«Lacen a eu le meilleur accueil possible». «Tout comme Ziani, je ne me soucie à présent que de la sélection». «Entre Gourcuff et moi, l'entente n'a jamais été super bonne». A l'instar de ses coéquipiers Ziani et Yahia entre autres, Yazid Mansouri vit une situation assez compliquée au sein de son club de Lorient. Souvent relégué au banc des remplaçants, surtout depuis son retour de la CAN, le capitaine des Verts ne comprend pas vraiment ce traitement que lui inflige son entraîneur, Christian Gourcuff, même s'il nous affirme au passage que l'entente n'a jamais été super bonne entre eux et ce, depuis qu'il est chez les Merlus, il y a quatre ans Malgré tout, l'ancien Havrais ne compte pas baisser les bras et fait désormais de la Coupe du monde son prochain et véritable objectif. Il double les séances d'entraînement et accroît sa préparation pour combler le manque de temps de jeu qu'il accuse actuellement, afin d'être prêt à tenir sa place en sélection sans grand souci. Il rassure au passage les Algériens que l'équipe sera bel et bien présente en Afrique du Sud, et qu'elle fera son possible pour honorer les couleurs nationales. N'ayant jamais tourné le dos à l'EN même au cours des années difficiles, où rien n'allait, Mansouri voit en cette Coupe du monde une consécration pour tous les sacrifices qu'il a faits. Il nous dit franchement que s'il venait à se retrouver sur le banc, cela lui ferait certainement mal. Parlons de votre situation au FC Lorient où vous ne jouez pas souvent. Au fil du temps, ça commence à devenir inquiétant, non ? C'est sûr que ce n'est pas une situation idéale pour un joueur de foot. Je ne joue pas bien souvent depuis plusieurs semaines maintenant et cela ne peut qu'être un désavantage pour moi. Il y a beaucoup de choses qui se sont passées au club. On m'a proposé une prolongation de contrat que j'ai refusée, et à partir de là, les choses se sont un peu resserrées puisque je ne bénéficie plus de temps de jeu que j'avais auparavant. Néanmoins, j'essaye de ne pas trop m'inquiéter. Je sais que j'ai un Mondial qui m'attend au mois de juin prochain et je m'y prépare en conséquence en redoublant d'efforts aux entraînements pour compenser et être fin prêt à tenir convenablement ma place dans cette compétition. Est-ce le fait de ne pas avoir accepté la proposition de prolongement de contrat qui est derrière la situation que vous vivez actuellement ? Je pense que oui. Vu que je n'ai pas accepté d'adhérer à leur projet pour la saison prochaine, les dirigeants de Lorient pensent peut-être que je n'ai plus la tête au club. De mon côté, j'ai été réglo avec eux, et je n'ai rien à me reprocher. Je leur ai expliqué que je recherchais de nouvelles sensations dans un autre club pour la saison prochaine, et rien d'autre. Avez-vous discuté avec Gourcuff pour connaître son avis, puisque c'est lui le premier responsable à la barre technique ? Non, pour le moment on n'a pas encore discuté de ça. J'attends qu'il vienne me voir, ce n'est pas à moi de faire le premier pas. Sachez que depuis 4 ans que je suis au club, je n'ai presque jamais eu de conversation avec lui. A peine s'il m'a félicité pour notre qualification en Coupe du monde. On peut dire que l'entente entre lui et moi n'a jamais était super bonne On comprend par là que les relations sont tendues entre vous deux… Je ne sais pas trop. Pourtant, j'ai toujours été professionnel, et les gens qui me connaissent savent que je ne suis pas un gars à problèmes. Gourcuff ne vient jamais vers moi pour discuter et entamer un vrai dialogue. Il est très distant avec moi et je ne comprends vraiment pas pourquoi. Pourtant, il vous a plusieurs fois confié le brassard de capitaine de l'équipe… Oui, je sais, et c'est pour cela que je dis que je ne comprenais vraiment pas son comportement envers moi. Mais bon, ce n'est pas trop grave. Je prends sur moi et je continue à bosser sans faire de fixation sur la question. Ce qui m'importe à l'heure actuelle, c'est de maintenir ma forme et être prêt pour la Coupe du monde. Comment voyez-vous le reste du parcours avec Lorient, d'ici la fin du championnat ? Ecoutez. Moi, je ne me fais pas de film. Je ne sais pas si je retrouverai ma place ou non d'ici la fin de la saison, mais j'essayerai en tout cas de rester le plus professionnel possible jusqu'à l'expiration de mon contrat avec le club. Si on fait appel à moi, je jouerai sans problème, sinon tant pis. Je bosse d'arrache-pied aux entraînements, afin de me préparer convenablement à la Coupe du monde. J'ai plus la tête à la sélection qu'à autre chose. Donc, Mansouri ne continuera pas l'aventure avec Lorient la saison prochaine ? C'est certain. Dans ma tête, ma décision est officiellement prise. Je ne resterai pas à Lorient la saison prochaine, quoi qu'il advienne. Je ne prolongerai pas mon bail, c'est clair. Cela veut-il dire que vous avez des contacts avec d'autres clubs ? Pour l'instant, je ne préfère pas m'étaler là-dessus. J'aspire à terminer ma saison l'esprit tranquille et bien me préparer au Mondial, avant de trancher sur ma nouvelle destination. Vous avez pourtant déclaré que vous choisiriez votre prochain club avant le Mondial ? Si j'ai la possibilité de trancher sur mon avenir avant la Coupe du monde, ce serait bien, c'est clair. Mais vous savez, je ne maîtrise pas tout, puisqu'il y a pleins de paramètres à voir et surtout à étudier, avant de me fixer. Je ne trancherai pas à la va-vite. En sélection, vous n'êtes pas le seul actuellement à manquer de temps de jeu. Pas mal de joueurs cadres ne jouent pas avec leurs clubs respectifs, tels que Ziani, Yahia… C'est vrai que c'est un véritable problème qui nous touche et qui peut influer sur notre rendement en sélection. Mais il ne faut pas qu'on lâche maintenant et s'avouer vaincus. On doit redoubler d'efforts et travailler plus que les autres aux entrainements. J'étais avec Karim (ndlr Ziani) au téléphone tout à l'heure, et on a évoqué cette situation. Il est déterminé, tout comme moi d'ailleurs, à faire abstraction des difficultés qu'il rencontre en club pour se concentrer beaucoup plus sur l'EN. Certes, on a conscience que rien ne remplace la compétition officielle, mais on fera en sorte d'être prêts et d'attaque pour mener l'Algérie à réaliser une belle Coupe du monde inch'Allah. Ce qui va faire notre force, c'est qu'on jouera tous avec un esprit revanchard pour prouver à nos coachs qu'ils se sont trompés sur nous et qu'on ne méritait pas d'être mis à l'écart de cette façon. D'ailleurs, Ziani a déclaré lors d'un entretien qu'il nous avait accordé que sa priorité à présent était de se préparer pour le Mondial, sans se soucier de ses problèmes à Wolfsburg… C'est exactement ce que je fais moi aussi. Comme je vous l'ai dit, je double mes séances d'entraînement et je travaille en plus pour arriver au top et faire de belles performances, comme on l'a brillamment fait lors de la dernière CAN. On aura la motivation de nos fans qui nous transcendera et nous incitera à tout donner pour bien représenter le pays en Afrique du Sud. N'oublions pas aussi cette cascade de blessures qui touche nos joueurs depuis quelque temps maintenant. Cela commence à inquiéter le public algérien, à seulement 70 jours du début de la compétition. Qu'avez-vous à dire à ce sujet ? Malheureusement, les blessures font partie du métier. Allah Ghaleb, comme on dit. On ne peut rien y faire. J'espère que d'ici-là, les joueurs blessés auront pris le temps de bien se soigner et être au top pour tenir leur place sans gros soucis. Je comprends l'inquiétude de nos supporters, ce n'est pas trop rassurant, je l'avoue, mais ils savent néanmoins que nous ne sommes pas des tricheurs et quand on rentre sur le terrain, on se donne toujours à fond pour faire notre boulot convenablement. Cependant, je pense que tout cela va nous permettre de se présenter en Afrique du Sud en étant plus frais et moins fatigués. Je vais même dire que c'est un mal pour un bien, puisque la compétition officielle reste très importante et rien ne peut vraiment la remplacer, mais on devra quand même trouver le juste milieu. Le sélectionneur national est rentré au pays, après avoir effectué une tournée de prospection en Europe afin de renforcer l'équipe par de nouveaux joueurs. En tant que capitaine, que pensez-vous de cela ? Je trouve que c'est bien. Le coach préfère anticiper et surtout préparer l'avenir de la sélection, c'est tout à fait logique et normal. Il se renseigne sur certains éléments qui pourraient intégrer l'EN, pas forcément pour le Mondial uniquement, mais aussi pour après. C'est du professionnalisme, puisque c'est de l'intérêt de l'Algérie qu'il s'agit. Comment jugez-vous l'engouement que suscite la sélection nationale actuellement chez certains joueurs qui évoluent en Europe, ce qui n'était pas vraiment le cas lorsque tout allait mal ? C'est vrai qu'il y a beaucoup de nouveaux joueurs qui apparaissent comme ça du jour au lendemain et qui affichent à présent leur souhait de venir jouer pour l'Algérie, ce qui n'était le cas avant. Une Coupe du monde, ça attire, il n'y a pas de doutes là-dessus. Néanmoins, il y a une fédération qui est en place et un sélectionneur qui sait ce qu'il fait. A eux de faire en sorte de ramener ceux qui méritent vraiment d'être sélectionnés. Y a-t-il des joueurs qui vous contactent pour les aider à rejoindre l'EN ? Il y a quelques agents de certains joueurs algériens qui m'appellent de temps à autre et qui me demandent d'en toucher un mot au sélectionneur pour que ce dernier accepte d'intégrer leurs joueurs. Vous savez, ce n'est pas mon rôle. Le sélectionneur est libre de ramener le joueur qu'il veut. On n'a rien à demander, ni à exiger concernant ce volet-là. Parlons de Lacen. Lors d'une interview qu'il nous a accordée chez lui à Santander, il a dit avoir senti, après sa première convocation en EN, que certains joueurs ne l'avaient pas accepté à 100% parmi le groupe. Avez-vous parlé de cela ? Personnellement, j'ai eu une longue discussion avec Medhi, un jour ou deux avant le match face à la Serbie. On a bien parlé et surtout dit les choses franchement. On a fait le point, lui et moi, et sincèrement, il m'a confié qu'il était très content d'intégrer la sélection et de découvrir le groupe. Même après le match, le soir, je suis parti le voir dans sa chambre, il était en compagnie de son père et son frère je crois. On a encore discuté et je peux vous assurer qu'il était très content. Il ne m'a pas du tout fait part de ce sentiment que vous venez d'évoquer. Peut-être qu'avec du recul, il a jugé que certains étaient moins bien avec lui lors du stage, mais personnellement, il ne m'a pas du tout parlé de ça. Dans l'ensemble, je pense qu'il a été bien accueilli, et comme je l'ai toujours déclaré, tant qu'un joueur peut ramener un plus à la sélection, il sera assidument mis à l'aise par tous les autres joueurs. Lacen ajoute qu'il se sentira gêné, si vous vous retrouviez sur le banc des remplaçants lors du Mondial. Il dit ne pas vouloir prendre votre place. Quel commentaire faites-vous sur cela ? Vous savez, c'est le coach qui décide. La décision n'appartient ni à Lacen ni à moi. Maintenant me concernant, je sais que j'ai toujours donné le meilleur de moi-même en sélection, que j'ai aussi toujours répondu présent lorsqu'on me faisait appel, même dans les moments les plus difficiles. Me retrouver sur le banc lors du Mondial me fera certainement mal, je serai déçu, mais je respecterai malgré tout la décision du coach. Disputer un Mondial est un rêve de gamin pour lequel j'ai tout fait pour qu'il se réalise. Et je n'aimerais bien pas le voir passer sous mon nez comme ça. Je suis un compétiteur et un joueur ambitieux, et de ce fait, je ferai tout pour garder ma place. Pour ce qui est de votre avenir avec l'EN, comptez-vous continuer l'aventure après le Mondial ou bien prendre votre retraite internationale à cette occasion ? Pour l'instant, je préfère ne pas trop m'avancer sur la question. Je dois avant tout voir le président de la fédération et discuter avec lui, avant de trancher sur mon avenir avec la sélection. J'ai une petite idée, mais je la garde pour moi pour le moment. On en reparlera plus tard.
