Alors que les yeux du monde entier étaient tournés vers les jeux Olympiques de Pékin, une guerre éclate, le même jour, dans le Caucase. Le 8 août, les chars russes se lancent imperturbables à l'assaut de la Géorgie. Le Caucase, région déjà très fragilisée, s'enflamme. Le président géorgien Mikhaïl Saakashvili, dans une réaction qui en a étonné plus d'un, décide d'attaquer la province d'Ossétie du Sud. Beaucoup d'analystes retiendront la thèse occidentale de l'encouragement dans une telle entreprise que les «réalistes» considèrent comme suicidaire. Après avoir attaqué l'Ossétie du Sud, Tbilissi subit les foudres de Moscou. C'est que la province séparatiste de Géorgie est éminemment sous la protection du Kremlin depuis 1992. La majorité des Ossètes possèdent un passeport russe et Moscou ne semble pas être prêt à laisser tomber ses provinces, les considérant comme une suite stratégique de son territoire. L'Abkhazie, autre province pro-russe dans le Caucase, est de ce fait fortement encouragée à proclamer son indépendance. Le monde est en ébullition. Le fameux clivage Est-Ouest semble ressusciter de nouveau. Après une semaine de combats et plusieurs centaines de morts, en majorité des civils, les Russes ont pris position en Ossétie et sont aux portes de Tbilissi, la capitale géorgienne. La crise risquait de dégénérer. Une odeur de guerre froide se fait sentir au Caucase. Le ton monte comme jamais entre Moscou et les Occidentaux. Il faut dire que la brûlante situation ne manque pas de passifs. La proclamation unilatérale de l'indépendance du Kosovo, survenue quelques mois avant et fortement encouragée par Washington, a été vécue par Moscou comme la provocation de trop. Le 16 août, un cessez-le-feu est signé après des appels à la retenue émanant de toutes parts. Il faudra encore plusieurs semaines aux Russes pour quitter le territoire géorgien. Mais non sans avoir infligé une leçon à Saakashvili, «l'Occidental», qui sort fragilisé de l'aventure ossète ayant failli précipiter le monde dans un conflit aux conséquences imprévisibles. M. B.