Les travailleurs d'Algérie Poste ont repris leur grève mercredi. Au moins 25 wilayas adhèrent au mouvement. Les grévistes dénoncent le non respect par la tutelle de ses engagements qui portent essentiellement sur des augmentations conséquentes des salaires. «Le ministre lui-même est venu nous voir ici. Il s'est engagé à ce que la régularisation ait lieu dans un délai maximum de trois mois. Le DG aussi nous a assurés que les augmentations de salaires seront effectives au plus tard le 20 mai dernier. De son côté, le SG de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd, a reconnu la légitimité de nos revendications et les a soutenues», rapporte un gréviste parmi d'autres regroupés hier à la place de la Grande-Poste d'Alger. Leur lieu de rencontre habituel à chaque fois qu'il y a mouvement de colère des travailleurs, toujours pour les mêmes revendications, à savoir augmentations de salaires, révision du statut particulier de façon à favoriser notamment les promotions, amélioration des conditions de travail et autres. «Nous ne sommes pas des voleurs. Nous ne faisons rien d'autres que réclamer nos droits légitimes», insiste le même gréviste à l'adresse d'une femme représentant l'inspection principale de la direction de l'entreprise. La femme insiste auprès des concernés pour qu'ils arrêtent leur mouvement de grève. Elle se dit inquiète après ce qui s'est passé mercredi, le premier jour de la protestation. «Je suis tout à fait d'accord avec vous. Je connais la situation et je comprends vos doléances mais pourquoi en arriver jusqu'à la justice?», dit-elle, en parlant à haute voix et en gesticulant. La dame fait référence à l'action en justice engagée contre des grévistes de la RC (Recette principale) accusés d'être les meneurs, encore une fois, de cette grève. «Ils ont déposé plainte contre nos collègues de la RC. Ils les accusent d'être les instigateurs de la grève. Ils s'attaquent à eux pour nous intimider et nous empêcher de poursuivre notre débrayage. Ils se trompent lourdement. Nous connaissons bien ces procédés et nous ne nous laisserons pas faire. Les employés d'Algérie Poste sont conscients des enjeux et, plus que cela, ils sont déterminés à aller au bout de leur action», déclarent deux autres grévistes. Et ces derniers de faire remarquer que «ce sont les directeurs qui occupent, durant ces jours de grève, la place des fonctionnaires aux guichets pour assurer le service. Comme d'habitude, ils œuvrent à casser notre grève. Ces procédés aussi, nous les connaissons bien». Voilà qui fait rappeler les longues files d'attente devant les guichets de la RC d'Algérie Poste, durant plusieurs jours, les mois de janvier et févier derniers. Les grévistes sont bien décidés à poursuivre leur action et, comme toujours, ce sera aux simples citoyens d'en pâtir comme si ce n'était pas le cas déjà. Tarek Amar Khodja est coordinateur du Syndicat national autonome des postiers (Snap), créé récemment. Il n'est pas agréé par les autorités habilités mais il est admis par la majorité des travailleurs, contrairement au syndicat affilié à l'Ugta, ce dernier ayant perdu sa crédibilité aux yeux des concernés. «Nous avons déposé le dossier de demande d'agrément auprès des services du ministère du Travail le mois de juillet 2012. Depuis, nous attendons mais rien ne vient encore.» Le syndicaliste affirme que le ras-le-bol des postiers est réel, que c'est le résultat d'une mauvaise gestion des dirigeants de l'entreprise mais aussi des syndicalistes de l'Ugta qui interfèrent en tout. Raisons pour lesquelles la décision de durcir la contestation est irréversible: «Nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout. Ce n'est pas seulement à cause des salaires et des mauvaises conditions de travail mais c'est aussi parce que c'est devenu une histoire de principe. Nous faisons cette grève pour notre dignité.» Par la même occasion, le représentant du Snap soutient : «Nous faisons cette grève pour sauver l'entreprise d'Algérie Poste qui est en train de se dégrader par la faute de ses dirigeants et des syndicalistes parasitaires de l'Ugta. Ils sont en train de dilapider nos biens pour la déclarer en faillite par la suite.» Soutenant ses dires, un autre gréviste poursuivra: «Dans 6 ans, la poste risque de fermer ses portes. C'est ce qu'ils veulent. Ils veulent nous mettre tous au chômage.» La grève des postiers se poursuivra jusqu'à une date que l'on ne peut prévoir à présent. Elle risque de durer aussi longtemps que celle du mois de janvier dernier et, avant elle, celle de l'année 2011. Les retraités en seront les premières victimes. Dans deux jours, ils se rendront dans les bureaux de Poste pour retirer leurs petites pensions de retraite. K. M.