La fin du mois de septembre 2013 verra la tenue de la tripartite (gouvernement, syndicats, patronat). Une rencontre qui sera dédiée, cette fois-ci, exclusivement aux questions économiques. La relance de l'investissement productif et de l'appareil industriel, le cheval de bataille de M. Sellal, se taillera ainsi la part du lion dans les débats. Le Premier ministre, le SG de l'Ugta et le patronat, en présence pour la première fois des syndicats autonomes et des institutions financières, auront donc à examiner les moyens propres à faciliter et améliorer les procédures d'investissement. M. Sellal, depuis sa nomination à la tête du gouvernement, le 3 septembre 2012, a toujours affiché, faut-il le souligner, sa volonté d'aider à relancer les entreprises publiques encore viables et à en créer d'autres. Cela tout en encourageant le privé à investir dans des projets de production. «Le gouvernement ne ménagera aucun effort pour inciter le capital privé national à s'engager davantage dans l'investissement productif (...). Il veillera à la concrétisation de l'objectif de création de nouvelles PME…», dira, à ce titre M. Sellal, lors de la présentation de son plan d'action à l'APN. Pour réaliser ces engagements, le gouvernement veillera, notamment, à «approfondir la concertation et le dialogue avec les associations patronales et professionnelles et à prendre en charge les propositions visant à améliorer le climat de l'investissement». Selon le Premier ministre, la seule solution pour booster l'investissement dans le pays reste la création d'unités productives, «pour que l'Algérie récupère sa base industrielle». «C'est le but que nous poursuivons et que nous atteindrons bientôt», affirme-t-il. Les organisations patronales qui se sont réunies dernièrement pour finaliser et entériner les propositions formulées par le groupe de travail, sous la forme d'un document consensuel, vont ainsi saisir l'occasion de la tripartite pour dire leur mot sur la relance de l'investissement productif. Elles vont donc faire part de leurs propositions visant à remettre la machine économique sur les rails et partant réduire les importations qui ne cessent de progresser jusqu'à atteindre 47,49 milliards de dollars en 2012. Le patronat, faut-il le dire, a maintes fois affiché ses appréhensions quant aux lourdeurs bureaucratiques à l'origine du blocage du développement des entreprises publiques et privées en Algérie. C'est le cas du président de la Confédération nationale du patronat algérienne (Cnpa), Mohand-Saïd Naït Abdelaziz, qui pense que «pour investir, il faut décarcasser le système bureaucratique». Pour lui, la bureaucratie est davantage un problème de «gouvernance de l'économie». Le partenaire social, en l'occurrence l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), estime, quant à lui, que «l'investissement industriel attendu doit s'appuyer dans sa phase initiale sur la politique du marché intérieur». «La politique de prioriser la consommation nationale de la production doit mettre en action le développement économique tirant le développement social», souligne la centrale syndicale dans un document de 33 pages sur la politique de «ré-industrialisation» du pays.
Le retour au crédit à la consommation au menu Les partenaires socioéconomiques qui examineront la question de l'investissement productif discuteront par voie de conséquence le dossier de la relance du crédit à la consommation. Un dossier qui est déjà finalisé et se trouve sur le bureau du Premier ministre, selon le président du FCE (Forum des chefs d'entreprises), Réda Hamiani. «Le recours au crédit ne sera possible que pour les biens produits en Algérie. Cela vise à encourager le produit national», précisera M. Hamiani. Parmi les produits qui seront concernés, figure le mobilier produit localement et l'électroménager, notamment. Seront donc exclus de ces mesures les véhicules, produit phare qui attire le crédit à la consommation. Pour se préparer au retour de ce type de crédit, la Banque d'Algérie met en place, depuis quelques jours, une centrale pour prévenir les risques de surendettement des ménages.
Encourager la production nationale oui, mais… La promotion de la production nationale, via notamment le retour au crédit à la consommation, «implique une prise de conscience et une participation significative des industriels, des pouvoirs publics et des partenaires sociaux», dira M. Sidi Saïd, qui ne manque pas toutefois de mettre l'accent sur les contraintes du secteur industriel algérien. Les délais de règlement pour les PME/PMI, l'absence d'investissement pour le renouvellement des équipements, une situation financière fortement déséquilibrée, un environnement administratif et financier complexe, des difficultés d'accès aux crédits, des difficultés d'accès au foncier et un envahissement par la concurrence déloyale des importateurs, sont autant d'entraves au développement de l'entreprise nationale, selon le patron de la centrale syndicale. Pour lui, il est ainsi indispensable que des mesures d'accompagnement soient prises en vue de permettre le décollage du secteur industriel. Parmi ces mesures, Sidi Saïd insiste sur le rôle des banques dans l'accompagnement des entreprises du secteur. Il propose notamment, l'allègement et le traitement rapide des procédures de création et d'accompagnement des entreprises, la mise en place de centres d'appuis techniques aux filières, le soutien et le développement des actions de formation et de recherche, le soutien au financement des investissements de modernisation du secteur, la veille stratégique et l'analyse permanente de la réalité des marchés et de leur évolution et le renforcement des taxes douanières à l'importation des articles déjà produits localement. La Centrale syndicale estime que «la nouvelle politique industrielle soutenue par la puissance publique ne peut que tendre vers l'amélioration de la vie sociale du citoyen, du développement durable et un approfondissement de la cohésion sociale». B. A.