La conférence d'Oran aura finalement été celle du consensus au sein de l'OPEP, versé au profit d'une réduction substantielle des quotas. Plus, ou mieux, et au-delà de la décision prise hier par les pays membres de cette organisation, l'attitude de son chef de file qu'est l'Arabie saoudite a de quoi surprendre tout en rassurant. Et pour cause, le premier producteur mondial de pétrole a préféré cette fois-ci se défaire de sa légendaire attitude au service d'un attentisme synonyme d'un suspense inutile. Les Saoudiens sont même allés jusqu'à lever le voile sur leurs intentions en proposant dès la veille du rendez-vous oranais de tailler 2 millions de barils par jour dans la production de l'OPEP. Ce qui n'est pas rien lorsqu'on s'est souvent habitué à un autre type de comportement d'un pays membre qui privilégie ses propres intérêts aux dépens de ceux du groupe, faisant le bonheur des pays consommateurs, particulièrement leur énorme client américain. Cette démarche saoudienne serait-elle le signe supplémentaire d'une prise de conscience chez les membres de l'OPEP quant à l'indispensable solidarité en ces temps de crise économique capable, si elle venait à durer, de porter un sérieux coup à leurs équilibres financiers, bâtis, justement, sur leurs recettes en hydrocarbures. Après le consensus donc, le soutien actif de la Russie et de l'Azerbaïdjan, place à la solidarité au quotidien, sans laquelle d'ailleurs la décision d'hier n'aurait pas la portée escomptée sur le marché à court et moyen terme. Il est clair que les jours à venir verront des pressions s'effectuer sur l'OPEP, sur fond des traditionnelles tentatives de faire diversion en son sein et de retarder la mise en application par certains membres influençables de la décision prise de réduire sa production. D'où cette solidarité vitale à laquelle a appelé hier le président de la République dans son discours d'inauguration de la conférence d'Oran. «L'Algérie avait pris l'initiative, au lendemain de ce qui fut qualifié de premier “choc pétrolier”, de réunir les souverains et chefs d'Etat des pays membres et un premier sommet en mars 1975 à Alger, au cours duquel l'OPEP a réaffirmé le principe intangible de la souveraineté pleine et entière des pays producteurs, sur l'exploitation de leurs ressources d'hydrocarbures», dira Abdelaziz Bouteflika avant de rappeler que «ce premier sommet fut aussi l'occasion pour les pays membres d'exprimer leur solidarité concrète et conséquente avec les autres pays en développement, par la mise en place du fonds de l'OPEP pour le développement international, une année plus tard». L. I.