«Même si on ne joue pas souvent, on sera à la hauteur au Mondial» Titularisé comme à ses plus beaux jours samedi passé contre Fribourg, Anthar Yahia a retrouvé les sensations qui avaient fait de lui le pilier de la défense de Bochum. Non seulement il a été brillant dans son rôle, mais il a été également l'auteur de la passe décisive sur le but de l'égalisation. * Pouvez-vous revenir sur le dernier match de Bochum à Fribourg où vous avec été titularisé, avec à la clef une passe décisive sur le but de l'égalisation ? El hamdoullah, nous avons pu sortir indemnes de ce déplacement car l'adversaire lutte également pour le maintien, ce qui fait que cette confrontation était décisive. Il fallait donc ramener au moins un point. Du moment que nous n'avons pas perdu tout en faisant un très bon match, je suis très heureux pour l'équipe, en espérant que nous pourrons continuer sur cette voie lors des derniers matchs du championnat. * Vous avez repris votre place de titulaire à l'occasion de ce match. Vous y attendiez-vous ? En toute franchise, non. Rien ne laissait présager, durant la semaine qui avait précédé le match, que j'allais être titularisé. Certes, il y avait une pression terrible autour de l'équipe, après la défaite concédée à domicile face à Eintracht Frankfurt, mais ce n'est que le jour du match que j'ai su que j'allais jouer. L'entraîneur a décidé d'apporter des retouches, surtout dans le secteur défensif, et c'est dans la matinée qu'il a annoncé le onze rentrant. * Votre titularisation s'est faite au détriment du capitaine d'équipe habituel, Maltritz. Cela vous a-t-il motivé davantage pour réaliser un bon match ? Je me donne toujours à fond durant les entraînements et c'est à l'entraîneur de faire ses choix. Ce qui m'a motivé dans ce match, c'était plutôt la présence de ma famille dans les tribunes. En effet, Fribourg se trouve près de la frontière avec la France et est distante de seulement 80 km de Belfort où résident mes parents. Donc, ma mère et mes frères sont venus me voir au stade et cela m'avait beaucoup encouragé à tout donner. Dieu merci, j'ai été à la hauteur et j'ai rendu heureuse ma famille qui s'est déplacée jusqu'à Fribourg. * S'il n'y a eu que votre mère et vos frères à s'être déplacés à Fribourg, cela veut dire certainement que votre père se trouve en Algérie… Effectivement. Il a suivi le match d'Algérie et a été sans doute très content de mon rendement, surtout qu'il était mis au courant de chaque détail du match. * Vous avez fait la passe décisive du but égalisateur de Bochum. Racontez-nous l'action… En vérité, c'était un mouvement travaillé à l'entraînement, car nous nous exerçons souvent à transmettre le ballon de la tête du premier poteau vers le deuxième poteau afin de tromper l'adversaire. C'est ce que j'ai fait en remettant le ballon de la tête à mon coéquipier Dabrowski qui a égalisé, ce qui nous a évité une défaite qui nous aurait mis dans une position de relégable. * Il reste quand même cinq journées avant la fin du championnat. Comment voyez-vous le reste de votre parcours ? Je pense sincèrement que nous avons de grandes chances d'assurer le maintien, à condition de continuer à jouer comme nous l'avons fait contre Fribourg. Déjà, il faudra commencer par gagner notre prochain match contre Hambourg. * Votre entraîneur vous a-t-il parlé après le match de samedi ? Il ne m'a pas parlé à moi particulièrement. Il a simplement félicité toute l'équipe pour le résultat en nous incitant à garder notre concentration pour les matchs qu'il nous reste, surtout que nous sommes en fin de saison et chaque faux pas est interdit. * Pensez-vous que votre rendement samedi vous permettra de garder votre place de titulaire ? Je l'espère bien. Cela fait un moment que je ne joue pas régulièrement et que je n'attendais que l'occasion de m'imposer de nouveau, surtout qu'il y a un grand rendez-vous qui se profile à l'horizon, la Coupe du monde, et je ne veux pas le rater. * Visiblement, vous pensez déjà au Mondial bien que deux mois nous en séparent encore… C'est normal que j'y pense. Ce n'est pas tous les ans qu'on a la possibilité de participer à une Coupe du monde. Un joueur peut faire une longue carrière sans qu'il puisse participer à une telle compétition. En fait, tous les joueurs ont la Coupe du monde en tête, même s'ils s'en cachent. Moi, je suis franc et je dis ouvertement que je prépare d'ores et déjà ce rendez-vous et j'y pense souvent. * Comment vous y préparez-vous ? En me donnant à fond lors des entraînements, surtout que je ne jouais pas souvent ces dernières semaines. J'ai compensé cela en prolongeant les exercices quotidiens. Je pense que c'est aussi le cas de plusieurs de mes coéquipiers en sélection qui vivent le même problème. * En parlant du manque de compétition, plusieurs joueurs tels Ziani, Bougherra et Mansouri ne jouent pas actuellement pour différentes raisons. Cela ne vous effraie-t-il pas avant le Mondial ? Au risque de vous surprendre, je dis que ce qui arrive à ces joueurs et à moi ne m'inquiète pas, vu que je connais très bien la volonté qui les anime. Je suis convaincu qu'ils s'illustreront durant le Mondial en dépit des problèmes auxquels ils font face, car nous avons toujours su nous montrer à la hauteur lors des grandes occasions. La seule chose que je crains est que nous sous-estimions les adversaires supposés être plus faibles que nous. Autrement, je n'ai pas peur. Je peux dire d'ores et déjà que Ziani, Bougherra, Mansouri et autres Belhadj, qui souffrent de blessures ou de marginalisation, seront au rendez-vous en Afrique du Sud. * Cela n'empêche que le peuple algérien est inquiet, surtout que même les nouveaux joueurs que le sélectionneur compte ramener jouent peu… Pour être franc, je dirai que c'est certainement intentionné de marginaliser les Algériens, car ce n'est pas normal que tout joueur algérien qui devient concerné par la sélection devienne remplaçant du jour au lendemain. Il y a anguille sous roche. Quand on ne joue pas ou quand on est poursuivi par la malédiction des blessures, c'est clair que c'est difficile à accepter. Cependant, au risque de me répéter, je suis convaincu de la capacité de nos joueurs à répondre présents lors du Mondial. Rappelez-vous qu'avant le match retour face à l'Egypte, beaucoup de joueurs, dont moi-même, étaient blessés, mais ils ont pu se rétablir à temps grâce à leur grande volonté. C'est ce qui me rend confiant avant le Mondial. * Il y a quand même de bonnes nouvelles, entre autres le retour en force de Rafik Saïfi et la possibilité pour Faouzi Chaouchi de participer au match contre la Slovénie, après avoir purgé sa suspension… Ce sont, en effet, de bonnes nouvelles. J'étais convaincu que Saïfi allait revenir fort grâce à sa longue expérience. Les buts qu'il a inscrits dernièrement constituent la meilleure preuve de son talent et de sa grande détermination. Il est passé par une période difficile après la CAN, mais il n'a jamais renoncé et s'est remis à marquer. La sélection tirera certainement profit de son expérience. Quant à Chaouchi, c'est un gardien de but qui mérite d'être soutenu. Le fait qu'il aura purgé sa suspension avant le Mondial est une bonne nouvelle qui l'incitera certainement à éviter, à l'avenir, les erreurs du passé. * Les joueurs qui jouent peu comptent sur le stage précompétitif du mois de mai qui sera ponctué par deux matches amicaux contre l'Eire et les Emirats arabes unis, pour retrouver leur rythme. Pensez-vous que ce sera suffisant ? Oui, car comme je vous l'ai dit plus haut, les joueurs en manque de temps de jeu compensent avec des entraînements supplémentaires. Quant aux blessés, ils seront d'attaque avant le début du stage. Donc, je pense que ce sera suffisant pour être prêt pour le Mondial. * Avez-vous vous eu des nouvelles de Bougherra ? Oui. Nous sommes en contact au téléphone. Sa blessure relève désormais du passé. Il reviendra bientôt à la compétition. Il a assez de temps pour retrouver son niveau. * Ce n'est pas le cas de Meghni dont la blessure est plus inquiétante… C'est vrai que sa blessure est plus problématique, surtout qu'il la traîne depuis plusieurs semaines, mais lui aussi fera le maximum pour revenir à temps car, tout comme nous autres, il rêve d'être du Mondial. Nous espérons y aller là-bas avec toutes nos forces pour ne pas avoir de regrets. * Un dernier mot ? Je demande au peuple algérien de ne pas s'inquiéter de la situation actuelle. Nous lui procurerons de la joie lors de la Coupe du monde comme nous l'en avons habitué. Après tous les sacrifices consentis, nous ne voudrions pas sortir du Mondial par la petite porte.