Le déclenchement automatique des défaillances en chaîne des places et des marchés boursiers au niveau mondial permet de dire que la quasi-totalité des pays vivront des moments, voire des périodes plus difficiles encore. Aucune place, banque, ni marché n'est épargné par une crise financière inédite. Au niveau maghrébin, en dépit des assurances des responsables des pays de l'UMA, la peur, voire la psychose, commence à se faire sentir au niveau de la population. Celle-ci connaît, il faut le dire, à peine les dessous de cette crise, en s'accrochant, dans la majorité des cas, aux déclarations des experts et des responsables politiques, souvent controversées, et par presseinterposée. Qu'en est-il des chefs d'entreprise et des opérateurs économiques, activant dans la région du Maghreb ? Cette crise aura-t-elle des conséquences, même indirectes, sur les entreprises et les sociétés maghrébines ? Peut-on parler d'ores et déjà des dommages collatéraux sur les opérateurs économiques de cette région ? Au niveau macroéconomique, le Maghreb connaîtra-t-il une récession, à l'instar des autres régions ? Des questions qui reviennent ces derniers temps avec insistance. Mais les réponses, sont, quant à elles, loin d'être divergentes sur ce sujet. D'un ton péremptoire, le représentant de Netmar, un groupe marocain spécialisé dans la commercialisation des produits de la mer congelés, rencontré ce week-end à la 1re foire maghrébine, a eu cette réflexion : «Au niveau des banques, nous n'avons pas été touchés par la crise internationale pour deux raisons. Premièrement : nous n'avons pas de subprimes dans nos banques, soit la crise immobilière ne nous a pas affectés et nos banques ne portent pas ce genre d'actifs qui a causé la perte des grandes banques internationales. Deuxièmement, les banques marocaines ont seulement depuis une année autorisé les entreprises à investir à l'étranger 5% de leurs fonds propres.» Si, au niveau des banques, «le danger» est, actuellement, à écarter, la même source a fait savoir qu'à partir de 2010, le royaume chérifien pourrait être touché de plein fouet au niveau des débouchés. «A partir de 2010, les premiers signes de crise vont commencer à se faire sentir spécialement dans le secteur de l'emploi, car il y aura un manque à gagner au niveau des entreprises, ce qui poussera les chefs d'entreprise à diminuer les postes d'emploi», ajoute-t-il plus loin. Dans les entreprises algériennes, les avis sont partagés. Faut-il craindre la contagion ou «l'effet papillon» au sein de ces entreprises, notamment celles qui sont en liaison directe avec les produits de base importés, ou celles qui exportent ? C'est la question qui a été posée au représentant du Gipec (Groupe industriel du papier et de la cellulose). La réponse fut la suivante : «A vrai dire, les retombées se sont manifestées depuis un mois. Mais, dans la plupart des cas, elles sont positives», a déclaré d'emblée M. Azzedine Hannache, responsable des exportations de ce groupe étatique. Pour lui, ces baisses sont dues à la récession économique surtout et à la baisse des activités sur le plan mondial. «Depuis un certain temps, on a constaté une baisse significative des quantités de matières premières importées, notamment d'Espagne, d'Italie et des Pays-Bas. La deuxième conséquence est la baisse des prix du fret. Une chose qui a largement contribué à l'élargissement de la marge bénéficiaire de notre entreprise», explique-t-il. Cependant, ce responsable n'exclut pas au passage le revers de la médaille. «C'est vrai qu'on gagne en termes de marge bénéficiaire, mais n'oublions pas la baisse du volume des exportations», reconnaît-il plus loin. En chiffres, ce groupe a connu une baisse significative, soit 80% des exportations en moins. Face à ce constat des plus alarmants, M. Hannache nous a indiqué qu'un «plan sauvetage» a été établi par les responsables du Gipec, en ce sens qu'un redéploiement au niveau de la politique de commercialisation a été opéré. «En cette période de crise, on essaye de commercialiser la majorité de nos produits via nos 7 filiales», soutient-il. Du côté tunisien, un responsable d'une entreprise spécialisée dans l'exportation des bois et dérivés préfère parler de primes de son économie. «L'économie tunisienne est actuellement liée à l'Union européenne qui connaît actuellement une période de ralentissement économique suite à la crise. Pour l'instant, on n'a pas encore subi de véritables répercussions, mais je suis certain que le feu ne nous épargnera pas si les politiques de nos pays restent les bras croisés», ajoute-t-il. S. B.