L'appel à manifester pour le symbole du salafisme libanais, le cheikh Ahmed Al Assir n'a finalement pas drainé grand monde. A peine quelques centaines ont soutenu le fuyard, auteur des accrochages avec l'armée libanaise il y a quinze jours à Abra près de Saïda. Quelques centaines de personnes, en majorité des islamistes, ont manifesté donc hier, à Beyrouth, Tripoli et Saïda en faveur de Ahmed al Assir recherché par les autorités depuis sa fuite. Pour la première fois depuis la prise par l'armée, le 24 juin, du fief du cheikh salafiste Al Assir, à Abra dans la banlieue est de Saïda, capitale du Liban-sud, la prière a eu lieu dans la mosquée Bilal ben Rabah, qu'il dirigeait avant sa fuite. Après la prière, environ 300 personnes, en majorité des jeunes et des femmes voilées, sont sorties dans la rue aux cris de «Que Dieu protège cheikh Assir», en brandissant ses photos et une pancarte «nous n'accepterons jamais l'occupation iranienne de Saïda». Après avoir parcouru quelques centaines de mètres, les manifestants ont frappé et molesté des journalistes et des vidéastes avant que l'armée ne s'interpose et demande aux journalistes de partir «pour leur propre sécurité». A Tripoli, dans le nord du pays, une centaine d'islamistes ont organisé un sit-in, brandissant des drapeaux islamistes et appelant à la libération des détenus aux mains de l'armée. Une manifestation a également eu lieu dans le fief sunnite de Tariq Jdidé à Beyrouth. Depuis le début de la guerre en Syrie et spécialement après la bataille de Qousseir à laquelle avaient pris part les combattants du Hezbollah, on tente, désespérément de semer la zizanie entre sunnites et chiites au Liban. Ce dernier où les deux communautés vivaient en parfaite harmonie, se trouve aujourd'hui confronté à la ressuscitation d'un conflit vieux de 13 siècles. Les sunnites particulièrement les forces du 14 mars financés par l'Arabie saoudite et l'Occident, soutiennent la rébellion contre Bachar Al Assad. Jeudi, dans un enregistrement audio, cheikh Assir avait appelé ses partisans à manifester vendredi après la prière. Il avait accusé l'armée libanaise de coopérer avec le Hezbollah, durant l'assaut contre son fief. Pour rappel, 18 soldats avaient été tués ainsi qu'au moins 11 partisans d'Assir, lors de cette bataille. Cheikh Assir est un religieux qui s'est fait connaître par ses diatribes violentes contre le Hezbollah qui participe aux combats en Syrie aux côtés du régime, contre les rebelles.