Leur terre d'accueil, c'est la France. Mais leur mère patrie, c'est l'Algérie. Tout comme la génération «Black, Blanc, Beur» en 1998 pour les Bleus, les Verts sont aujourd'hui majoritairement constitués d'immigrés. Nés sur le sol français de parents algériens, ces derniers, qui ont opté pour la double nationalité, ont clairement décidé d'assumer leur sang mêlé. Fiers de leurs origines, ils font le bonheur des Fennecs, qualifiés pour la troisième fois de leur histoire pour une phase finale de Coupe du monde, la première depuis vingt-quatre ans. Dans le onze-type, huit joueurs possèdent un passeport français (Bougherra, Yahia, Belhadj, Mansouri, Lemmouchia, Ziani, Yebda et Ghezzal). Une exception revendiquée et assumée par tous. «J'ai toujours baigné dans une culture familiale algérienne. J'ai une double culture et c'est clairement une chance.» (C. Medjani) Forfait de dernière minute pour cause de blessure à un genou, Mourad Meghni aurait dû être l'un d'entre eux. Appelé à maintes reprises chez les Espoirs tricolores, il a longtemps hésité avant de trancher pour l'Algérie. Comme son partenaire Hassan Yebda, qui devrait hériter de la place de titulaire dans le couloir gauche. Sacré champion du monde des moins de 17 ans en 2001 avec l'équipe de France, dans laquelle figuraient également Meghni, mais aussi Karim Benzema et Hatem Ben Arfa, le milieu de Portsmouth s'est pourtant fait une raison. Et à l'entendre, c'est presque mieux comme ça. «Mes parents sont nés en Algérie, mes plus grands frère et soeur aussi, indiquait-il en janvier interrogé par la FIFA. J'y allais déjà avant d'être sélectionné et j'y retourne quand je peux. Là je viens d'y retourner deux fois en trois mois.» Presque comme une deuxième maison pour lui qui a été fêté comme un roi à Mekla, le village familial, lors de la qualification. Sur les traces de Dahleb et Madjer Convoqué pour la première fois il y a quelques semaines seulement, Carl Medjani a été beaucoup plus surpris. Car il n'a encore jamais porté le maillot algérien. Son parcours est pourtant quasi-similaire. Comme Yebda et les autres, il a longtemps fréquenté les différentes équipes de France chez les jeunes. En 2002, il a même été vice-champion d'Europe des moins de 17 ans. «Il est incroyable que cette convocation tombe au moment où j'ai décidé d'y aller (en Algérie) pour fêter mon anniversaire avec ma famille et découvrir mon pays d'origine, racontait le défenseur ajaccien, à France Soir, peu après l'annonce de sa participation au Mondial. Entre ma carrière et la situation sécuritaire du pays par le passé, je n'ai jamais eu réellement le temps de m'y rendre. Pourtant j'ai toujours baigné dans une culture familiale algérienne. J'ai une double culture et c'est clairement une chance.» Déjà présent dans le staff en 1982 et 1986, lorsque l'équipe était quasiment exclusivement composée de joueurs du cru, le sélectionneur, Rabah Saâdane, s'est adapté. Pas question pour lui de refuser cette manne providentielle venue de l'ex-puissance coloniale. «Le mérite en revient au président de la Fédération qui savait que des joueurs de qualité n'étaient pas utilisés car la porte leur était fermée en France», explique-t-il. Certes à l'époque, certains comme Mustapha Dahleb, Rabah Madjer et autre Salah Assad jouaient aussi à l'étranger et entretenaient déjà des liens très étroits avec la France. Néanmoins leurs attaches et leurs repères étaient bien au pays. Ce qui fait toute la différence avec la sélection actuelle. «On est en train de se découvrir», ajoute le guide de cette jeune génération. A première vue, le mariage semble réussi. L'équipe.Fr