Kouici nous parle de l'EN, de Saâdane et de bien d'autres sujets qu'il maîtrise parfaitement. Qui n'a pas vu Kouici jouer, n'a pas tout vu de football. Ce défenseur de poche est aussi teigneux quand il s'agit de conquérir le ballon que talentueux quand il se transforme en attaquant. Il nous parle de l'EN, de Saâdane et de bien d'autres sujets qu'il maîtrise parfaitement. Ecoutons-le. * Les Verts se sont qualifiés pour le Mondial et cela a donné un air de fête au pays comparable à celui vécu en 82. Un commentaire ? C'est un immense acquis après 24 ans de disette sur le plan mondial. Il y a aussi ces deux dernières CAN qui se sont jouées sans l'Algérie. Il était temps que l'Algérie retrouve la scène continentale et mondiale. Il est utile de rendre hommage et de remercier ceux qui ont contribué de près ou de loin à cette réussite. Bien sûr, ces qualifications ne doivent pas rester sans lendemains. Il y a aussi des choses qu'il ne faut pas occulter. * Lesquelles ? Ces qualifications ne doivent pas être l'arbre qui cache la forêt. Notre football souffre de mille maux et c'est lui rendre service que de l'affirmer. Les responsables, à tous les niveaux, doivent saisir cette opportunité unique pour booster notre sport roi. Une sérieuse réflexion sur ce thème est indispensable. * Que pensez-vous du groupe dans lequel se trouve l'Algérie ? Il est vrai que nous sommes dans le groupe de l'Angleterre que je considère personnellement comme un géant de football. Il nous faut cependant nous estimer heureux, comparativement à la Côte d'Ivoire qui se trouve dans le groupe de la mort. Pour ce qui est des autres équipes, nous avons tout intérêt à les prendre au sérieux.Les Etats-Unis ont su tirer les dividendes du Mondial qu'ils ont organisé en 94. Depuis, ils ont été de toutes les phases finales et ceci montre que leur football est de qualité et que nous n'aurons pas, contre eux, la partie facile. Ils ont aussi acquis une certaine expérience des grands rendez-vous et ceci a son importance. * Et pour ce qui est de la Slovénie ? C'est un représentant de l'école de l'ex-Yougoslavie et cela veut tout dire. Même si la Slovénie en est à son premier Mondial, elle a largement des atouts à faire valoir. Il nous faut préparer comme il se doit notre match face à cette équipe car le résultat, ce jour-là, conditionnera pour une large part notre avenir dans cette compétition. * Vous semblez afficher un certain optimisme, pourquoi ? Et j'ai de bonnes raisons pour cela. D'abord, tout le monde sait que nous nous sommes qualifiés dans la douleur et le sang. Notre présence au Mondial et à la CAN est des plus méritée. D'un autre côté, notre football n'est plus celui des dernières années. Il y a une assise tactique rigoureuse et rien sur le terrain n'est laissé au hasard. Ceci est un atout. Nous avons toutes nos chances et il nous reste de les défendre. * L'actualité, ces derniers jours, est la question de savoir si l'EN a besoin de renforts. Votre avis à ce sujet ? Il est inutile de cacher la vérité. Même si notre qualification a été acquise de haute lutte, notre équipe nationale a besoin d'être renforcée car il y a des insuffisances dans son jeu. C'est à Saâdane de faire les meilleurs choix et s'il juge opportun de faire venir en sélection tel ou tel joueur, il n'a à s'embarrasser d'aucun préjugé. Qu'il le fasse, un point c'est tout. * Pour être plus précis, êtes-vous pour la venue de Mehdi Lacen ? C'est à Saâdane d'en juger. Maintenant, je peux vous donner mon avis. Oui, Lacen doit venir en sélection. C'est d'abord et avant tout un Algérien, et d'un autre côté, ils ne sont pas nombreux en équipe nationale à être des titulaires indiscutables dans leurs clubs en Europe. Il évolue enfin dans l'un des championnats les plus huppés du monde, la Liga espagnole. Comment voulez-vous que je dise non à un tel joueur qui peut beaucoup apporter à notre équipe. Il ne doit y avoir aucune autre considération que sportive. * Certains joueurs de l'EN ne sont pas très chauds en ce qui concerne la venue de Lacen. Qu'en pensez- vous ? Ecoutez, cela reste à vérifier, car ce sont des joueurs professionnels et une telle réaction est étonnante. D'un autre côté, il y a un esprit de famille qui s'est forgé et c'est pour cela que certains prennent partie pour l'un de leurs coéquipiers. Cependant, chaque joueur ne doit pas oublier que s'il est en sélection, c'est pour défendre avec cœur les couleurs qu'il porte. * On ne peut pas ne pas faire le parallèle avec ce que vous avez vécu, vous et quelques-uns de vos coéquipiers, en 82 et en 86. Qu'en pensez-vous ? La situation n'etait pas exactement la même. Il est vrai que nous avons effectué toute la campagne pour la qualification et une fois la phase finale arrivée, nous nous sommes retrouvés sur le banc des remplaçants. C'est mon cas, celui de Bencheikh … Nous n'avons, à aucun moment, manifesté le moindre signe de révolte. Comme on dit, l'histoire en jugera. Ce que je veux préciser est que Saâdane était là en 82 et en 86 et je suis certain qu'il saura tirer les leçons pour le bien du pays. Des erreurs ont été commises et il ne faut plus que cela se renouvelle. * Et pour ce qui est de nos chances lors de la prochaine CAN ? Elles existent réellement et ce sera à nous de prendre cette compétition, dès son entame, comme on dit, à bras le corps. Il nous faut imposer notre football, même si en face, il y a le pays organisateur et le Mali. * Justement, si on passe le premier tour, cela ne sera pas facile car il y aura le Ghana ou la côte d'Ivoire… Et après ? Cela se jouera sur un match et toutes les nations ont leurs chances. Le plus important est de bien préparer cette compétition car nous avons les moyens d'aller au bout. * Et si on vous demandait l'équipe de 82 avec l'équipe actuelle ? Ce sont deux superbes équipes. Celle de 82 renfermait des joueurs très doués techniquement et c'est ce qui manque à l'équipe actuelle. Par contre sur le plan rigueur tactique, l'équipe actuelle est bien plus armée. Pour l'anecdote, nous avons eu droit, après notre qualification, à un téléviseur et réfrigérateur alors que les joueurs actuels ont touché des milliards. * On vous laisse conclure… Je me trouve actuellement aux côtés de Ali Bencheikh et je m'associe à lui pour souhaiter la réussite à notre EN. C'est le message qu'adresse notre génération à celle d'aujourd'hui. Entretien réalisé par C. K.