«S'il y avait eu un étranger à ma place, on aurait dit qu'il faut lui laisser le temps» Abdelhak Benchikha était vraiment déçu après cette défaite, tout simplement inattendue. Au coup de sifflet final de l'arbitre Martins Helder De Carvalho, Benchikha s'est directement dirigé vers ses joueurs pour leur remonter le moral. Cette défaite a beaucoup affecté certains éléments. Depuis le stade, nous n'avons pas vu le sélectionneur national. Pis, il n'a pas accordé la moindre déclaration à la presse, contrairement à ses habitudes. Il était touché et frustré, et n'a même pas pu quitter sa chambre d'hôtel. Nous l'avons rencontré tard dans la soirée à l'aéroport international de Bangui, avant d'embarquer pour rejoindre Alger. La déception était visible sur son visage : «C'est difficile d'accepter une telle défaite. Ce n'est pas normal qu'on perde. Mais, il faut dire qu'aujourd'hui la volonté de notre adversaire a suffi. Ils ont été mieux que nous, il faut l'avouer. Ils étaient supérieurs et il faut accepter cette défaite. On a vu aujourd'hui notre équipe, le constat a été fait et je promets des changements d'ici le prochain match face au Maroc. Il y aura le retour des blessés, comme Meghni, les places seront ainsi chères et la concurrence sera encore plus rude.» «S'il y avait eu un étranger à ma place, on aurait dit qu'il faut lui laisser le temps» Même s'il n'a pas été trop critiqué, car tout le monde connaît les circonstances dans lesquelles le match a eu lieu, Abdelhak Benchikha demande qu'on lui laisse du temps. Il estime que s'il y avait eu un entraîneur étranger sur le banc, on lui aurait accordé du temps. Un message bien clair : «Aujourd'hui, s'il y avait un entraîneur étranger sur le banc de touche personne n'aurait crié au scandale en cas de défaite. Mais puisque c'est moi, on commence à dire beaucoup de choses. Ah s'il y avait Paul ou un autre à la tête de l'EN !» «Les conditions étaient déjà défavorables à Alger avant de rejoindre Bangui» Benchikha a expliqué les raisons de cette humiliante défaite. Le sélectionneur national estime que les conditions étaient déjà défavorables à Alger, avant le match à Bangui. Il dira à ce propos : «Il ne faut pas se tromper, les conditions étaient déjà défavorables à Alger. Les joueurs se blessaient un après l'autre. Ce n'est pas normal. Boudebbouz était le dernier à être blessé, on était donc obligés à faire appel à Lazhar Hadj Aïssa. Figurez-vous que ce dernier n'était pas du tout prêt pour prendre part à ce match, vu qu'il était avec l'EN A'. Vous voyez, on n'était pas à l'aise.» «Je ne peux pas monter une équipe en deux jours et avec tous ces blessés» Toujours en ce qui concerne les raisons de cette défaite, Abdelhak Benchikha nous a fait savoir qu'il était très difficile pour lui de gagner cette rencontre, après deux jours de travail et ce grand nombre de joueurs blessés : «Ecoutez, je n'ai pas de baguette magique. J'ai travaillé pendant deux jours avec le groupe, et je pense qu'on a fait du bon travail, seulement ce n'est pas suffisant. Il faut encore du temps. Les gens doivent comprendre que je ne peux pas monter une équipe après deux séances seulement, et en plus avec ce nombre important de joueurs blessés. Aujourd'hui, nous avons perdu car il manquait huit joueurs titulaires. Ce n'est pas rien. Mais je pense que beaucoup de joueurs ont donné le meilleur d'eux-mêmes.» «Les conditions climatiques ont influé beaucoup sur l'équipe» Puis, Benchikha aborde le sujet le plus important, les conditions climatiques durant la rencontre. L'entraîneur national estime que cela a influé négativement sur le rendement de l'équipe : «Les conditions climatiques ont influé négativement sur le groupe. C'est sûr. Les joueurs ont rencontré beaucoup de diffcultés à produire du jeu. Ils ne pouvaient même pas respirer, croyez-moi. En première mi-temps, c'était dur car il y avait une forte chaleur. Le taux d'humidité indiqué par ma montre était de 85 degrés. C'est vraiment difficile de jouer dans de telles circonstances. Je ne suis pas en train de chercher des excuses, car une défaite reste toujours une défaite.» «La qualification à la CAN, j'y crois toujours» Avec cette défaite, il est vrai que tout le monde en Algérie pense que la qualification à la prochaine CAN qui aura lieu au Gabon et en Guinée équatoriale est compromise. Benchikha n'est pas de cet avis. Il continue y croire jusqu'au bout pour arracher cette qualification, sachant qu'il reste encore quatre matchs à disputer. Il annonce : «La qualification à la CAN 2012 j'y crois beaucoup, je ne vous le cache pas. J'ai confiance en cette équipe. La défaite d'aujourd'hui n'est qu'un accident. On a encore quatre matchs à disputer, dont deux à domicile et autant à l'extérieur. Désormais, il faudra les remporter tous dans le but de glaner 12 points. Il faut les récolter pour aller à la CAN. Nos chances ne sont pas compromises, seulement il faut être conscient de la tâche qui nous attend. Ce sera difficile mais on va jouer toutes nos chances à fond, on ne va pas abdiquer.» «J'ai joué avec cinq joueurs à vocation offensive» Expliquant les choix qu'il a prônés durant cette rencontre et surtout où résidait le problème qui a causé cette défaite, Benchikha explique ces choix à la presse le plus normalement du monde : «Pour cette rencontre, nous avons opté pour une stratégie offensive. J'ai fait jouer cinq joueurs à vocation offensive. Bon, Lacen était dans la récupération, Yebda a joué très haut, devant Djamel Abdoun. Sur les ailes, il y avait Ghezzal et Mesbah, alors qu'en pointe il y avait Djebbour. Je pense que le problème était au milieu du terrain. Abdoun et Yebda ne revenaient pas derrière à temps. Cela nous a créé un grand problème.» «J'allais faire rentrer Djabou, mais la blessure de Belhadj a complètement faussé mes calculs» On s'attendait à voir le petit Abdelmoumen Djabou, surtout qu'il s'échauffait sur la main courante pour faire son entrée, finalement il n'a pas fait son apparition. On a donc voulu savoir ce qui s'était passé. Benchikha nous explique : «Certes j'allais faire rentrer Djabou, mais pas dans l'immédiat. A la mi-temps, on corrige les erreurs et après on opère des changements. Cependant, la blessure de Nadir Belhadj a faussé tous nos calculs. On ne pouvait pas faire rentrer Djabou à cause de la blessure de Nadir. Ce dernier n'a pas été comme à son habitude. Cela dit, il n'est pas responsable de cette défaite.» «C'est la défaite de tout un groupe» Benchikha pense que c'est la défaite de tout un groupe, pas uniquement d'un joueur ou deux. Après avoir été interrogé sur le rendement médiocre de Nadir Belhadj, il a déclaré : «C'est la défaite de tout le groupe, pas uniquement d'un joueur. Lorsqu'on gagne, c'est le groupe, mais lorsqu'on perd c'est aussi le groupe. Bon Belhadj était dans un jour sans, point final.» «Le geste des joueurs m'a beaucoup touché» Benchikha est resté enfermé dans sa chambre. Il a refusé d'aller dîner car il était très touché par cette défaite. Cependant, après un moment, les joueurs ont rejoint leur coach dans sa chambre pour s'excuser après cette défaite, mais aussi pour lui promettre de se racheter à l'avenir. Il a déclaré : «Le geste des joueurs m'a beaucoup touché. Ils sont venus me voir dans ma chambre pour qu'on parle, ils m'ont promis de se racheter dès le prochain match. Les joueurs m'ont même fait savoir qu'ils avaient tout fait pour gagner, mais le destin en a voulu autrement.» «Kaci-Saïd aurait sans doute tenu de telles déclarations par amour pour l'Algérie» Réagissant suite aux déclarations de Kamel Kaci-Saïd, actuellement consultant à la chaîne qatarie d'Al Jazeera, Benchikha ne compte pas polémiquer : «Tout d'abord, est-ce que c'est vrai que Kaci-Saïd a fait une telle déclaration ? Si cela s'avère vrai, il l'aurait sans doute fait par rapport à son nationalisme et son amour pour l'Algérie.» «Je n'ai pas de chance !» Enfin, avant d'embarquer vers Alger, Benchikha estime qu'il n'a pas de chance de commencer sa carrière à la tête de l'équipe A par une défaite. «Je n'ai pas de chance. C'est vraiment dommage ! J'aurais aimé entamer ma campagne à la tête de l'EN par une victoire. Mais, malheureusement, le football est fait ainsi. En plus, c'est comme au Club Africain», a déclaré Benchikha.