné par le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme avec les autorités locales et les services rattachés au secteur. Le ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa, a indiqué récemment à Alger que l'opération concernera dans une première étape quatre wilayas, à savoir Alger, Oran, Annaba et Constantine. Le choix de ces villes est dicté, selon lui, par l'importance du patrimoine immobilier nécessitant une réhabilitation urgente. Le programme du ministère de l'Habitat est assez conséquent, avec «un diagnostic précis et des solutions adéquates, selon la situation du bâti», a tenu à souligner le ministre au sujet de cette opération qui risque de prendre du temps au vu de la complexité de la tâche. L'opération de réhabilitation, qui touchera dans un premier temps 77 000 bâtiments, sera entamée avec intensité durant l'année 2010. A titre d'expérience pilote, les autorités ont réhabilité 200 anciens immeubles de la capitale de l'ouest, Oran. Une initiative qui a permis de constater de visu que les techniques et les matériaux de réhabilitation sont «complexes et coûteux à la fois». Les matériaux nécessaires à la réhabilitation sont rares et parfois introuvables sur le marché local. «Nous sommes contraints de faire appel à l'importation», tient à relever le premier responsable du secteur, ajoutant qu'«il faut des matériaux spécifiques pour ramener le bâti à son ancienne identité». S'agissant de l'enveloppe financière dégagée pour les besoins de ces projets, elle s'élève, pour le cas d'Alger, à 5 milliards de dinars. La ville d'Oran a bénéficié d'une enveloppe de 3 milliards de dinars. Ces actions menées par les pouvoirs publics en matière de prise en charge du vieux bâti sont considérées aujourd'hui comme étant indispensables. Le 21 décembre 2005, l'hôtel du Square d'Alger s'est effondré faisant 8 morts et 22 blessés. Ce cas a donné à réfléchir. Il faut avouer que le vieux bâti en Algérie est en danger et une menace sur la vie des citoyens. Le président du Collège des experts architectes algériens et maghrébins, Abdelhamid Boudaoud, est catégorique. Dans une déclaration à la presse, il avait affirmé que le vieux bâti en Algérie a atteint un état de délabrement quasi irrémédiable. Chiffres à l'appui, il a indiqué que le vieux bâti oscille aujourd'hui entre 2 et 3 millions de logements. Le ministère de l'Habitat, qui a inscrit cette opération de réhabilitation parmi les actions prioritaires de son programme, n'entend pas procéder à une simple opération de replâtrage mais projette de réhabiliter ses bâtiments en conformité avec les normes en la matière appliquées à travers le monde. Démolition des bâtisses irrécupérables Il y a lieu de rappeler que certaines bâtisses sont irrécupérables, ce qui a poussé les autorités à engager des actions de démolition. La direction du logement de la wilaya d'Alger avait déjà fait appel à ce procédé. Plus 300 bâtisses ont été carrément démolies. La plupart sont dans un état de délabrement avancé et aucune opération autre que la démolition ne peut être effectuée. Parallèlement à l'opération de réhabilitation du vieux bâti, l'Etat s'emploie à lancer des programmes de modernisation des villes, en exploitant le gisement du foncier existant, notamment au centre urbain. Des promoteurs privés seront sollicités pour un aménagement et des projets immobiliers d'envergure.