L'Algérie qui a arraché héroïquement sa qualification au Mondial se doit bien d'honorer son statut de mondialiste durant cette CAN. Jeudi, en conférence de presse, Rabah Saâdane n'a pas fait que commenter la liste des 27 joueurs retenus pour le stage du Castelet. Le sélectionneur national a tenu aussi à dire ses vérités concernant les deux compétitions majeures qui attendent les Verts, à savoir la CAN et le Mondial. Le moins que l'on puisse dire est que Saâdane a juste manqué de ramener un seau d'eau froid à fin de rafraîchir les ardeurs des présents, même s'il n'a pas manqué de rétablir la sélection dans ce costume de petit poucet de ces éliminatoires. «On n'est pas meilleurs que l'Egypte. Il ne faut pas se mentir», disait-il. Oui, c'est vrai, il n'y a pas de mal à reconnaître ses lacunes, et sur ce point, le sélectionneur a marqué des points en avouant qu'il manque encore beaucoup de travail à la sélection en matière de jeu et de cohésion pour espérer atteindre le niveau des grands. Il n'avait pas tort lorsqu'il disait que qualitativement, le Mali est mieux loti que nous. Oui, c'est vrai. Seulement, ce qui interpelle l'opinion publique à l'heure actuelle, c'est ce manque d'ambition latent affiché par le sélectionneur à quelque 20 jours de la CAN. «Si on passe le premier tour, on sera déjà pas mal», disait-il tout en mettant en garde contre le Malawi et les conditions météorologiques dantesques, comme s'il n'y avait que l'Algérie qui sera concernée par la chaleur et l'humidité. On l'aurait compris si ça venait d'un sélectionneur qui s'accroche à son koursi qui, dans le souci de survivre à un scénario catastrophe, se garde «de donner de faux espoirs au peuple», comme il avait tenu à le faire rappeler. L'Algérie qui a arraché héroïquement sa qualification au Mondial se doit bien d'honorer son statut de mondialiste durant cette CAN, si on ne veut pas passer pour des histrions aux yeux de ceux-là mêmes qui continuent à nous insulter même après leur avoir fait ravaler leur langue. Face à l'Egypte au Caire ou à Khartoum, on n'avait pas entendu dire que ça allait être difficile, ou qu'on allait essayer, mais qu'on allait les défoncer ! C'est avec cet esprit-là que la sélection a arraché son billet. Saâdane reconnaît lui-même que la différence, l'Algérie l'a faite avec le cœur. Là où les défaillances technico-tactiques étaient latentes, l'envie et l'ambition ont primé. Si on enlève ça à une sélection qui n'a que ça mixé d'une technique individuelle reconnue que lui resterait-il ? C'est comme si on enlevait à un mirmillon son épée et son armure avant de le jeter… en pâture ! A méditer. A. A. A.