Nouveau record historique du prix du pétrole. Les cours ont grimpé jusqu'à 81,24 dollars le baril, hier à New York, lors des échanges électroniques, alors que la Réserve fédérale (Fed) américaine devait se réunir le même jour. La Fed devait réexaminer son taux directeur, actuellement à 5,25%. Vers 22h30 GMT, le baril de "light sweet crude" pour livraison en octobre, côté à New York, prenait 49 cents à 81,06 dollars, lors des échanges électroniques par rapport au prix de clôture de la séance du New York Mercantile Exchange (Nymex) enregistré quelques heures auparavant. Il avait atteint un peu plus tôt un sommet à 81,18 dollars. Le baril de brut avait franchi mercredi le seuil des 80 dollars pour la première fois depuis le début de sa cotation à New York. Les records ne font que s'enchaîner depuis. La perspective de voir la Fed abaisser ses taux de 25 à 50 points de base a rassuré les opérateurs. Nombre d'analystes estiment en effet que la probabilité de voir survenir une récession aux Etats-Unis pourrait, après ce geste, en être amoindrie. Les craintes d'un ralentissement de l'activité au niveau mondial avaient alimenté les spéculations sur une possible baisse de la demande. Par ailleurs, les craintes de pénurie sont toujours présentes, malgré la fin de la driving season: les stocks de brut publiés la semaine dernière ont tiré la sonnette d'alarme. Dans son dernier rapport hebdomadaire, le département américain de l'Energie (DoE) a alerté le marché en annonçant une baisse de 7,1 millions de barils des stocks américains de brut lors de la semaine achevée le 7 septembre. A quelques semaines de l'hiver, le marché juge insuffisant l'approvisionnement du marché en or noir, et ce malgré la décision de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (Opep) d'augmenter sa production journalière de 500 000 barils. L'Opep pensait stopper la flambée des prix en agissant ainsi, mais c'est l'effet inverse qui s'est produit. Les marchés ont jugé trop tardive et trop faible la hausse de production. Désormais, les investisseurs se focalisent davantage sur le déséquilibre entre l'offre et la demande. D'ailleurs, une source du cartel a confié, hier, que "si le prix élevé dure plus de 15 à 20 jours, il y aura au moins des consultations entre les ministres", concernant un possible relèvement de son plafond de production. Les analystes de Goldman Sachs ont pour leur part relevé, dans une note de recherche, leur prévision du prix du baril pour fin 2007 à 85 dollars, contre 72 dollars auparavant, "avec des risques importants de pics au-dessus de 90 dollars le baril". Ils ont également émis une prévision pour 2008 à 95 dollars le baril de brut. Autre facteur jouant en faveur de la montée des prix: les tensions géopolitiques. Les propos sur l'Iran tenus par les officiels français ont ravivé les craintes d'un conflit majeur au Moyen-Orient. Les réactions iraniennes à leurs propos ont augmenté la prime de risque sur le marché pétrolier. Le facteur géopolitique est très important sur le marché pétrolier: comme la consommation mondiale, qui avoisine les 85 millions de barils par jour, reste relativement proche des niveaux de production, toute interruption de production dans un des pays membres est immédiatement répercutée sur les marchés. La position géostratégique de l'Iran, qui jouxte le détroit d'Ormuz, accentue un peu plus les craintes. C'est par ce canal que transite 15% du trafic pétrolier mondial. En cas de blocage, les exportations de brut saoudiennes et koweïtiennes seraient notamment affectées. En outre, l'Iran est le quatrième producteur de brut mondial.