De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La nouvelle aérogare de Constantine devait alléger son aînée, celle de Mohamed Boudiaf, érigée en 1958 et baptisée du nom du martyr, après son assassinat en 1992. Toutefois, le projet a fait couler beaucoup d'encre en raison du retard accusé dans sa livraison, fixée initialement à 24 mois. Autrement dit, les avions auraient atterri en 2005 sur des pistes flambant neuf… Il n'en fut rien. Autant de facteurs techniques et de réévaluation ont poussé l'échéance à des dates lointaines. Aujourd'hui, le taux d'avancement des travaux est estimé à près de 80% pour le hall public et à 20% concernant les salles de pré-embarquement et d'embarquement. «Les gros œuvres sont achevés à 100%. On s'attelle aux revêtements du sol avec un matériau noble et la mise en place des bureaux et des boxes notamment», nous précisent les chefs de projets et ré-initiateurs de la «configuration» de la maquette initiale, dont le côté esthétique aura été ignoré par les premiers bureaux d'études élus par l'EGSA en 2003. Aucune date précise ne sera donnée quant à la mise en service du tarmac. Du moins, l'extension de l'aéroport Mohamed Boudiaf semble être récupérée sans grands dégâts… Mieux, la wilaya de Constantine envisage de solliciter les mains du «sauveur», la DLEP, pour prendre en charge la zone terminale, qui fera l'objet d'une nouvelle inscription. Le coût de réalisation de cette dernière, qui fait l'objet d'un budget à part, est de l'ordre de 50 milliards de centimes. Il est prévu la réalisation d'un parking de 500 places, des Abribus, un parc d'automobiles et de bus… la fiche technique de ladite zone est élaborée et n'attend que l'approbation des pouvoirs publics. Lancés au premier trimestre de l'année 2003, les travaux de construction d'une nouvelle aérogare, localisée à Mohamed Boudiaf, ont connu diverses saccades relevant notamment des «réévaluations» causées par l'introduction de travaux supplémentaires, dont la climatisation, les faux plafonds et notamment la substitution des revêtements sols et murs avec des matériaux nobles, outre la mise en place de murs rideaux en vitrage. Ainsi, la nouvelle aérogare coutera au finish 170 milliards de centimes, selon les prévisions et études de la Direction du logement et des équipements publics (DLEP), à laquelle le projet en question a été confié par la wilaya, après avoir été lancé par l'EGSA, qui avait tout ficelé au départ avec la désignation des bureaux d'études et des nombreuses entreprises engagés à cet effet. Dos au mur, la DLEP n'a fait qu'appliquer la décision de décentralisation, engagée nationalement, avec la première autorisation de programme, évaluée à 44 milliards de centimes. Ayant pris «un avion en décollage», la direction achèvera le premier budget dans le gros œuvre et observera une insuffisance pour entamer des travaux supplémentaires, le lot charpentes métalliques et CES. Dès lors, une première réévaluation s'imposait et l'aérogare se dote d'une première aile de 45 milliards de centimes, versée dans les caisses en 2005. Cependant, le montant ne couvrira pas uniquement les motifs évoqués par la DLEP. Il y intégrait une rubrique concernant l'acquisition des équipements fixes (monte-charge et escalators) et ceux mobiles (tapis roulants), télésurveillance, réseaux informatiques… Par conséquent, le projet sera freiné de 2006 à 2008. Un passage à vide qui a entraîné autant de supputations sur sa fiabilité, au moment où les langues se délayaient sur son architecture, jugée inappropriée au relief de la ville. Cette remarque est partagée par l'ensemble des responsables de la DLEP, lesquels, aujourd'hui, songent à casser les «coupoles» érigées pour ne pas affecter la vision aérienne de la nouvelle aérogare, et reprendre les façades dont le design est remis en question. La bagatelle totale passera de 89 à 139 milliards. La seconde réévaluation a été débloquée en juin 2008. Et l'aérogare ne s'arrêta que lorsque les responsables du projet eurent revendiqué quelque 50 milliards de centimes pour apporter la touche esthétique finale. «Nous avons été clairs avec la tutelle. Si l'on veut mettre à jour une aérogare aux normes internationales, il faut mettre le paquet. Avec la maquette initiale, le projet ressemblerait plutôt à un hangar… à poules», devait nous dire M. Kouita, le Dlep de wilaya, qui aura bénéficié du soutien total du ministère des Transports. M Amar Tou avait signifié à celui-ci d'opter pour des finitions luxueuses et à mettre le paquet. «A vrai dire, on construit un seul aéroport pour une ville. Cela n'arrive pas souvent. C'est pourquoi il importe de livrer quelque chose d'appréciable pour une ville telle que Constantine», nous lancent les ingénieurs de la DLEP, sans pour autant vouloir incriminer les premiers bureaux d'études «désignés» par l'EGSA. Mais cela saute aux yeux des citoyens les plus crédules en matière de goût et de qualité de l'œuvre. L'aérogare se devait de se faire un lifting pour masquer ses rides. Injustifiable esquisse que celle qui allait représenter la capitale de l'Est à l'échelle internationale A qui impute-t-on la «badinerie» de la maquette initiale ? L'EGSA, la décentralisation des projets …? En tout état de cause, les réévaluations émises aux finances sont engendrées en grande partie par les modifications, voire l'amélioration apportées au schéma de 2003… La réalisation d'une aérogare modulaire, de type linéaire, de 5 500 m x 155 m, soit 8 525 m⊃2; d'emprise au sol, avec étages, aura englouti la bagatelle de 170 milliards de centimes… Un autre retard d'attribution des 45 milliards demandés pour l'achèvement du projet ferait grimper cette dernière réévaluation.