De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Le secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Alioui, et le président de la Chambre nationale de l'agriculture, Ould El Hocine, étaient dimanche dernier, à El Tarf, pour procéder au renouvellement des instances de leur organisation et installer les nouveaux secrétaires généraux de wilaya. Saisissant cette occasion, M. Alioui a, dans une déclaration, appelé le président de la République à donner instruction pour éponger les dettes des fellahs qui s'élèvent, aujourd'hui, à près de 12 millions de dinars, dettes à l'origine de beaucoup de problèmes qui risquent de freiner l'essor et le développement du secteur agricole. Il rappellera à la nombreuse assistance, composée de fellahs et de cadres de la DSA, que certaines dettes datent des années 1980 et se montaient à 24 milliards de DA. La venue du président Bouteflika à la tête du pays avait permis d'effacer une partie de ces dettes en 2000 et en 2002. Il en restait 17 milliards de dinars dont 5 ont pu être payés à la CRMA, principal créancier. Mais, aujourd'hui, les agriculteurs ne peuvent plus y faire face et 130 000 sont concernés par ces dettes. «Ce sont pour la plupart de petits exploitants qui n'arrivent pas à s'en sortir et nous demandons aux autorités supérieures du pays de se pencher sur ce problème qui peut compromettre sérieusement la politique agricole du pays», dira M. Alioui. Abordant un autre sujet, le secrétaire général de l'UNPA soulèvera la question du foncier agricole qui doit être définitivement assaini pour que le secteur puisse amorcer son décollage qui aboutira à cette autosuffisance alimentaire tant espérée. Les facteurs de production tels que les produits phytosanitaires, les fertilisants et les équipements ne sont pas à la portée de tous et sont le plus souvent indisponibles, ce qui donne lieu à une spéculation sur les prix qui atteignent un seuil intolérable. Le logement rural et l'accès au crédit sans intérêts (RFIG), créé principalement pour les agriculteurs, ne profitent pas vraiment aux travailleurs de la terre. Le secrétaire national de l'UNPA, Ali Dergane, interviendra, quant à lui, pour affirmer que le secteur agricole a fait un saut qualitatif enregistrant une croissance de l'ordre de 6%, ce qui, selon lui, est appréciable mais insuffisant. «L'Algérien consomme aujourd'hui 110 litres de lait par an et 65 kg de pommes de terre. Il s'agit, pour ce secteur, de satisfaire cette demande et la politique d'orientation agricole initiée tient compte de cela», poursuit-il. Les agriculteurs, qui sont intervenus tour à tour pour exposer les problèmes qu'ils rencontrent sur le terrain, ont été attentivement écoutés par leurs représentants nationaux, lesquels ont promis de transmettre leurs préoccupations aux autorités supérieures. Rappelons que la wilaya d'El Tarf dispose d'un potentiel agricole qui, s'il est bien exploité et de manière optimale, peut la propulser au premier rang des wilayas à même d'assurer non seulement son autosuffisance, mais exporter aussi vers les autres régions du pays. En effet, la surface agricole utile est estimée à 70 950 ha dont 47% sont irrigables. 37% de cette superficie sont utilisés pour la céréaliculture, 18% par les maraîchages, 15% par les cultures industrielles et 11% par l'arboriculture. Les forêts composées de chêne-liège, zen, eucalyptus et pin maritime s'étendent sur 173 682 hectares. La production sylvicole annuelle est de 128 000 qx de liège, 252 300 qx de bois d'œuvre et 6 000 qx de souche bruyère. Elle pourrait être le premier noyau autour duquel viendraient se greffer et se développer les industries de transformation. Les ressources que recèle le littoral ne sont pas en reste puisque la production atteint les 1 200 tonnes de poissons par an avec en plus près de 350 kg de corail. Les opportunités de développement de l'aquaculture et de la conchyliculture dans les lacs El Mellah et Oubeïra ne sont plus à présenter.