«Les insultes contre l'Algérie m'ont fait beaucoup plus mal que la pierre que j'ai reçue sur la tête» Nous avons profité de l'occasion pour demander à Halliche de nous raconter avec force détails ce qui lui est arrivé avec ses camarades au Caire où ils ont fait l'objet d'une agression de la part des Egyptiens, de ce qui s'est passé entre Aboutrika et lui ainsi que ses sentiments d'avoir joué pour la première fois au Cairo Stadium. «Je m'attendais à un accueil hostile des Egyptiens que je savais capables d'utiliser tous les moyens pour aller au Mondial. Mais je ne m'attendais pas à un guet-apens bien orchestré. Mais après tout, ce n'est pas l'agression ou la pierre que j'ai reçue au visage qui m'a fait le plus mal, ce sont toutes les insultes proférées contre mon pays de Martyrs. C'est ce qui m'a poussé à lutter sur le terrain jusqu'au dernier souffle, pour les priver de passer au Mondial.» «La première pierre n'a touché personne, c'est à ce moment-là que Saïfi a commencé à filmer» «Lorsqu'on est arrivés, l'accueil était normal à l'aéroport et on était en sécurité jusqu'à notre sortie. Nous avions alors pris place dans le bus qui devait nous transporter jusqu'à l'hôtel le plus proche. Sur notre chemin bondé de supporters égyptiens, on a été attaqués par une première pierre qui a brisé la vitre à côté de Bezzaz. Moi, j'étais devant la fenêtre et Lemmouchia à côté de moi. Cette première pierre n'a touché personne, mais elle a brisé une vitre. C'est à ce moment-là que Saïfi a sorti son portable pour filmer la scène, alors que le chauffeur du bus ralentissait.» «J'ai reçu une pierre sur la tête, au moment où Lemmouchia m'a demandé de tirer le rideau» «Craignant une attaque du bus, Lemmouchia m'a demandé de tirer le rideau. C'est à ce moment-là que j'ai reçu une pierre sur le front. Dieu merci, la vitesse de la grosse pierre a été amortie par le rideau. Je suis jeté à terre pour éviter d'autres grosses pierres, mais je n'ai pas perdu conscience. J'ai gardé mon calme jusqu'à notre sortie du bus. Dans le hall de l'hôtel, c'était l'hystérie.» «La première chose que j'ai faite : rassurer ma mère» «Après avoir reçu les premiers soins du médecin de l'équipe, et en montant à la chambre, la première chose que j'ai faite, c'est d'appeler ma mère. Je l'ai rassurée sur mon état de santé. Elle était furieuse contre les Egyptiens. Mais elle n'avait pas paniqué, car habituée à me voir blessé quand je jouais en Algérie.» «Nous accuser de provoquer nos blessures, c'est de la folie» Rafik semble toujours affecté par les accusations des Egyptiens qui ont prétendu que ce sont les Algériens qui s'étaient blessés eux-mêmes. «Comment voulez-vous que je me blesse en risquant pour ma santé, alors que je suis joueur professionnel au Portugal ? C'est de la folie. Même un fou ne l'aurait pas fait. C'est ce qui a fait amplifier notre hostilité vis-à-vis des Egyptiens.» «Aboutrika, le seul à s'être inquiété pour moi» Halliche nous a raconté par la suite ce qui s'est passé entre lui et la star égyptienne dans le tunnel menant aux vestiaires. «On était dans le tunnel, Aboutrika était à côté de moi. Il s'est d'ailleurs inquiété pour moi. Il m'avait même dit qu'il ne faillait pas dramatiser, car les auteurs de ces actes sont des «baltaguia» (voyous). Il m'a souhaité bonne chance avant le match. Un enfant qui allait l'accompagner jusqu'au terrain l'a coupé. C'est alors qu'Aboutrika a répliqué : «Ne vois-tu pas que je suis en train de parler à un joueur ?» Ce qui démontre de l'éducation du joueur. On a foulé la pelouse par la suite avec la détermination de décrocher le billet qualificatif au Caire et personne de nous n'a pensé au match d'appui.» «On a l'impression qu'il y a des amplificateurs de son au stade du Caire» Le 14 novembre passé, Rafik Halliche a participé à la rencontre Egypte-Algérie au stade du Caire qu'il découvrait pour la première fois. «De ma vie, je n'ai jamais vu un stade avec autant de pression. Vous entendez un bruit sourd qui parvient des tribunes, c'est comme s'il y a des amplificateurs de son. En inscrivant leur premier but, c'était carrément un tremblement de terre. Personnellement, je n'ai pas cédé à la pression, car j'étais tellement concentré sur le match que je n'entendais plus rien autour de moi.» «Je souffrais d'une diarrhée la veille du match» «La veille de la rencontre, je souffrais d'une diarrhée, mais j'ai préféré jouer le match. Je sentais aussi des douleurs à chaque fois que je tapais le ballon de la tête. Mais j'ai résisté. Je tenais à me venger de ceux qui nous ont insultés. Après ma sortie, les Egyptiens ont égalisé.»