Si les choses restent en termes de prix au niveau de ce que nous avons aujourd'hui, il est bien sûr tout à fait clair que nous allons probablement décider d'une réduction », a déclaré hier au forum d'El Moudjahid le président de l'Opep et ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. Le ministre qui répondait à la question de savoir ce que l'Opep pourrait décider le 17 décembre prochain à Oran a indiqué : « Il y aura un consensus à Oran et ce consensus dépendra de l'application de la réduction. » Si tout le monde applique et les choses restent quand même en termes de prix au niveau de ce que nous avons aujourd'hui, il est bien sûr tout à fait clair que nous allons probablement décider d'une réduction. Mais si entre temps, il n'y a pas eu de réduction, je pense qu'il sera difficile de demander encore une autre réduction s'il n'y a pas eu déjà la réduction du 24 octobre qui a été appliquée à 100%. » Pour le ministre et concernant le consensus : « D'abord ce qui est important, c'est qu'on applique les décisions du 24 octobre qui avaient été décidées. Il doit y a avoir une baisse de 1,8 million de barils par jour, les 1,5 million de barils par jour que nous avons décidés et il y a les 300 000 barils par jour que l'Arabie Saoudite devait retirer du marché, qu'elle avait introduit auparavant. Normalement, durant la réunion d'Oran, on doit voir que tout cela a été fait ou en voie d'être fait. » « Il est inutile de décider de prendre une autre décision si on n'a pas appliqué la décision, ça ne sert à rien d'ailleurs, ça donne un mauvais signal au marché. Le marché est très sensible à la réalité des choses, il ne croit pas à ce que vous dites, il ne croit pas à vos paroles, il croit aux résultats sur le terrain, si les clients savent qu'ils ne peuvent avoir de pétrole brut ou bien que la production a été réduite par les pays membres, c'est cela que le marché voit et ça vous le voyez tous les jours. Dès que le marché apprend qu'il y a une réduction, il y a une réaction du marché sur le prix du pétrole », a ajouté le ministre. Interrogé sur le prix cible du baril de pétrole pour l'Opep, le ministre a indiqué : « J'ai déjà dit que le prix raisonnable pour les pays producteurs de pétrole et pour les pays consommateurs se situe entre 70 et 90 dollars le baril. ». A propos de l'application de la réduction de la production, le ministre a indiqué qu'il faut attendre la fin du mois de novembre et le rapport de l'Opep pour connaître s'il y a ou non un respect des quotas.« Personne ne peut le cacher », a estimé le ministre dans la mesure où les compagnies d'assurances publient les données des cargaisons. Selon le ministre, la position de l'Arabie Saoudite a été honorable puisqu'elle a déclaré à l'Opep qu'elle fera sienne la décision qui sera prise et sa décision est appliquée sur le terrain. Concernant le prix du pétrole algérien, la moyenne était de 25 dollars en 2001, 25 dollars en 2002, 29 dollars en 2003, 38 dollars en 2004, 55 dollars en 2005, 66 dollars en 2006, 75 dollars en 2007 et 108,8 dollars jusqu'à récemment en 2008, selon des statistiques révélées par le ministre. A propos des pays producteurs de pétrole non Opep, le ministre a fait savoir qu'aucun pays non Opep n'a soutenu l'Opep sur le terrain, ni la Norvège, ni la Russie, ni le Mexique… La Russie a répondu qu'elle avait sa propre politique, la Norvège a refusé, tandis que le Mexique n'a pas donné de réponse. L'impact de la baisse de l'Algérie d'un volume de 71 000 barils par jour équivaut à 2 milliards de dollars, selon le ministre. Ce qui arrive aujourd'hui va être d'un impact négatif sur les investissements dans le secteur pétrolier dans les 2 ou 3 prochaines années, du fait qu'il y aura un manque de crédit qui entraînera un retard dans les projets et un impact sur le développement des gisements, a estimé le ministre qui a évoqué ce qui est arrivé dans les années 1990. L'impact sera sur l'apport de nouvelles réserves et l'apport sur de nouvelles productions dans les 3 à 4 années qui viennent. Dans le cas d'une reprise économique dans les 2 ou 3 années qui viennent, il y a aura une tension de nouveau sur l'offre en pétrole brut vu que les investissements n'ont pas suivi la demande. Même les pays de l'Opep, qui ont besoin de crédits internationaux, vont devoir retarder leur programme de développement de gisements en attendant d'avoir une visibilité meilleure, selon le ministre. Une possibilité pour les pays exportateurs de pétrole de se concerter va se présenter à l'occasion de la réunion de l'Opaep (Organisation des pays arabes exportateurs et producteurs de pétrole) qui se tiendra le 29 novembre au Caire. Il y aura probablement une rencontre, une occasion pour les ministres des pays arabes qui seront présents et membres de l'Opep de discuter du marché pétrolier, a indiqué le ministre. Les pays arabes membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sont : l'Algérie, le Koweït, la Libye, le Qatar, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et l'Irak. Les prix du pétrole avaient clôturé vendredi à 60,04 dollars le baril à New York, tandis qu'à Londres, le brent était à 57,80 dollars en fin de journée.