L'UE reconduit, après douze heures de réunion de ses ministres des Affaires étrangères à Bruxelles, lundi soir, ses sanctions contre le régime syrien et lève l'embargo sur les armes pour une opposition incapable de désigner un représentant à la conférence sur la paix, prévue le 10 juin prochain à Genève. Toutefois, dans l'attente de cette conférence, aucun pays ne livrera d'armes dans l'immédiat. « On aurait voulu que cette décision soit prise plus tôt », déclare Kassem Saadeddine, porte-parole du commandement militaire de l'Armée syrienne libre. A l'instar de plusieurs responsables de l'opposition, il estime « insuffisante » cette mesure qui envoie, dixit William Hague, le chef de la diplomatie britannique, « un message très fort de l'Europe au régime de Bachar el-Assad ». La Russie regrette cette décision qui jette de l'huile sur le feu et tord le cou à toutes les déclarations du Vieux continent. Notamment celles de juin 2012, portant sur un règlement basé sur la déclaration de Genève. « Elle porte un préjudice direct à la possibilité d'organiser une conférence internationale », déclare Sergueï Riabkov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères. Si Damas a donné son « accord de principe » pour Genève 2, et a même désigné ses représentants, l'opposition peine à s'entendre, malgré un conclave de six jours et autant de nuits à Istanbul. Plongée dans ses divisions et plombée par les rivalités entre ses parrains, elle ne s'est pas encore prononcée sur sa présence ou non. Selon Heysem el-Malih et Louay el-Safi, deux dirigeants de l'opposition, « la Coalition ne participera pas à la conférence de Genève 2 ». Ils avancent la présence des représentants de Bachar el-Assad, qui ne doit jouer aucun rôle dans la Syrie de demain, insistent-ils, pour expliquer leur « forfait ». La conférence aura-t-elle lieu ? « Son organisation ne sera pas une mince affaire », dira le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, souhaitant que l'Iran soit convié à Genève, ce que les Occidentaux refusent. De nombreux points posent problème. Comme la liste des participants, les prérogatives du gouvernement de transition, le rôle du président Bachar al Assad. Israël menace...la Russie La Russie, qui aurait livré, selon le quotidien New York Times, à la Syrie des missiles antinavires dotés d'un système de pointage sophistiqué, annonce une livraison de missiles S-300. « Des mesures de cette sorte dissuadent en grande partie certains esprits échauffés d'envisager des scénarios dans lesquels le conflit prendrait un tour international avec la participation de forces étrangères », indique Sergueï Riabkov. Israël « saura quoi faire » si la Russie livre des systèmes de défense anti-aériens, prévient Moshé Yaalon, le ministre israélien de la Défense. « J'espère que ces livraisons n'auront pas lieu », ajoute-t-il. « Il est maintenant dans l'intérêt d'Israël d'accélérer la chute d'Assad, qui est soumis au chantage du Hezbollah et de l'Iran qui lui demandent de continuer à transférer des armes en échange de leur soutien à son régime », déclarait, le 6 mai dernier, le général Giora Eiland, ex-chef de l'Agence de sécurité nationale israélienne. Selon certains analystes, Israël pourrait lancer des raids comme il l'a déjà fait au début du mois près de Damas. Surtout qu'il est quasiment accusé d'avoir utilisé des armes chimiques. Une question se pose : que fera le président Poutine ? Ce dernier avait mis en garde, le 14 mai dernier, Netanyahu contre tout acte qui déstabiliserait davantage la situation en Syrie ?