Le divorce semblait consommé, mais… Going am Wilden Kaiser, cela dit forcément quelque chose à Karim Ziani. C'est ce petit village situé dans le Tyrol, superbe région des Alpes autrichiennes, où il avait effectué, la saison passée, la préparation d'avant-saison alors qu'il venait à peine de débarquer au VfL Wolfsburg. L'été dernier, c'est en terrain inconnu qu'il débarquait : nouveau club, nouveaux coéquipiers avec lesquels il fallait s'habituer en stage bloqué, une langue (l'allemand) qu'il ne comprend pas, une perception du football différente par rapport à la France… Bref, ce n'était pas un cadeau. Aujourd'hui, Ziani est de nouveau à Going, dans le même hôtel où il se trouvait la saison passée, avec le même club, (presque) les mêmes coéquipiers, mais avec quelques différences de taille : un nouvel entraîneur, l'Anglais Steve McClaren qui a remplacé l'Allemand Armin Veh, une meilleure intégration dans le club, une plus grande expérience internationale après sa participation à la CAN et à la Coupe du monde… Le divorce semblait consommé, mais… Est-ce donc un recommencement ? Pas forcément. A la fin de la saison passée, le divorce semblait consommé entre l'international algérien et son club, où il ne bénéficiait même pas d'un minimum de temps de jeu. Souvent, il n'était même pas appelé à chauffer le banc des remplaçants. Partir semblait être la solution la plus indiquée. Or, Wolfsburg n'est pas près de le lâcher facilement. D'abord, parce que McClaren dit vouloir compter sur lui. Ensuite, parce que le club veut récupérer au moins une bonne partie de ce qu'il avait dépensé l'année passée pour l'acheter à l'Olympique de Marseille (7 millions d'euros). Le montant de l'indemnité de transfert a même été fixé : 5 millions d'euros. A prendre ou à laisser. Et qu'on ne vienne surtout pas parler de prêt ! Dieter Hoeness, le directeur exécutif, veut soit garder le joueur, soit le vendre afin d'avoir l'argent nécessaire pour ramener un remplaçant. Donc, une solution intermédiaire ne lui convient pas. Priorité : agir en professionnel, en attendant… En professionnel qu'il est, Karim Ziani a rejoint son club et entamé les entraînements à la date prévue, soit après trois semaines de vacances, comme l'en autorise les règlements de la FIFA. Pas un jour de retard. S'il veut changer de club en obtenant une solution à l'amiable, il sait qu'il a intérêt de faire preuve de correction et de professionnalisme. Sur ce plan-là, rien à dire : il est ponctuel aux entraînements, réceptif aux consignes des membres du staff technique, sérieux dans l'accomplissement des exercices… Plus même : bien qu'en retard sur le plan physique par rapport à ses coéquipiers, lesquels en sont à leur troisième semaine de préparation, il est présent lors des matches d'opposition, distillant beaucoup de centres à partir des ailes. McClaren le bombarde deuxième tireur de coups francs Avec l'entraîneur Steve McClaren, cela se passe le plus normalement du monde. Déjà, il y a un avantage : la communication se fait en anglais, ce qui est bien mieux que l'allemand. De plus, fidèle au schéma tactique qu'il privilégiait du temps où il entraînait Middlesbrough (avec qui il était parvenu en finale de la Coupe de l'UEFA en 2006), il préfère des milieux de couloir, comme l'est Ziani. D'ailleurs, au cours des entraînements, «Karim» revient souvent, preuve que McClaren interpelle beaucoup l'Algérien. Comme symbole de la confiance qu'il semble vouloir lui faire sentir, il le charge d'exécuter les coups de pied arrêtés, en l'absence du «spécialiste» maison, le Bosniaque Misimovic, blessé. Bref rien ne laisse paraître franchement que McClaren veuille se débarrasser de Ziani. Le Bayern Munich, un vrai test multiforme Cependant, il y a des signes qui ne trompent pas : en dépit du sérieux et du professionnalisme dont il fait preuve aux entraînements, l'Algérien vit mal sa situation. A certains moments, lors des pauses, il donne l'impression d'errer sur le terrain, comme s'il était blasé ou dégoûté. Il attend sans doute qu'un club sérieux puisse mettre sur la table les 5 millions d'euros que Wolfsburg réclame afin de partir d'un club où il a connu une première saison qui ne restera pas dans ses bons souvenirs. De peur de revivre la même situation que la saison passée, il préférerait partir, mais il n'a pas sa destinée en mains. Il a jusqu'au 31 août, à l'expiration de la période des transferts, pour espérer que son club se montre plus flexible. En attendant, il prépare la saison comme s'il allait rester au club, avec comme point de mire le premier match de la saison, le 20 août contre… le Bayern Munich. Commencer la saison contre le champion en titre, ça c'est du test ! Il sera révélateur à plus d'un titre : sur les intentions de l'entraîneur de compter ou non sur lui tout d'abord, et sur sa forme ensuite… décidément, l'été sera long pour Ziani.