Pas de Ramadhan pour Ben Arfa. Le 11 août, le Ramadan va démarrer. Une période délicate pour les joueurs musulmans... et leurs entraîneurs ! Ne pas boire ni manger du lever du soleil à son coucher. Voilà la contrainte que vont observer durant le mois d'août les musulmans qui souhaitent suivre le Ramadhan. Elle est officiellement la même pour les sportifs de haut niveau. Cette année, le jeûne débute le 11 août et coïncide avec le début de la Ligue 1. Les joueurs musulmans devront s'y plier. Enfin, ceux qui le souhaitent. Car entre la théorie et la réalité, les aménagements sont légion. Ce que ne réfute pas le recteur de la mosquée de Paris, Dalil Boubakeur : «Classiquement, le sport n'est pas considéré du point de vue religieux comme un motif de rupture du jeûne. Mais il peut y avoir des cas exceptionnels.» «Ça porte préjudice et colle des étiquettes» Exemple de tolérance, Christian Gourcuff, qui fut entraîneur au Qatar, épouse les traditions de l'Orient : «Au-delà de l'alimentation, c'est surtout l'hydratation qui pose réellement un souci, et le fait que nous soyons en période estivale est un handicap majeur à ce niveau. Le risque de blessure peut évidemment augmenter. Ce qui est clair, c'est que pendant le Ramadhan, j'aménage mes entraînements pour les joueurs musulmans. C'est un seul entraînement par jour...» Dans la paroisse de la balle ronde, le son de cloche n'est pas toujours le même. A un moment où la France s'interroge sur son identité, la parole des joueurs musulmans se bride et certains préfèrent dégager en touche comme cet international algérien qui préfère conserver l'anonymat : «Franchement, je ne préfère pas en parler. J'estime que c'est personnel. Au début, tu penses que c'est une certaine curiosité qui anime les gens qui t'en parlent. Mais au final, t'as l'impression qu'il y a des choses derrière. Je crois qu'au fond, ça porte plus préjudice et colle des étiquettes.» Les conflits sont pourtant rares. Un seul fut réellement problématique et médiatisé. Ghazi-Saïfi, deux internationaux algériens, et Alain Perrin, alors entraîneur de Troyes, n'avaient pas trouvé de terrain d'entente sur la pratique du Ramadhan et leur activité professionnelle. Un cas que Christian Gourcuff a eu aussi à gérer avec Rafik Saïfi : «Comme il le faisait depuis très longtemps, c'est quelque chose qu'il gérait très bien. Pendant les collations, les jours du match, il ne venait pas avec les autres joueurs. Les jours de matchs, juste après le coucher du soleil, il prenait quelque chose de léger. Et puis, le matin, très tôt, il avait déjà très bien mangé. Donc ça allait à peu près...» Avant d'ajouter : «Un joueur mis dans de bonnes conditions psychologiques vous le rend sur le terrain. Dans le cas de Rafik Saïfi, il a toujours donné satisfaction, sauf à la fin de la période de jeûne où il était un peu fatigué.» Cette année, la rupture du jeûne est plus tardive. Pas de Ramadhan pour Ben Arfa Dans les faits, ceux qui respecteront le Ramadhan pourront manger à 21h12 lors de la deuxième journée de Championnat, c'est-à-dire à la fin de la rencontre. Les corps et les organismes seront mis à rude épreuve. Sur les performances, Anthar Yahia, capitaine des Fennecs, n'en nie pas l'effet : «On a joué un match très difficile contre la Zambie à Blida, l'année dernière en plein Ramadhan. On a mangé à 19 heures et joué à 22 heures. Je ne vous cache pas que cela a été très difficile. Mais la foi nous aide.» En réalité, rares sont ceux qui jeûnent les jours de matchs, et peu sont ceux qui l'effectuent dans sa totalité. L'expérience a conduit désormais à ce que les choses se fassent en bonne intelligence. Les joueurs reportent souvent la pratique du Ramadan à des périodes plus clémentes lors de l'année. Ainsi, en hiver, le jour est moins long et par conséquent le jeûne est plus facile. Cependant, il est parfois difficile de l'assumer. Le regard d'autrui et de sa propre communauté religieuse sur le sacré peut être intrusif. Mais les langues commencent à se délier. Et certains assument désormais leur choix. Ainsi, Hatem Ben Arfa, lui, a été clair sur le sujet dans Le Parisien. Face à la rudesse du jeûne, il préfère le mettre entre parenthèses.