«Dans les grands rendez-vous, on ne déçoit jamais et on n'attend aucun coup de pouce de la part des Maliens» Encore une fois et malgré le black-out décidé par les responsables de l'équipe nationale et les joueurs eux-mêmes, Karim Ziani a accepté, en exclusivité, de faire une exception pour Le Buteur en répondant à nos questions même les plus embarrassantes. Ecoutez Ziani, il est très remonté contre ceux qui ont voulu enterrer l'équipe après la défaite face au Malawi. * Comment se déroule la préparation de ce match décisif face à l'Angola ? Tranquille et dans la bonne ambiance. Cette fois-ci, contrairement au match face au Mali, nous avons bénéficié de trois jours de repos. C'est donc suffisant pour bien récupérer des efforts déployés jeudi dernier où on a tout donné surtout physiquement. Notre concentration est exclusivement basée sur le match face à l'Angola. * Vous allez jouer à 17h comme face au Mali. Est-ce une bonne chose pour vous ? 17h, c'est mieux que 15h, mais on aurait aussi pu programmer ce match à 19h30 surtout que Mali-Malawi se jouera en même temps et dans un autre stade. Les responsables de la CAF veulent élever le niveau de la compétition qui est suivie par les médias du monde entier. Il aurait été plus sensé de faire jouer les matchs plus tard pour permettre aux joueurs de donner le meilleur d'eux-mêmes. Voyez les matchs qui se sont déroulés en début de soirée, ils sont tous d'un niveau technique appréciable. * Si l'on comprend bien, même à 17h vous craignez la chaleur et l'humidité... Non, je vous disais tout à l'heure que 17h, c'est mieux que 15h. Il n'y a qu'à comparer entre les deux premiers matchs pour s'en apercevoir. On a bien joué la deuxième mi-temps face au Mali sous les projecteurs, non ? * Vous avez visionné les matchs de l'Angola. Que pouvez-vous nous dire sur cette équipe ? Comme toutes les équipes, l'Angola a des points forts et des points faibles. Une équipe qui mène 4 à 0 et qui se fait rejoindre au score dans le dernier quart d'heure doit avoir des faiblesses car c'est inadmissible à ce niveau de la compétition. Mais une équipe qui réagit vite comme l'a fait l'Angola face au Malawi et comme nous l'avons fait nous-mêmes face au Mali, cela prouve qu'ils ont aussi des points forts. On sait aussi qu'en tant que pays hôte, l'Angola va bénéficier de quelques avantages. * Vous parlez du public et du stade ? Pas seulement ça. C'est devenu une habitude dans les phases finales, on fait tout pour que l'équipe hôte aille le plus loin possible dans la compétition. C'est dire qu'on doit être forts sur tous les plans pour pouvoir battre les Angolais chez eux. * Mais le nul peut vous qualifier aussi… Si on pense à jouer pour le match nul, on perdra. Et puis même le nul ne sera pas suffisant car une victoire ou un nul du Malawi nous éliminera. Non, on entrera sur le terrain pour gagner et pour terminer premiers du groupe, c'est avec cette esprit qu'on pourra faire quelque chose et pas autrement. * Vous croyez que le Mali n'est pas capable de battre le Malawi ? Ecoutez, le match qui m'intéresse, c'est Angola-Algérie, nous n'avons pas besoin d'un coup de main des Maliens pour passer, nous devons compter sur nous-mêmes. Personnellement, je n'aime pas faire ce genre de calculs car je joue tout le temps pour gagner. * Vous les joueurs avez décidé en concertation de ne plus vous adresser à la presse écrite algérienne. Pourquoi ? Nous avons eu une réaction d'humains. Ce n'est pas normal de nous élever au rang de héros après notre qualification historique en Coupe du monde pour ensuite nous malmener après une simple défaite. Nous sommes devenus subitement l'équipe la plus faible au monde et cela nous a touchés dans notre amour-propre. Je veux dire à ceux qui nous sont tombés dessus qu'ils n'aiment pas l'Algérie plus que moi. * Vous semblez très déçu par ce qui a été écrit à votre sujet… Non, je suis plutôt déçu par la défaite face au Malawi. Vous savez très bien que je n'aime jamais perdre même en match d'application, comment je peux accepter de perdre 3 à 0 face au Malawi ? Jusqu'à aujourd'hui et malgré notre bonne réaction face au Mali, je n'ai pas encore avalé cette défaite et je persiste à penser que perdre 3 à 0 face au Malawi est inacceptable, mais ce n'est pas pour autant qu'on nous malmène de la sorte. J'ai comme l'impression que certains n'attendaient que l'occasion pour nous tomber dessus et nous traiter de matérialistes. C'est vrai que cette défaite nous a fait mal à tous en tant qu'Algériens, mais il ne faut pas non plus effacer tout ce qu'on a réalisé ces deux dernières années. Vous savez ce que m'a dit un journaliste après la victoire face au Mali ? * Que vous a-t-il dit ? Il s'est approché de moi et m'a dit : «L'Algérie a enfin gagné, quels sont vos impressions ?» Vous vous rendez compte, nous ne perdions plus depuis deux ans et il me dit : «Enfin !» J'avais l'impression que la défaite face au Malawi était la dixième d'affilée, j'ai donc quitté la zone mixte sans lui répondre. D'autres journalistes me demandent à chaque fois de leur parler de l'ambiance à l'intérieur de l'équipe et des soi-disant clans qui se sont formés. Nous sommes ensemble depuis trois semaines et aucun problème n'a surgi. L'ambiance dans une équipe qualifiée en Coupe du monde ne peut pas être mauvaise. C'est pour ça que parfois je n'arrive pas à comprendre pourquoi on me pose ce genre de questions. Nous, les joueurs, respectons beaucoup les journalistes, nous voulons être respectés, c'est tout. Nous acceptons les critiques, mais il y a une limite à ne pas dépasser. * Revenons un peu au match de lundi face à l'Angola ? Oui, je préfère. * Il y a beaucoup de blessés au sein du groupe et même Matmour s'est entraîné seul aujourd'hui… Je vous rassure, Matmour va bien et il sera avec nous face à l'Angola. Yahia et Meghni, qui sont complètement rétablis, se sont également entraînés normalement avec le groupe et même si le coach ne comptera pas sur eux dès le début, ils pourront nous donner un coup de main en cours de match. Il n'y a que Bezzaz qui est out pour ce match et Saïfi qui est touché, mais on n'a pas le choix, on fera avec. * Le match de lundi ne ressemble-t-il pas un peu à celui de l'Egypte ? Les deux matchs contre l'Egypte ne ressemblent à aucun autre. Et puis chaque match a ses particularités. Mais pour battre l'Angola, on doit effectivement jouer avec le même état d'esprit que face aux Egyptiens. Entretien réalisé par R. B.