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Le continent noir «oublié»
Publié dans Le Buteur le 13 - 03 - 2010


L'Afrique en Coupe du monde de 1930 à 1994
* Les temps anciens
L'Egypte, le premier pays affilié à la FIFA
La présence de l'Afrique à la Coupe du monde est, à la fois, lointaine et récente. Elle aurait pu démarrer dès la première édition, en 1930, mais l'éloignement de l'Uruguay se révéla un obstacle infranchissable pour l'Egypte, seul pays africain affilié à la FiFA (depuis 1923), dont le comportement honorable aux Jeux olympiques de 1924 et 1928 lui ouvrait les portes de Montevideo. L'équipe égyptienne a joué son premier match officiel, le 28 août 1920, contre l'Italie, se concluant par une victoire 2 buts à 1 des Italiens. La Fédération égyptienne de football est fondée en 1921. Elle est affiliée à la FIFA depuis 1923. Durant les débuts de l'Egypte, les Pharaons concèdent leur plus large défaite, contre l'Italie encore, le 11 juin 1928, sur le score de 11 buts à 2. Pour la première Coupe du monde de l'Histoire, l'Egypte ne s'était pas inscrite. Quatre ans plus tard, en 1934, l'Egypte, qui s'était qualifiée lors des éliminatoires face à la Palestine, trébucha d'entrée, en huitièmes de finale, à Naples, contre la Hongrie. Menés 2-0, les Egyptiens égaliseront avant la mi-temps, avant d'encaisser deux nouveaux buts au retour des vestiaires.
1934 : Egypte–Palestine : 7-1, 4-1
Hongrie-Egypte : 4-2 (à Naples)
36 ans après…
Il faudra attendre 36 ans avant de retrouver un représentant africain en phase finale. Non engagée en 1950, l'Egypte est écartée lors des éliminatoires de l'édition 1954 par l'Italie. En 1958, l'Egypte, puis le Soudan renoncent à rencontrer Israël. L'Afrique reste sur la touche. Comme elle le fera quatre années plus tard, la FIFA ayant refusé d'accorder une place pleine à l'Afrique la contraignant à disputer une phase éliminatoire intercontinentale.
1954 : Egypte–Italie : 1-2, 1-5
1958: Egypte-Chypre : forfait Chypre
Soudan-Syrie: 1-0, 1-1
Deuxième tour : forfait Egypte
(présence d'Israël)
Troisième tour : forfait Soudan
(présence d'Israël)
1962 : la face honteuse de la Coupe du monde
Les Africains avaient à être très forts pour espérer décrocher un billet pour la phase finale qui s'est déroulée au Chili. Honteusement, les pays africains, qui avaient réussi à passer les tours préliminaires au niveau du continent, devaient en découdre avec les recalés de l'Europe et les représentants de l'Asie. C'était mission impossible pour les courageux Marocains qui tomberont face à l'Espagne. Le groupe 7 comporte cinq équipes provenant d'Europe, d'Asie et d'Afrique. Ces équipes s'affrontent lors de matchs aller-retour à élimination directe sur trois tours. Le vainqueur se qualifie pour la Coupe du monde. Chypre est battu par Israël au premier tour, l'Ethiopie, l'Italie et la Roumanie étant exemptes. Israël se qualifie ensuite pour le troisième tour par deux victoires à domicile à contre l'Ethiopie. L'Italie se qualifie pour le troisième tour suite au forfait de la Roumanie.Au tour final, l'Italie obtient sa place en Coupe du monde en battant deux fois Israël.
Groupe 2
Israël-Ethiopie: 1-0, 3-2
Groupe 9
Ghana-Nigeria : 4-1, 2-2
Deuxième tour
Ghana-Maroc : 0-0, 0-1
Maroc-Tunisie : 2-1, 1-2, 1-1 (match d'appui)
Troisième tour
Maroc-Espagne : 0-1, 2-3
Au tour final, l'Italie obtient sa place en Coupe du monde en battant deux fois Israël.
Stanley Rous cède à la pression… Ouf, enfin une place pour l'Afrique !
Même scénario en 1966, la FIFA décide arbitrairement de n'octroyer qu'une seule place au vainqueur d'un face-à-face Afrique-Asie. La CAF a pourtant suggéré la qualification du vainqueur de la Coupe d'Afrique des nations 1966, mais la FIFA demeure intransigeante. A l'unanimité, les pays africains candidats décident de se retirer de la compétition. Sous la pression, Stanley Rous, alors président de la FIFA, est, cette fois, obligé de céder. L'Afrique obtient enfin une place entière au sein des seize qualifiés pour la phase finale.
* Les temps modernes
Un seul représentant africain

1970 : le Maroc, le premier…
Le Maroc est le premier pays africain à gagner son ticket pour une Coupe du monde. Au Mexique, les Lions de l'Atlas essuient les plâtres, mais font bonne figure. Ils résistent bien aux Allemands, ouvrant même le score par Jarir Houmane, avant de succomber (1-2) emportés par la machine allemande, malmenés par les Péruviens (0-3), ils font jeu égal avec les Bulgares (1-1).
1974 : l'année catastrophe
Le Zaïre, champion d'Afrique en titre, s'effondre en Allemagne devant la Yougoslavie sur le score grotesque de 0-9, après avoir piétiné d'emblée devant une modeste Ecosse (0-2). La débâcle se confirme contre le Brésil (0-3) et l'ambassadeur du football africain finit la tête basse, après avoir encaissé 14 buts, sans en avoir marqué un seul. A oublier.
1978 : la Tunisie, sous la houlette de Abdelmajid Chetali…
Marque sa participation en Argentine d'une pierre blanche : une victoire (3-1) contre le Mexique par Kaabi, Ghommidh et Dhouib. Ils trébuchent pourtant face à la Pologne (0-1) où officiait un certain Henri Kasperczak... le futur entraîneur de la Tunisie et l'artisan de sa qualification à l'édition 98. Mais ils finissent fort honorablement en tenant en échec la RFA (0-0). Il faudra cependant attendre vingt ans pour voir les Rouge et Blanc parmi les mondialistes.
1982 : le scandale du groupe B, le cas algérien fait jurisprudence
Avec désormais 24 équipes qualifiées (un nombre de participants qui durera jusqu'à la Coupe du monde 1998), le nombre de représentants du continent africain passe à 2. En cette année 82, c'est le Cameroun et l'Algérie qui font le voyage jusqu'en Espagne et qui prennent le flambeau, à la faveur d'une modification du règlement accordant désormais deux places au Mondial. L'Algérie enflamme les imaginations en disposant de l'Allemagne (2-1). Malgré une seconde victoire contre le Chili (3-2), suivie, hélas ! d‘une défaite contre l'Autriche, les Algériens ne peuvent accéder au second tour, victimes d'un match si manifestement truqué qu'il a soulevé l'indignation du monde. Ainsi les «frères» d'Europe austro-allemands éliminent l'Algérie. Une situation honteuse qui conduira les instances du football à faire jouer les matchs de la dernière journée du premier tour d'un même groupe en même temps pour empêcher ce genre «d'arrangements».
1986 : le couac algérien
Le Maroc revient au Mondial avec des arguments, deux match nuls contre la Pologne et l'Angleterre et une victoire contre le Portugal lui ouvrent la porte du second tour. C'est le premier Africain à franchir ce seuil. José Faria, son entraîneur brésilien, exulte. La suite sera plus difficile, mais les Marocains vendent chèrement leur peau. Ils laisseront une impression immense. L'Algérie, revenue elle aussi sur le gazon du Mondial, passe totalement inaperçue.
1990 : un artiste nommé Roger Milla
Cette fois, c'est le Cameroun qui représente le continent en Italie. Il frappe d'emblée un grand coup en disposant du champion du monde, l'Argentine ! L'épopée se poursuit contre la Roumanie et la Colombie. L'aventure s'arrête (injustement) contre l'Angleterre aux portes des demi-finales. Les Lions indomptables dominent largement, mais les dompteurs anglais finissent par avoir raison de leur pugnacité et de leur courage. Affaire de métier. Un homme émerge du team africain : Roger Milla, l'artiste du ballon rond. L'Egypte, l'autre ambassadeur africain, a totalement raté son Mondial.
1994 : Baggio exécute les Aigles verts et Milla devient le plus vieux buteur de la Coupe du monde
Le Nigeria aurait sans doute accédé au paradis, sans le «vice» de l'Italien Baggio qui «exécute» cette équipe jeune et naïve pendant les prolongations. Les jeunes coéquipiers de Amokachi et Okocha, qui menaient au score, avaient cru trop tôt à leur victoire. Les deux autres représentants de l'Afrique, les Lions indomptables du Cameroun méconnaissables, étaient trop occupés par des querelles de vestiaires pour penser au terrain, et les Marocains ont essuyé trois défaites en trois rencontres (Pays bas, Arabie Saoudite et Belgique) . De son côté, en inscrivant le seul but camerounais du match, contre la Russie, Roger Milla devient, à 42 ans, le plus vieux buteur de l'histoire de la Coupe du monde.


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