«Je ne vois pas les Anglais gagner la Coupe du monde. Mais ils pourraient parvenir jusqu'en demi-finale.» «Nous ne pouvions pas espérer mieux comme sélectionneur que Parreira pour cette Coupe du monde.» «Cette Coupe du monde sera ma dernière et je ferai tout pour me souvenir de chaque instant, sans compter que le tournoi se déroule dans mon pays.» Si l'Afrique du Sud réussit à créer l'exploit en atteignant le deuxième tour de la Coupe du monde de la FIFA 2010, elle le devra probablement à son avant-centre Benni McCarthy. Aujourd'hui basé à West Ham United, en Premier League anglaise, McCarthy a déjà acquis un statut de légende dans l'histoire du football sud-africain. Aujourd'hui âgé de 32 ans, l'attaquant des Bafana Bafana est bien sûr extrêmement impatient d'en découdre, dès le mois de juin, dans ce qui sera la première Coupe du monde de la FIFA organisée par un pays africain. Quel est votre pronostic pour l'Afrique du Sud dans cette Coupe du monde de la FIFA 2010 que vous jouerez à domicile ? Honnêtement, ça va être très, très dur. Je pense que nous sommes dans le groupe le plus compliqué. L'Uruguay est l'une des meilleures équipes sud-américaines, avec des joueurs de classe mondiale. Ça ne va pas être évident de trouver la faille contre eux. Le Mexique aussi est très difficile à jouer. Quant à la France, même si elle n'est pas brillante depuis deux ans, elle possède des individualités. Dans une compétition comme la Coupe du monde, les Français voudront forcément prendre un bon départ. Après, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Mais je pense que l'équipe de France arrivera ici avec un esprit de revanche, après tout ce qui a été écrit sur elle. Est-ce un gros avantage de jouer devant son public ? Oui, c'est un avantage, car non seulement nous aurons le soutien de nos supporters, mais en plus nous sommes habitués aux conditions climatiques, alors que les autres équipes devront s'adapter. C'est un facteur qui pourrait faire la différence. Nous espérons pouvoir obtenir un maximum de points dans nos deux premiers matchs, avant de jouer la France. On ne sait jamais. En cas de bons résultats dans les deux premières rencontres, les portes du deuxième tour pourraient s'ouvrir assez vite. La rencontre face au Mexique sera forcément cruciale. Une victoire vous mettrait sur la bonne voie, sans parler de l'ambiance qui régnerait dans le pays en cas de succès au match d'ouverture... Je pense que ce premier match sera déterminant pour la suite. C'est un peu notre finale. Je dirais même qu'après le match d'ouverture, nous saurons si nous pouvons nous qualifier pour les huitièmes de finale ou pas. Si nous réussissons à battre le Mexique, vous imaginez l'ambiance... A partir de là, nous serons réellement convaincus que nous pouvons battre la France ou l'Espagne. C'est la meilleure chose qui puisse nous arriver à nous et à tous les Sud-Africains. Si nous réussissons cet exploit au premier match, je suis persuadé que nous pourrons créer la surprise dans cette Coupe du monde. Quelle est l'importance du sélectionneur Carlos Alberto Parreira dans tout cela ? S'il y a une personne qui sait réellement jusqu'où nous pouvons aller, c'est bien lui. Il possède une expérience énorme et je pense que nous ne pouvions pas espérer mieux comme sélectionneur pour cette Coupe du monde. Il est extrêmement compétent, déborde d'idées et sait parfaitement faire passer le message à tous les joueurs. C'est quelqu'un de fantastique. Tout le monde l'apprécie et sait ce qu'il attend. Il est revenu (après un premier mandat à la tête des Bafana Bafana) et les choses ont changé. C'est beaucoup mieux que lorsqu'il y avait (Joel) Santana (qui avait remplacé Parreira). C'est quelqu'un qui a une attitude positive et je pense que par la qualité de ses relations avec les joueurs, il sera capable de faire la différence. Il donne beaucoup et en retour, nous voulons faire de notre mieux, pas seulement pour nous, nos familles ou notre pays, mais aussi pour lui. Il le mérite. Une bonne surprise passera forcément par vous... Oui, c'est sûr. Espérons-le ! Dans les grands matchs, l'expérience est un facteur déterminant. Il est très important d'avoir dans son équipe quelqu'un qui sait ce qui peut arriver, qui peut calmer ses coéquipiers, les conseiller, etc. Si je suis sélectionné, je tenterai d'apporter de l'expérience et de la sérénité, tout en essayant de faire la différence. Pas seulement en marquant des buts, mais également en mettant les autres joueurs dans des conditions idéales. Il ne faut surtout pas se laisser gagner par la pression. Le fait d'avoir participé à deux Coupes du monde m'aidera beaucoup dans ce sens. Lors de votre participation à votre première Coupe du monde, en France en 1998, réalisiez-vous l'ampleur de l'événement ? Vous étiez encore adolescent… Je pense que les choses ont beaucoup changé depuis. Mais que ce soit votre première, votre deuxième ou troisième Coupe du monde, cela ne change rien au fait que chaque participation est une vraie bénédiction. Je n'oublie jamais que quelques-uns des meilleurs joueurs de l'histoire du football n'ont jamais eu cette opportunité. Je sais que cette Coupe du monde sera ma dernière et je ferai tout pour me souvenir de chaque instant, sans compter que le tournoi se déroule dans mon pays. C'est en Afrique du Sud que tout a commencé pour moi. C'est là qu'on a cru en moi en tant que joueur. Maintenant, l'heure de tirer ma révérence est venue. Quelle chance de pouvoir le faire dans mon pays, en Coupe du monde. On peut difficilement demander mieux. Qui gagnera la Coupe du monde selon vous ? (Il réfléchit.) Depuis que je suis tout petit, mon équipe préférée a toujours été le Brésil. Je pense que l'Espagne fait aussi partie des grands favoris. Au cours des deux dernières années, les Espagnols ont proposé le football le plus attrayant. Et l'Angleterre ? C'est là que vous jouez et que vous vivez depuis pas mal de temps ? Oui, l'Angleterre possède une très bonne équipe, mais les médias britanniques en font toujours trop, en donnant toujours les Anglais comme favoris. Ils ont un excellent sélectionneur et il ne sera pas facile de les sortir. Cela dit, je ne vois pas l'Angleterre gagner la Coupe du monde. Ils iront jusqu'en demi-finales, quelque chose comme ça. Un joueur peut-il gagner la Coupe du monde à lui tout seul ? Un joueur comme Messi par exemple ? C'est tout à fait possible. Maradona l'a fait. Même si l'Argentine avait une très grande équipe à l'époque, c'est lui qui a été décisif lors de la victoire en 1986. Oui, je pense que cela peut arriver, surtout quand je vois ce que fait Messi avec Barcelone. Il ne faut pas oublier qu'il n'a que 22 ans. Je me demande s'il va encore progresser. L'Argentine possède de très bons joueurs et s'ils arrivent à bien s'entendre avec Messi, ça pourrait être sa Coupe du monde, son moment de gloire. Si cela devait arriver, il rejoindrait définitivement les Maradona, Pelé, Johan Cruyff et Franz Beckenbauer dans le panthéon du football. Il a les qualités pour y arriver. Que pensez-vous des autres équipes africaines ? Ont-elles réellement une chance ? Sur le papier, les Ivoiriens ont une très belle équipe. Mais en même temps, je les ai souvent vus s'écrouler au moment le plus important, notamment en Coupe d'Afrique des nations. Je crois que le problème est d'ordre individuel. Dans le football africain, il y a toujours cette mentalité de tout vouloir faire soi-même. Eto'o, Drogba et Essien pensent peut-être, parce qu'ils jouent à Chelsea ou à l'Inter et font partie des meilleurs joueurs du monde, qu'ils doivent tout faire tous seuls en équipe nationale. Je pense que c'est un vrai problème en Afrique. Trop peu de gens pensent en termes d'équipe. Cette Coupe du monde peut changer les choses. Les équipes africaines seront mieux préparées que lors des précédentes Coupes du monde. Le Ghana, la Côte d'Ivoire, l'Afrique du Sud, le Nigeria également, toutes ces équipes peuvent rivaliser avec les plus grands. Au moins, elles ont une chance. Je crois que le moment est venu pour un pays africain d'arriver en demi-finale, ou même en finale.