«L'implication du mouvement associatif dans la réalisation des diverses grilles culturelles est fort indispensable», affirmera le directeur de la culture de la wilaya de Constantine, M. Foughali. Dès lors que l'Etat consacre les budgets nécessaires au fonctionnement des espaces destinés aux arts et à la culture, il est indispensable «d'inculquer aux associations le sens de la contribution permanente», ajoutera-t-il. Mais, il faut aussi que ces acteurs fassent preuve d'imagination, de créativité et d'originalité pour sortir des sentiers battus et pouvoir apporter du nouveau sur la scène culturelle, qui aura des chances d'accrocher le public, indiquera le responsable qui confirmera la disponibilité des fonds pour la culture. «On dispose d'un budget suffisant pour faire fonctionner les organismes culturels à Constantine», soutiendra-t-il. Cette assertion du responsable local de la culture sur la bonne santé financière des espaces didactiques officiels affiliés au ministère de la Culture ne fait qu'épaissir le trouble et compliquer la problématique de la pauvreté culturelle dont souffre la ville. Car, si les moyens sont disponibles et qu'ils profitent à certaines institutions vouées à cette discipline - et c'est l'avis des gestionnaires de ces lieux qui se targuent d'avoir enrichi les animations grâce à ces abondantes mannes financières envoyées par la tutelle- pourquoi Constantine n'arrive-t-elle pas à se doter d'une vie culturelle qui est censée faire partie de son identité et de ses caractéristiques. Jusque-là, l'acquis se limite à ces budgets qui viennent faciliter les diverses programmations organisées à longueur de l'année. «Chaque segment est régi par son chapitre et sa balance spécifique», nous confie le directeur de la culture de wilaya, M. Foughali. Pour conforter son propos, le responsable évoquera la multiplication des subventions depuis presque dix ans. «A titre d'exemple, au lieu des 100 000 dinars qui étaient octroyés il y a quelques années pour le fonctionnement des divers ateliers, actuellement, on perçoit 2 000 000 de dinars», argue-t-il. Mais quel que soit le montant des budgets alloués par le Trésor public, il est clair que l'animation artistique et la culture sont entre les mains de l'administration et ne vivent qu'à travers le bon vouloir des instances et institutions officielles. La tutelle chapeaute via ses «donations» toutes les initiatives, qu'elles soient bonnes, moins bonnes ou carrément indigestes. La diversification des acteurs et des expressions demeure à l'état embryonnaire. Toutefois, notre interlocuteur relativise et estime que tous les programmes impliquent différents acteurs locaux grâce au conseil d'orientation omniprésent au musée, au théâtre et au niveau des maisons de la culture de la wilaya. «On élabore les besoins culturels et artistiques en étroite collaboration avec les associations et les porteurs de projets inédits concernant certaines grilles», ajoutera le directeur de la culture. A la décharge de l'administration, on ne peut demander aux responsables d'aller frapper aux portes des associations pour les inviter à s'impliquer et les prendre par la main pour leur montrer comment être créatif et original. Il appartient à tous les acteurs présents sur la scène culturelle de travailler en concert, sans essayer de tirer la couverture à soi, pour honorer la culture et la faire revivre dans la ville de Constantine et dans toute la région du Constantinois. Les moyens mis à leur disposition doivent être utilisés, mais à bon escient. Ce à quoi s'attelle la direction de la culture. A ce propos, M. Foughali dira : «Le responsable devra doubler d'effort et proposer d'autres idées afin de couvrir l'ensemble des disciplines. Le recours au mouvement associatif et autres artistes indépendants est indispensable pour réussir ce challenge. Toutefois, la présence des multiples forces culturelles de propositions doit être active à longueur d'année, car la culture n'est pas restreinte à une saison, encore moins à une animation éphémère. L'ancrage du mouvement associatif dans la confection des plannings est indispensable.» «De plus, on demeure récepteur des idées neuves pour éviter les doublons. On est en plein dans la compétitivité et il n'y a pas de place pour le déjà-vu, déjà-entendu», ajoutera le directeur de la culture de la wilaya. Est-ce la fin du bourrage et du copier-coller dans la confection des programmes ? Théoriquement, oui. L'alibi et le prétexte pour justifier l'inaction du manque de soutien financier et de moyens sont balayés par le directeur de la culture qui, au contraire, ne demande qu'à recevoir des projets innovants. «Chiche», devraient réponde les associations, si elles sont réellement volontaires et actives. S'agissant des ressources humaines actives dans ces centres d'animation, diffusions et programmation, leur nombre a pratiquement doublé depuis quelque temps. Le centre culturel Mohamed Laïd-El Khalifa, qui abrite la direction de wilaya de la culture, emploi 41 fonctionnaires tous corps confondus avec en plus 58 recrues dans le cadre de divers dispositifs de l'emploi de jeunes, tandis que le Palais de la culture compte 64 employés. Malgré ces indicateurs pour le moins positifs concernant l'aspect inhérent au fonctionnement des espaces culturels, il reste cependant une question fort importante à examiner, celle de l'impact généré par toutes les manifestations artistiques organisées à travers l'ensemble des communes et daïras. «Je pense que la variété crée une ambiance diverse. Certes, les salles ne sont pas archicombles. Mais chaque citoyen trouve son bonheur dans cette diversités d'activité qui y sont organisées», soutient notre source. Avec ses festivals institutionnalisés (malouf, inchad, jazz, théâtre,…), Constantine a mis en place le cadre artistique qui lui donne la dimension culturelle qu'elle avait perdue. Mais ce cadre doit être rempli, et bien, rempli. Or, pour l'heure, les manifestations locales peinent à s'imposer, voire à constituer une audience appréciable et régulière, faute d'originalité. Le renouveau est à chercher dans le mouvement associatif et les artistes, avec la coordination de la direction de la culture. Sans cela, cette manne continuera à financer des activités incolores, inodores et insipides, qui n'étancheront jamais la soif culturelle… un vrai gâchis. N. H.