«L'Algérie joue à l'européenne sans doute parce que tous ses joueurs ont été formés en France.» Lorsque Farid Zouaoui, notre confrère du Parisien, nous a invité à dîner dans un restaurant de Johannesburg, nous avons traîné un peu la patte avant de dire oui. Et bien nous avons eu tort ! Dès que nous avons pris place au Piatti, restaurant italien, une tête pas du tout inconnue était en face de nous : Carlos Alberto Parreira, champion du monde 94 avec le Brésil et actuel sélectionneur des Bafana Bafana en train de savourer une succulente pizza italienne. Un cadeau tombé du ciel. Bonsoir M. Parreira, pouvez-vous nous accorder quelques minutes après avoir terminé de manger ? Si pour quelques minutes, vous pouvez parler maintenant, il n'y a pas de problème. Tout d'abord, bravo pour votre geste de fair-play à l'égard de Domenech qui a refusé de vous serrer la main… Merci, mais je n'ai fait que mon métier parce que durant toute ma carrière de joueur et d'entraîneur on m'a appris et j'ai appris aux autres que le respect de l'adversaire est important. Comment qualifiez-vous le geste de Domenech ? Domenech s'est comporté comme un bad boy, c'est tout ce que je peux dire, mais j'ai déjà tourné la page. Comment qualifiez-vous le parcours de l'équipe algérienne ? Pour être sincère avec vous, je n'ai vu qu'un seul match de l'équipe d'Algérie, c'était face à l'Angleterre et on m'a dit que c'était le meilleur match des Algériens durant cette Coupe du monde. Comment avez-vous trouvé les joueurs algériens ? Ils étaient bons physiquement. C'est tout ? Je vais vous dire la vérité : je n'ai pas reconnu le football algérien joyeux des années 80. Pour moi, les Algériens jouent à la brésilienne, ce sont des adeptes du football samba tourné carrément vers l'offensive et basé sur les passes courtes et la technique en mouvement. Il y avait quelques combinaisons certes, mais avant les 40 mètres anglais. Je n'ai pas vu une combinaison offensive durant tout le match. Sincèrement, ce n'est pas le football algérien que j'ai aimé. Pourquoi à votre avis ? L'Algérie joue à l'européenne sans doute parce que tous ses joueurs ont été formés en France. Avez-vous été déçus par les résultats des équipes africaines durant ce premier tour ? Je suis déçu, mais c'était prévisible. Pour pouvoir rivaliser avec les Européens et les Latino-Américains, il faut avoir un championnat local fort. Ce n'est pas le cas des sélections africaines. Les joueurs argentins, par exemple, jouent presque tous en Europe, mais ils ont d'abord brillé chez eux. La solution passe par le développement du football local, sinon je ne vois pas une sélection africaine bousculer la hiérarchie.