Faire trempette à Blida n'est guère aisé. Et pour cause, le nombre de piscines réparties à travers la ville, jadis au nombre de quatre, a chuté vertigineusement. De nos jours, il n'y a qu'une seule piscine à travers toute la ville des Roses, celle du complexe olympique Mustapha Tchaker. Il est clair que cet état de fait pénalise grandement les amateurs de sports aquatiques. Si, pendant la saison estivale, ces derniers peuvent se rendre à la mer (la plage la plus proche se trouve à une quarantaine de kilomètres de Blida) pour pratiquer leur sport favori, il n'en est pas de même en hiver. Pendant cette saison, les plus fervents (dont, bien sûr, ceux disposant d'un véhicule) sont contraints de se rendre jusqu'à Alger où le nombre de piscines est, de loin, plus important. Evidemment, comme il n'y à qu'une seule piscine en service à Blida, cette dernière est, depuis son inauguration (en 2001), assaillie par une marée humaine avide de sport et de défoulement. «Je viens de Oued Djer [commune située à l'extrême ouest de la wilaya de Blida, limitrophe avec la wilaya de Aïn Defla], peu importe si je dois parcourir 60 km en aller retour, l'essentiel pour moi est de m'adonner à mon sort favori. Vous n'êtes pas sans savoir que dans les localités enclavées, le minimum vital n'existe pas. Alors de là à espérer avoir une piscine dans notre commune, il y a un pas que je n'oserai personnellement pas franchir», nous dira Omar, un jeune travaillant dans une entreprise privée. A l'image de Omar, ils sont des centaines à venir profiter des plaisirs que procure cette piscine. Ils affluent d'El Affroun, de Mouzaïa, de Larba, de Meftah… bref des 25 communes de la wilaya de Blida. Officiellement, 2 250 personnes sont inscrites au niveau de la piscine semi olympique de Blida. «Que l'on nous pardonne si nous n'arrivons pas à répondre à toutes les demandes. Nous faisons de notre mieux, mais nous ne pouvons malheureusement pas aller au-delà d'un certain seuil. Les capacités d'accueil de la piscine étant limitées, il va sans dire qu'il est impossible d'accepter tout ce monde, même si nous sommes animés de la volonté la plus tenace du monde de faire face au flux sans cesse croissant des amateurs de natation», nous dira d'emblée le sympathique Nessah Abdenour, responsable au sein de l'administration qui gère la piscine de Blida, lequel répondait à nos questions en l'absence du directeur de la piscine, parti en mission dans la capitale. Et dans le but de satisfaire, justement, tout ce beau monde, l'administration a mis en place un programme minutieusement étudié. Les femmes ont droit aux journées du samedi et du mercredi en plus de la matinée du jeudi, les enfants ont accès à la piscine les lundis et jeudis après-midi (outre chaque jour de 16 h à 17 h 30), alors que les dimanches et mardis sont réservés aux hommes. Tous les adhérents ont droit à deux jours de piscine par semaine. S'agissant des tarifs appliqués, notre interlocuteur nous dira que l'adhérent paie 1 200 dinars mensuellement. Au sujet du volet sanitaire et concernant les mesures prises pour anticiper sur l'apparition d'une quelconque maladie, notre vis-à-vis insistera pour dire que l'eau de la piscine est traitée tous les deux jours. «Un échantillon d'eau de la piscine est obligatoirement prélevé pour être analysé au laboratoire de wilaya. A la lumière des résultats, nous décidons s'il y a lieu ou pas de changer l'eau du bassin», nous dira M. Nessah, non sans ajouter qu'aucune maladie n'a été décelée depuis que cette piscine est opérationnelle. De son côté, M. Djezzar Mustapha, riche de ses 30 ans d'expérience en qualité de moniteur, s'attardera sur les spécificités de son métier. «Nous avons affaire à toutes les catégories sociales et à tous les nivaux en matière de maîtrise des rudiments de la natation. Il y a ceux qui savent plus ou moins nager et ceux avec qui il faut commencer au niveau basique. Il y a également ceux qui sont recommandés par les médecins pour une cure. Avec cette catégorie, un travail spécifique doit être fait. Un moniteur doit avoir le sens de l'anticipation et savoir d'emblée à qui il a affaire. Nous devons être en permanence concentrés sur notre sujet», nous dira-t-il, ajoutant qu'un matériel pédagogique haut de gamme est mis à la disposition des moniteurs. A Blida, tout un chacun espère que la natation sera réhabilitée. Cela ne peut passer que par la multiplication du nombre de piscines. Tous ceux avec qui nous avons parlé ont été unanimes à dénoncer le fait que le football continue de bénéficier de la part du lion des aides des pouvoirs publics. «Si au moins ce sport, qui n'est roi que par le titre, était une source de satisfactions… La violence a atteint des proportions alarmantes, sans parler du niveau de l'équipe nationale, qui n'arrive même pas à se qualifier pour des compétitions régionales. Il est grand temps que les disciplines dites secondaires soient réhabilitées», nous dira un jeune homme rencontré aux abords du complexe Mustapha Tchaker de Blida. En attendant des jours meilleurs, les amateurs d'autres activités sportives (dont, bien sûr, la natation) doivent prendre leur mal en patience. B. L.