Voilà une affaire qui n'en est pas une mais qu'un juge inflexible a transformée en patate diplomatique chaude. L'affaire ainsi devenue est partie de la conviction d'un juge parisien que le diplomate Mohamed Ziane Hasseni et l'ancien barbouze Rachid Ziane Hassani ne font qu'un. A savoir que Hasseni serait le commanditaire de l'assassinat en 1987 à Paris de l'avocat français André Ali Mécili, dirigeant du FFS. Sur la base d'une imparfaite homonymie, et sur la foi d'un témoignage unique et incertain d'un ancien passe-muraille algérien, le juge Baudoin Thouvenot inculpe le diplomate. Le 14 octobre dernier, Hasseni est envoyé au purgatoire. Au mépris de l'avis du procureur qui avait trouvé le dossier d'instruction assez léger et recommandé le non-lieu, le juge s'accroche au témoignage de Samraoui, ex-haut responsable des services opérationnels de la Sécurité militaire. Dédaignant le principe du droit qui veut que ce soit à l'accusation de démontrer la culpabilité du prévenu, il demandera à Hasseni de prouver son innocence. Depuis, ce dernier s'est soumis aux tests ADN et graphologiques. Il a aussi apporté les documents établissant son identité, rejetés par le juge qui a finalement convoqué deux témoins clés, Samraoui et l'ancien capitaine du DRS Abboud Hichem qui, lui, connait Hasseni, Samraoui et le commanditaire supposé de l'assassinat, Rachid Ziane Hasseni. Très motivé pour participer à la manifestation de la vérité, Abboud Hichem sera probablement un témoin décisif. D'autant plus déterminant que c'est lui qui a mis le juge Baudoin Thouvenot sur la piste de Samraoui en 2003. Entre-temps, la diplomatie algérienne, initialement aphone et atone, entre en ligne. Bande ses biceps. Retrouvant de la voix, elle hausse progressivement le ton. Et veut bien se convaincre que la politique finira par faire son œuvre et la justice par triompher. N. K.