De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Inventorier le patrimoine culturel immatériel n'est pas chose aisée, ni à la portée de n'importe quel individu, même instruit. C'est l'affaire de spécialistes et de chercheurs aguerris et motivés par l'amour du patrimoine et sa nécessaire préservation. Autant d'ingrédients qui renseignent sur l'ampleur de la tâche et surtout sa difficulté. Dans leur configuration actuelle, les directions de la culture, et plus particulièrement celle d'Oran, ne sont pas aptes à mener à bien une telle mission scientifique. «C'est sur le plan national, notamment au ministère de la Culture, que les choses doivent être ficelées et maîtrisées à travers la multiplication des rencontres et des séminaires sur la question», note un anthropologue de l'université d'Oran. Il y a lieu de rappeler dans ce contexte qu'au maximum deux rencontres ont été tenues à Alger, l'une avec des experts et des chercheurs universitaires, en vue d'élaborer une stratégie de travail et une approche méthodologique, et l'autre avec les 48 directeurs de la culture du pays pour les sensibiliser autour de cette question. Selon notre interlocuteur, «les structures locales du ministère de la Culture ne peuvent prendre en charge et encore moins piloter une telle opération. Je pense qu'il faudrait recourir à des collaborations, notamment avec des chercheurs, des journalistes versés dans l'analyse et le traitement du patrimoine immatériel et autres», explique cet anthropologue qui compte plusieurs écrits dans le CRASC au sujet du recensement et de la préservation du patrimoine culturel national. «Il faut lancer une grande offensive à laquelle il est impératif d'associer les experts et les chercheurs en vue d'établir un large diagnostic et d'arrêter une approche méthodique nationale globale.» Les moyens à mettre en œuvre dans ce contexte ne sont pas financiers à proprement parler, mais beaucoup plus une assistance technique et une disponibilité des tutelles aux côtés des chercheurs et des conservateurs versés dans l'opération du recensement du patrimoine intangible. C'est le cas, par exemple, pour l'accès aux sources d'information et aux archives nationales afin d'accomplir un travail technique très élaboré. L'Algérie peut se targuer d'avoir un vivier de chercheurs et d'universitaires très sollicités par des pays étrangers pour lesquels ils effectuent des tâches très complexes. Il s'agit là d'une mission d'une extrême urgence qui doit être accomplie avec délicatesse et doigté. Car le patrimoine immatériel est en danger face aux multiples agressions et attaques relevées à l'échelle planétaire. Il faut préserver l'âme du peuple algérien.