L'OCDE a jugé hier prioritaire pour le Japon de mettre fin à 15 ans de déflation comme s'y emploie le nouveau gouvernement conservateur, mais a prévenu qu'il était aussi crucial d'arrêter la progression de la dette. A cette aune, "le nouvel engagement de la Banque du Japon d'atteindre un objectif d'inflation de 2% et ses mesures d'assouplissement monétaire quantitatif et qualitatif sont bienvenus", a souligné l'organisme dans un rapport. Il a ajouté toutefois que la situation du Japon exigeait aussi des réformes pour doper la croissance, un contrôle des dépenses et probablement des hausses de taxes pour cesser d'alourdir le fardeau de la dette. Après deux chocs graves (la crise financière mondiale de 2008 et le séisme du nord-est en 2011) le Japon vient de connaître une troisième phase de récession en cinq ans, a rappelé l'OCDE pour qui cette situation est intenable. "En finir avec la déflation et stimuler le potentiel de croissance sont essentiels pour aborder la situation budgétaire", insiste l'organisation qui juge "très encourageant " le fait que le nouveau gouvernement soit résolu à relancer l'économie grâce à une "stratégie à trois volets combinant une politique monétaire audacieuse, une politique budgétaire souple et une stratégie de croissance". L'OCDE prévoit une croissance de 1,4% en 2013 et 2014 pour la troisième puissance économique mondiale, une déflation de 0,1% en 2013 suivie d'une inflation de 1,8% en 2014. "Un assouplissement monétaire fort va stimuler la croissance et l'inflation, en partie grâce à l'affaiblissement du yen, bien que le Japon ne vise pas à agir sur le taux de change", précise l'OCDE. L'organisme donne ainsi son blanc-seing à la banque centrale nippone qui a entrepris récemment une refonte totale de sa politique monétaire sous l'égide de son nouveau gouverneur, Haruhiko Kuroda, choisi par le Premier ministre Shinzo Abe. Toutefois, la politique monétaire et budgétaire ne résoudra pas l'autre grande difficulté sur laquelle butte le Japon: un ratio de dette publique qui n'a cessé d'augmenter durant deux décennies, pour dépasser 200% du produit intérieur brut (PIB). "Arrêter et inverser la progression du ratio de la dette sur le PIB est crucial. Une consolidation forte et prolongée est donc nécessaire pour rétablir une configuration budgétaire durable", insiste l'OCDE qui prévient que le défi à relever n'est pas mince.