«L'Algérie a de quoi nourrir des regrets» «Belhadj ? Un pied gauche rare» Carlos Tévez nous a donné rendez-vous au soir de la rencontre des quarts de finale face à l'Allemagne. On pensait qu'après la défaite humiliante des Argentins, il allait se décommander. Mais non, Tévez qui vient d'un quartier très chaud de Buenos Aires sait ce qu'est une parole donnée. Il était donc là lorsque nous étions allés à sa rencontre et répondait à toutes nos questions même les plus embarrassantes. Il a également accepté et pour le grand plaisir de nos lecteurs de juger le parcours des Algériens qu'il a eu à affronter il y a trois ans au Camp Nou. A l'instar de beaucoup d'observateurs, l'Apache regrette que les Verts n'aient pas vraiment osé en attaque. Entretien. Quel bilan dressez-vous après l'amère élimination face à l'Allemagne ? C'est trop tôt de faire les bilans. D'un côté, je suis tranquille parce que j'ai tout laissé sur les terrains. J'ai laissé mes tripes, mon âme et tout. Je ressens de l'impotence plus qu'autre chose. Nous sommes onze joueurs, mais aussi onze hommes et quand ça ne veut pas marcher, ça ne marche pas. Perdre 4 à 0 est-il plus difficile que de sortir aux penalties, comme ce fut le cas face au même adversaire il y a quatre ans ? Les deux éliminations font mal, mais perdre 4 à 0 après avoir été la meilleure attaque et la meilleure défense depuis le début du tournoi fait très mal. Quitter la Coupe du monde sur une telle défaite et avec les joueurs qu'on possède est difficile à accepter. Avez-vous l'impression qu'il n'y avait pas de travail d'équipe sur le terrain ? Non. On a très bien travaillé collectivement après avoir bien étudié le jeu des Allemands. On savait qu'ils allaient nous compliquer la vie et ils nous ont compliqué la vie. Avez-vous été surpris par l'Allemagne ? Oui, surtout leurs contre-attaques. Ils contre-attaquent très vite et en grand nombre, ils ne nous laissent jamais le temps de nous regrouper. Ils nous ont fait à nous ce qu'ils ont fait aux Anglais. On était pourtant avertis. Maradona a dit qu'il n'avait plus la force de continuer. Allez-vous tenter de le convaincre de changer d'avis ? Ce sont des décisions qui concernent le staff technique et la fédération. Cela ne concerne pas les joueurs. Ma priorité à moi c'est de me relever de cette élimination… Quelle image gardez-vous de Maradona sélectionneur pendant cette Coupe du monde ? Il a été très bien du début jusqu'à la fin. Avant le match face aux Allemands, on était toujours favoris. Ce 4 à 0 nous a mis vraiment dans la m… Il ne faut pas se la lancer entre nous, on y est déjà jusqu'au cou. Que manque-t-il à l'Argentine qui n'est plus capable d'arriver en demi-finale depuis 20 ans ? Je ne sais pas. Si je le savais, on serait aujourd'hui en finale. Dans une Coupe du monde, si tu te lèves mal luné un jour, tu te retrouves à la maison. Si je dois me juger moi-même, je dirai que je n'ai pas été capable de marquer, je me retrouve donc dans la m… jusqu'au cou. Est-ce un échec ? Mettez le mot que vous voulez. Les Allemands nous ont été supérieurs sur tous les plans. C'est le coup le plus dur que j'ai eu durant toute ma carrière. Il n'y a pas plus triste que nous en ce moment. Ce n'est pas un échec, c'est un mauvais match. Rien ne voulait marcher. Les Allemands nous ont mis au 7e ciel par leurs déclarations avant de nous tuer. Après avoir longtemps lutté en sélection, méritiez-vous de sortir un grand match comme face au Mexique ? Plus qu'un mérite, c'était une nécessité. J'avais besoin d'un match référence en sélction et je l'ai eu. Cela m'a servi pour prouver aux gens que je n'étais pas mort footballistiquement. Malheureusement, l'élimination en quart a tout gâché, mais j'ai toujours faim de victoires et de sélections. Je ne vais pas m'arrêter là. C'était votre meilleur match ? En sélection, sans doute oui. J'étais très content car j'ai beaucoup lutté pour y arriver. Avez-vous revu votre premier but ? Oui et j'étais hors-jeu, je sais. C'est pour ça que vous l'avez fêté avec fermeté ? Pour tromper l'arbitre ? Non pas du tout. A ce moment-là, j'étais convaincu que je n'étais pas hors-jeu. C'est lorsque j'ai revu le match à la télé que je m'en suis rendu compte. Et ? Rien... C'est ça le football. Cette fois-ci l'erreur était en votre faveur… Oui, mais il y en a eu des erreurs qui nous ont désavantagés. Je reconnais que j'ai eu honte par rapport aux Mexicains qui l'ont payé cher, mais personne ne peut dire que nous ne méritions pas de gagner. L'Algérie est une équipe que vous avez affrontée il y a trois ans. Avez-vous suivi son parcours en Coupe du monde ? Oui bien sûr. Je crois qu'ils ont compliqué leur situation en perdant le premier match. C'est difficile de se relever psychologiquement quand on commence par une défaite. Ils ont pourtant bien réagi face aux Anglais ? Oui, ils m'ont fait rappeler l'Algérie que j'ai affrontée au Camp Nou avec une très bonne organisation défensive et une très bonne maîtrise technique des joueurs. Les Anglais ont longtemps couru derrière le ballon. Malheureusement, il a manqué l'essentiel aux Algériens : marquer des buts. Il y a eu à la fin la défaite face aux Américains… Dans ce genre de match, il faut jouer le tout pour le tout. Un nul n'aurait pas qualifié l'Algérie. Les Algériens auraient dû jouer pour gagner comme ils l'ont fait contre nous. Pour ne pas avoir osé attaquer, ils ont de quoi avoir des regrets car perdre 1 à 0 ou 3 à 0 contre les USA, c'est la même chose. Vous avez évoqué le match Argentine – Algérie du Camp Nou. Que vous rappelle-t-il ? Surtout le but que j'ai marqué sur penalty. Un défenseur algérien commet une erreur à l'intérieur de la surface en tout début de match. Je prends le ballon, je choisis un coin et le gardien plonge de l'autre côté. A ce moment-là, j'ai pensé qu'on allait se baladait face aux Algériens. La suite m'a donné tort. Je me rappelle aussi que les supporters sont sortis satisfaits avec une résultat spectaculaire 4 à 3 en notre faveur. Vous souvenez-vous d'un joueur en particulier ? Oui, le gaucher qui nous a marqué deux buts et qui joue, je crois, en Angleterre. C'était un excellent joueur avec un pied gauche rare.