Loin d'être établie par rationalité ou dans la transparence, la programmation du championnat national de football est sujette à toutes les critiques de la part des acteurs, particulièrement les présidents de club, qui ne ratent pas la moindre «passe» de la Ligue nationale de football pour crier leur mécontentement, souvent en des termes empreints de violence. Pour la saison 2008/2009, les choses se sont détériorées davantage. Conséquence : il est désormais difficile pour les amateurs du championnat de suivre le déroulement des rencontres. Plus clairement, les amoureux du football national se posent une question peu usuelle. Il s'agit de comprendre si les matches programmés les jeudis ou lundis sont ceux d'une nouvelle journée ou bien ceux d'une mise à jour. L'interrogation est d'autant plus légitime que le nombre de matches qui se jouent dans ce qui est présenté comme une journée de championnat est constamment inférieur à la moitié des rencontres que compte le championnat de notre cher football. Cela remonte à très loin que nous n'avons pas assisté à une journée dont le nombre de matches ajournés est inférieur à deux. Le tableau de classement sur le site de la Ligue nationale de football renseigne sur le degré d'irrationalité atteint dans la programmation. Trois équipes seulement sont autorisées à faire le bilan de la phase aller. Elles ont joué leurs seize matches dans un championnat à 17 clubs. Cinq d'entre elles sont à quinze rencontres jouées. Elles doivent attendre que soit disponible leur adversaire dans les deux sorties qui restent à honorer. L'un des adversaires étant le RC Kouba, qui n'a joué huit matches. Le club banlieusard est donc à un quart du championnat. Il est tenu de jouer sans répit. Ni trêve. Cette dernière vient de perdre par ailleurs son existence hivernale. Avec le cumul des rencontres qui n'ont pas eu lieu, accessoirement suite à l'intégration de l'équipe koubéenne en nationale une, mais aussi à cause des échéances régionales de certains clubs, un passif d'une dizaine de matches devait être effacé entre la mi-décembre et la mi-janvier, la période traditionnellement impartie à cette trêve. Il y a néanmoins une cause qui a fait que la rubrique de la mise à jour soit bien étoffée alors que le championnat observait traditionnellement une trêve hivernale d'une quinzaine de jours avec un nombre réduit de matches de retard à apurer. Cette fois-ci, la LNF en a fait assez pour générer un tel retard. Résultat des courses : plusieurs équipes, notamment celles engagées dans les compétitions régionales, n'auront pas droit à un repos. Les joueurs ne bénéficieront pas d'un temps de récupération, les entraîneurs et dirigeants n'auront pas la possibilité d'établir leurs bilans, aussi bien technique que celui de la question financière. Aujourd'hui, les équipes ne sont pas au même point de l'observation. Quelques-unes sont théoriquement débarrassées de la première phase du championnat. Il s'agit du CABBA, auteur, incontestablement, d'une remontée spectaculaire, du CRB, accompagné du MCA, en position d'outsiders. Ces formations peuvent faire leur bilan technique. Mais de manière séparée du reste du championnat. Elles peuvent se permettre quelques jours de repos. Cela risque de s'avérer cependant nuisible dans le cas où la reprise viendrait à être renvoyée. Ces équipes vont manifestement vivre un hiver de dilemme surtout si le ciel des instances, appelées à un renouvellement des assemblées, renforcer l'illisibilité imposée par un personnel qui ne tend l'oreille qu'à ses intérêts. Et si la phase aller a été marquée par autant de maladresses en matière de programmation, il est fort à parier que la phase retour sera abracadabrantesque. La raison est toute simple dans la mesure où, à partir du mois de janvier, la Ligue sera tenue de trouver des week-ends pour les différents tours de la coupe d'Algérie. A cela, il faudrait ajouter aussi les sorties de la sélection nationale dans les éliminatoires jumelées de la Coupe d'Afrique des nations et du Mondial 2010. La programmation deviendra certainement plus problématique, car les rencontres que doit livrer l'EN de football auront un enjeu considérable. Ce qui exigera une préparation de qualité, aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. Il est aussi attendu que le sélectionneur national se montre plus méticuleux dans l'application du planning qu'il aura à établir en la circonstance. La priorité actuelle est d'injecter au sein des instances, que leur composante change ou pas, de nouveaux modes de gestion. Une gestion basée sur un minimum de rationalité. Mais avant tout, il y a visiblement un autre chantier à accomplir : réhabiliter la crédibilité des instances délibérantes pour amortir les critiques, parfois insensées, des présidents de club, dont les réactions ne servent qu'à alimenter la violence. En définitive, la grande question qui entoure la seconde manche est de savoir si nous assisterons à des journées à huit rencontres, cette norme que nous n'avons pas vue depuis des mois. A.Y.