Retirer un extrait de naissance n°12, un registre de commerce ou déposer un dossier d'investissement relève d'un véritable parcours du combattant, auquel fait face l'Algérien chaque jour que dieu fait. En Algérie, pour obtenir le fameux sésame, le citoyen lambda doit se lever à l'aurore, obtenir un ticket et attendre que le préposé au guichet arrive et… encore, il n'est pas au bout de ses peines, car il risque de ne pas être servi à temps. Que n'a-t-on pas perdu, l'un de nous un poste administratif, l'autre un stage et un troisième son projet d'avenir, faute d'avoir pu fournir un document à temps ? Une situation vécue dans une des wilayas du Centre est symptomatique de la déliquescence causée par la bureaucratie à l'administration. Un citoyen venu d'une autre wilaya, en quête de documents administratifs dut faire intervenir le P/APC, qui l'accueille avec bienveillance, et l'introduisit à son tour au secrétaire général, pour lui remettre un «12 S» (acte de naissance exigé pour la confection de pièces d'identité biométriques), mais ce dernier a eu tout le mal du monde à le convaincre d'exécuter cette demande, auprès du chef de service de l'état civil, alors en grève. C'est la véritable galère. Un mal du siècle, jadis. La bureaucratie se limite aujourd'hui, aux sociétés en mal de développement où elle fait figure aujourd'hui d'hydre à sept têtes. Son incrustation dans l'administration est telle, qu'elle annihile toutes les tentatives d'en venir à bout, en réduisant les déclarations de lutte contre ce phonème lancées par les pouvoirs publics à des simples professions de foi. Combien de fois n'a-t-on pas entendu parler les responsables de leur désir de lutter contre la bureaucratie ? Des campagnes, les algériens en ont vu au cours de leur existence. A chaque fois, on invente un concept, du guichet unique, au guichet transparent, jusqu'à l'embellissement des services publics, avec l'introduction de tickets d'attentes. Mais, périodiques qu'elles sont, ces campagnes ont toutes échouées. Et au lieu de reculer, le mal ne fait que se revigorer au grand dam des usagers des services publics. Cela étant dit, ce qui précède ne doit en aucun, réduire le mérite de avancées qu'ont connues certaines APC et daïras, qui, équipées d'outils informatique, ont sensiblement réduit les temps d'attente pour la délivrance des pièces d'état civil. Mais, encore une fois, est-ce un problème d'équipements ? Dans leur analyse du phénomène, certains spécialistes en attribueront ces travers à des causes systémiques, notamment à la lourdeur de l'administration héritée du colonialisme. Comparée au modèle anglo-saxon, l'administration française est beaucoup plus lourde et foncièrement tatillonne. D'où les lourdeurs bureaucratiques, qu'impose le dispositif légal régissant ces services publics. Mais pour d'autres, le ver est dans le fruit. Une question de mentalités. Maintenant qu'il est clair que la bureaucratie est responsable de la corruption, et que la lutte contre l'une ne va pas sans l'autre, il s'agit pour autant, de réfléchir à des moyens qui siéent à cette lutte. Il s'agit d'une conjonction d'éléments à même de contribuer à réduire cette rigidité caractéristique de l'administration. A commencer par la formation et le recyclage, non seulement de l'encadrement, mais aussi et surtout des agents chargés de l'accueil, qui par leur faible niveau, et méconnaissance des lois, compliquent souvent la vie des usagers des administrations publiques. Les plantons. Même le ministre de l'Intérieur s'en est plaint. Il n'y a qu'à rappeler la déclaration d'Ould kablia lors d'une sortie publique, en 2011 déjà, lorsqu'il s'est écrié de la sorte : «J'en ai marre de la République des plantons.» Cependant, à supposer que les plantons ont failli à leurs missions, n'ont-ils pas de hiérarchie pour les sanctionner ? que font leurs responsables ? Enfermés dans leur tour d'ivoire, ces derniers n'en ont cure. Il y a quelques années, ordre a été donné aux responsables locaux de recevoir nombre de citoyens en vue d'étudier leur doléances ; mais, l'initiative ne fera pas long feu. De plus, les agents en question prétextent, à tort ou à raison, souvent des consignes données par leurs responsables. Des chancelleries ont, à leur tour, posé le doigt sur le mal, en soulevant le problème de la bureaucratie, qui se dresse devant leurs intentions d'investissement. Ce que confortera, chérif Rahmani, à l'occasion de la dernière réunion des walis. Impunité et, absence de sanctions positives ou négatives, continuent de rythmer les jours de l'administration. Au regard surtout des mauvaises performances, des projets ratés et des sommes d'argent des contribuables engloutis. De tous ces ratés, qui en est responsables ? Personne au vu de l'administration. A. R.