Mai 2008. L'Afrique du Sud est en ébullition. Le gouvernement de Thabo Mbeki est confronté à une vague de violences aiguë contre les immigrés. Les agitations menacent l'image d'un pays qui essaye tant bien que mal de faire oublier l'apartheid de triste mémoire. Attaques, pillages et lynchages occasionnent la mort d'une cinquantaine d'immigrés et la fuite de plus de 100 000 autres réfugiés. Dénonçant un véritable nettoyage ethnique, la presse sud-africaine stigmatise la réaction tardive du président sud-africain, l'accusant de s'être ramolli depuis sa prise de pouvoir en 1999. Le successeur de Nelson Mandela est fragilisé. Mis en cause indirectement pour «interférences» politiques dans des affaires de corruption concernant son rival, un certain Jacob Zuma, Mbeki annonce sa démission le 21 septembre 2008. Sa position au sein de son parti est devenue intenable. Par 299 voix contre 10, les députés sud-africains adoptaient une motion avalisant la démission de Thabo Mbeki de la présidence de la République avec effet au 25 septembre 2008. La démission de Thabo Mbeki s'accompagne de celle de la vice-présidente, Phumzile Mlambo-Ngcuka, et de 11 de ses ministres. Après avoir longtemps couvé la crise politique en Afrique du Sud éclate. L'ANC nomme le vice-président du parti, Kgalema Motlanthe, pour succéder à Mbeki à la présidence de la nation arc-en-ciel. La nouvelle direction de l'ANC, menée par l'ex-vice président, Jacob Zuma, entre en conflit ouvert avec Mbeki. Ce dernier n'a eu de cesse de ménager Robert Mugabe en affirmant qu'il n'y pas de crise au Zimbabwe. Une position qui n'est pas du goût de la tendance rivale de l'ANC. Octobre 2008. Les partisans de Mbeki, menés par son ancien ministre de la Défense, Patrick Lekota, passent à l'offensive. Ils annoncent la création d'une formation dissidente : le Congrès démocratique d'Afrique du Sud. Objectif : constituer une opposition crédible pour les prochaines élections générales de 2009. M. B.