Le gouvernement japonais a approuvé hier un projet de budget initial de 92 612 milliards de yens (760 milliards d'euros) pour l'année 2013-2014, destiné à encourager le redressement économique du Japon et à renforcer sa place dans le monde. En dépit d'une enveloppe initiale globale en léger recul sur un an, les crédits alloués à la défense augmenteront de 0,8%, pour la première fois en onze ans, avec un surcroît de 40 milliards de yens (360 millions d'euros), somme modeste mais geste symbolique de la part du gouvernement de droite dirigé par le "faucon" Shinzo Abe. Les dépenses de l'Etat sont prévues à 70 370 milliards de yens (577 milliards d'euros), auxquelles s'ajoutera la charge de la dette (22 242 milliards de yens). Quelque 42 851 milliards de yens proviendront de l'émission de nouvelles obligations d'Etat, montant qui, pour la première fois en quatre ans, devrait redevenir inférieur à celui issu des recettes fiscales (43 960 milliards). Le reliquat sera financé par des revenus divers. Ces sommes doivent être votées par les députés et sénateurs lors de la session parlementaire qui vient de débuter. M. Abe, a fait du rétablissement de l'économie japonaise la priorité de son nouveau mandat, entamé le 26 décembre, après trois années sous la conduite du Parti Démocrate du Japon (centre-gauche), sur fond de conjoncture extérieure très mauvaise, notamment en Europe, et d'anémie intérieure accentuée par le séisme et le tsunami sans précédent du 11 mars 2011. Quelque 5 285 milliards de yens seront consacrés en 2013-2014 aux travaux publics, s'ajoutant à une somme voisine déjà intégrée dans un plan de relance mis sur les rails au début du mois. M. Abe a redit lundi dans son discours de politique générale l'importance de redonner du tonus à l'activité et de débarrasser le pays de la déflation qui fait tourner à l'envers la machine économique en bridant l'investissement, la progression des salaires et la consommation. Des mesures budgétaires et réglementaires nouvelles sont prévues pour aider les entreprises à regagner en compétitivité et inventivité, ainsi que pour inciter les particuliers à dépenser. Le tout doit être appuyé par les nouvelles dispositions monétaires décidées récemment par la banque centrale du Japon (BoJ). La décision d'élever pour l'exercice à venir le budget de la défense à un total de 4 754 milliards de yens (39 milliards d'euros) exprime quant à elle la volonté de M. Abe, d'afficher une détermination forte tant vis-à-vis des pays voisins que de l'opinion publique japonaise inquiète des tensions dans la région. Les effectifs militaires seront renforcés de 287 têtes, s'ajoutant aux quelque 228 000 en poste, leur augmentation la plus importante depuis 20 ans, selon le quotidien Yomiuri. Le Japon traverse actuellement une grave crise diplomatique avec la Chine au sujet des îles Senkaku de mer de Chine orientale revendiquées par Pékin sous l'appellation Diaoyu. Le gouvernement japonais est en train d'étudier différentes options pour améliorer la surveillance et la protection de ses eaux territoriales dans lesquelles des bateaux chinois font de régulières incursions. Par ailleurs, le Japon craint les mouvements de la Corée du Nord qui, après des tirs de fusées considérés comme des tests de missiles par Tokyo, prévoit de réaliser un troisième test nucléaire.