Les préparatifs d'une frappe militaire contre la Syrie inquiètent les pays qui souhaitent une solution politique négociée. Echaudés par ce qui s'est passé en Libye, Russes, Chinois et Iraniens préviennent contre des conséquences catastrophiques dans la région Mena et appellent les anti-Bachar Al-Assad à la prudence. Hier, la Russie a prévenu qu'une intervention militaire en Syrie aurait des conséquences catastrophiques pour les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Un vice-ministre russe accuse l'Occident d'agir comme un singe avec une grenade. Les tentatives visant à contourner le Conseil de sécurité (de l'ONU), de créer une fois de plus des prétextes artificiels et infondés pour une intervention militaire dans la région vont provoquer de nouvelles souffrances en Syrie et auront des conséquences catastrophiques pour les autres pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, a indiqué le porte-parole du ministère, Alexandre Loukachevitch, dans un communiqué. Nous appelons nos collègues américains et tous les membres de la communauté internationale à la prudence, à un strict respect du droit international, avant tout fondé sur les principes fondamentaux de la charte de l'ONU, a-t-il poursuivi. Le vice-Premier ministre russe, Dmitri Rogozine, est allé hier jusqu'à accuser, sur son compte Twitter, l'Occident d'agir comme un singe avec une grenade dans le monde musulman. La Russie n'a eu en effet de cesse de déplorer les conséquences de précédentes interventions occidentales dans la région, citant notamment la Libye ou l'Irak. Le ministère russe des Affaires étrangères maintient que la tâche la plus urgente est de convoquer une conférence internationale sur la Syrie. De plus, selon une source militaro-diplomatique russe citée par l'agence Interfax, une éventuelle intervention occidentale en Syrie ne serait pas couronnée d'une victoire facile car la Syrie dispose de systèmes de défense antiaérienne pour repousser des attaques. Cette source a notamment évoqué des systèmes de missile multifonctionnels sol-air Buk-M2E. Parallèlement, un avion russe a atterri hier dans la ville syrienne de Lattaquié pour délivrer une aide humanitaire mais aussi évacuer environ 180 ressortissants de Russie et des pays de la CEI (ex-Urss moins les pays Baltes et la Géorgie), qui ont souhaité quitter la Syrie, a indiqué le ministère des Situations d'urgence. Pour sa part, Pékin a recommandé d'«éviter toute ingérence» en Syrie, ajoutant que seule une «solution politique» était envisageable pour résoudre la crise. La Chine a préconisé lundi la «prudence, afin d'éviter toute ingérence» après l'attaque chimique présumée près de Damas. «Seule une solution politique peut résoudre la crise syrienne», a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, dans un communiqué officiel. «Toutes les parties doivent manier le sujet des armes chimiques avec prudence, afin d'éviter une ingérence dans les tentatives de résoudre par un règlement politique le problème syrien», a ajouté le ministre. «La priorité numéro un du moment est de tenir la seconde conférence de Genève» sur la Syrie, selon lui. En Iran, c'est un haut commandant des forces armées iraniennes, dont le pays est le principal allié régional de la Syrie, qui a prévenu dimanche de «dures conséquences» si Washington franchissait «la ligne rouge» en Syrie, selon l'agence Fars. «Si les Etats-Unis franchissent cette ligne rouge il y aura de dures conséquences pour la Maison-Blanche», a déclaré le commandant Massoud Jazayeri, adjoint du chef de l'état-major des forces armées iraniennes, réagissant à une éventuelle opération militaire américaine en Syrie. «La guerre terroriste actuelle en Syrie a été planifiée par les Etats-Unis et les pays réactionnaires de la région contre le front de la résistance. Malgré cela, le gouvernement et le peuple syrien ont obtenu de grands succès», a ajouté Jazayeri. «Ceux qui ajoutent de l'huile sur le feu n'échapperont pas à la vengeance des peuples.» Les positions de ces trois pays, dont deux membres permanents du Conseil de sécurité, compliqueront d'avantage l'option guerrière. L'Iran, acteur incontournable dans la région, pourrait agir de sorte à ce que toute la région s'embrase y compris dans des pays qui ont adopté une position de neutralité par rapport au conflit syrien. A. E./Agences