«J'ai débarqué à Manchester à 17 ans, j'étais trop jeune pour concurrencer Rio et Nemanja Vidic, qui font partie des meilleurs du monde à leur poste» Depuis quelques années, dès lors qu'on établit une liste des meilleurs défenseurs centraux du monde, le nom de Gerard Piqué apparaît quasi automatiquement. Ce pur produit du centre de formation blaugrana a regagné le FC Barcelone en mai 2008 à la demande de Pep Guardiola après un séjour en Premier League, au sein de Manchester United. Depuis, le numéro 3 barcelonais est devenu l'un des piliers de l'équipe catalane, ainsi qu'un taulier de l'équipe d'Espagne championne du monde. Elu pour la deuxième fois d'affilée au sein du FIFA/FIFPro World XI, ce talentueux défenseur s'est rendu à Zurich pour recevoir le prix lors du Gala FIFA Ballon d'Or. FIFA.com a profité de l'occasion pour s'entretenir avec lui de son extraordinaire année 2010, de ses coéquipiers barcelonais, de ses perspectives pour l'avenir et de ses intérêts en dehors du football. Quel est votre sentiment au moment de recevoir cette distinction ? Je suis très heureux. Je sais que tout va très vite dans le football, donc j'essaie de profiter au maximum de ces instants de bonheur. En outre, c'est un plaisir d'avoir été élu par mes pairs. Ce onze de gala contient cinq autres pensionnaires du FC Barcelone, dont la majorité est issue du centre de formation... Cela en dit long sur le travail réalisé à La Masía et c'est aussi une récompense pour tous ceux qui parient sur ce vivier. En plus, ils n'ont rien coûté à l'équipe première du Barça et ils font aujourd'hui partie des meilleurs joueurs du monde. Tout ceci est très important pour le club et pour les supporters, qui s'identifient d'autant plus à leurs idoles qu'ils sont issus du sérail. Justement, quel est pour vous le secret de La Masía ? Au niveau technique, je dirais que c'est la priorité donnée au ballon. On nous exige de bien le traiter, de ne jamais prendre le risque de le perdre, de toujours rechercher la meilleure passe et le meilleur contrôle. Sur un plan personnel, on nous fait comprendre que le football n'est pas tout, qu'il faut savoir être honnête et généreux avec les siens en dehors du terrain. Pensez-vous que la présence massive de joueurs issus du centre de formation ait influé sur la réussite récente du club ? Bien sûr, parce que nous nous connaissons tous sur le bout des doigts. S'il y a une si bonne ambiance dans les vestiaires, c'est grâce à ça. Et sur le plan footballistique, les résultats le confirment. Vous avez suivi une trajectoire pour le moins inhabituelle en quittant le FC Barcelone avant d'y revenir. Pourquoi n'avez-vous pas réussi à Manchester United comme vous le faites aujourd'hui ? J'ai débarqué à Manchester à 17 ans. J'ai reçu une formation excellente et je me suis entraîné aux côtés de joueurs comme Wayne Rooney et Rio Ferdinand. Mais j'étais trop jeune pour concurrencer Rio et Nemanja Vidic, qui font partie des meilleurs du monde à leur poste. Sir Alex Ferguson avait confiance en eux. Mais c'était une super expérience et je conserve d'excellentes relations avec l'entraîneur et avec mes anciens coéquipiers. Autant dire que ça m'a fait le plus grand bien ! Ensuite, vous êtes retourné au Barça à la demande de Pep Guardiola. Qu'est-ce qui en fait un entraîneur si spécial ? Il nous fait comprendre le football, voilà tout. En plus de nous donner des consignes, il nous en explique les raisons. Cela nous aide à devenir meilleurs, car on comprend mieux chacune des instructions. En plus, Guardiola a apporté des idées nouvelles, comme la suppression des mises au vert avant les matches… C'est une façon différente de voir les choses et il a su y rester fidèle, dans les bons moments et dans les moins bons. Je trouve génial que même dans la défaite et malgré les critiques, il parvienne à préserver ses idées. C'est un technicien qui sait faire fi de l'environnement et qui est très sûr de ses convictions. Sur un plan tactique, qu'est-ce que vous pouvez nous dire de lui ? Il est très inventif. Nous pouvons jouer de plusieurs façons différentes, mais nous respectons toujours la philosophie du Barça, qui privilégie la possession du ballon. Nous pouvons jouer à 3 ou 4 derrière, ou modifier la structure du milieu de terrain, car chacun sait parfaitement ce qu'il doit faire. C'est un réel avantage. Revenons à des questions plus personnelles. Vous avez vécu en 2010 une année inoubliable. Quel est votre meilleur souvenir ? La finale de la Coupe du Monde avec l'équipe d'Espagne, sans aucun doute. Tout le pays était derrière nous, ce qui n'est jamais évident en Espagne, mais le football permet ce genre de choses et nous y sommes parvenus. En dehors de ça, j'ai vraiment vécu de grands moments en Afrique du Sud, où j'ai pu rencontrer plein de gens et mieux connaître des partenaires avec qui je n'avais jamais eu le temps de parler et qui sont devenus des amis. À 23 ans, vous avez déjà tout gagné. Comment faites-vous pour vous remotiver ? En me souvenant de ces moments postérieurs à la victoire, de la joie que ça engendre. Il faut toujours les garder en mémoire pour essayer de les rééditer. J'aime beaucoup gagner et je trouve les défaites très difficiles à vivre. C'est ça qui me motive. Après le sacre mondial en Afrique du Sud, l'équipe d'Espagne a connu une seconde moitié de l'année 2010 plus irrégulière. Comment l'expliquez-vous ? Attendez, en qualifications pour l'Euro 2012 nous avons bien joué. Nous avons même gagné tous les matches. Nous nous sommes inclinés en Argentine et au Portugal, contre deux grandes équipes. Et pour tout vous dire, s'il y a bien un moment où l'on peut se permettre le luxe de perdre, c'est bien en disputant un match amical en tant que champion du monde en titre. C'est vrai que ça ne fait pas plaisir de perdre 4:0 et 4:1, mais nous allons tout faire, désormais, pour que ça ne se reproduise plus. Vous êtes l'un des footballeurs espagnols les plus actifs sur Twitter. Pensez-vous que les nouvelles technologies sont importantes dans la carrière d'un footballeur du XXIe siècle ? C'est un bon outil pour garder le contact avec mes supporters. C'est important qu'ils aient de bonnes nouvelles et qu'ils comprennent que je suis bien plus qu'un footballeur. À ce propos, que veut dire "moc, moc" ? (Rires) Ahhh, pas grand-chose, à vrai dire ! C'est une expression que nous utilisons sur Twitter avec mes amis Puyol et Cesc pour dire "je pense à toi". Comme Cesc est à Londres, c'est un moyen de se rapprocher de lui et de garder le contact. Parlez-nous de Gerard Piqué en dehors du terrain… Je passe beaucoup de temps avec des amis d'enfance. Avec eux, je me sens vraiment à l'aise. Je vais aussi au cinéma pas mal, je lis et je surfe sur Internet. Bref, je fais ce que font les jeunes de mon âge... Vous voyez-vous quitter le Barça un jour ? Le Barça, c'est chez moi. C'est là que j'ai toujours rêvé de jouer et c'est l'une des meilleures équipes du monde, pour ne pas dire la meilleure. En plus, j'ai des coéquipiers qui font partie de l'élite mondiale. Bref, aujourd'hui, je n'y pense vraiment pas. En tant que défenseur blaugrana, est-ce difficile de rester concentré alors que vos attaquants monopolisent le ballon ? Ça peut être difficile, effectivement, parce que l'équipe domine parfois la possession dans des proportions hallucinantes. Le problème, c'est qu'il suffit d'une contre-attaque pour que cette domination soit réduite à néant. Il faut donc savoir rester concentré. Pour conclure, dites-nous qui était l'idole de votre enfance et qui est pour vous la référence actuelle à votre poste… Je me souviens que je regardais beaucoup Fernando Hierro, du Real Madrid. Je l'admirais malgré la couleur de son maillot. Aujourd'hui, je vois plusieurs références, comme Ferdinand et Vidic, en plus de Carles Puyol, bien sûr, qui est un ami et un exemple à suivre. ------------------------------- Nom et prénom : Gerard Piqué Bernabeu Date et lieu de naissance : 2 février 1987 (23 ans) à Barcelone, Espagne Nationalité : Espagnole Taille : 1m92 Poste : Défenseur centre Numéro : 3 Surnom : Piquenbauer Parcours junior 2001-2004 FC Barcelone (B) Parcours professionnel 2004-2008 : Manchester United 22 matches (2 buts) 2006-2007 : Real Saragosse 28 matches (3 buts) 2008-2015 : FC Barcelone 95 matches (8 buts) Sélection(s) en équipe nationale 2004 Espagne - 17 ans 7 matches (2 buts) 2006 Espagne - 19 ans 7 matches (3 buts) 2007 Espagne - 20 ans 5 matches (1 but) [2] 2006-2008 Espagne Espoirs 12 matches (1 but) 2004- Catalogne 4 matches (0) 2009- Espagne 29 matches (4 buts) Palmarès Avec l'Espagne Coupe du monde : Vainqueur : 2010 Avec Manchester United : Ligue des Champions : Vainqueur : 2008 Premier League : Champion : 2008 Carling Cup : Vainqueur : 2006 Charity Shield : Vainqueur : 2007 Avec le FC Barcelone : Ligue des Champions : Vainqueur, 2009 Championnat d'Espagne : Champion : 2009 et 2010 Copa del Rey : Vainqueur : 2009 Coupe du monde des clubs : Vainqueur : 2009 Supercoupe de l'UEFA : Vainqueur : 2009 Supercoupe d'Espagne : Vainqueur : 2009 et 2010 Palmarès individuel Prix Don Balón de joueur révélation de la Liga 2008-09. Nomination au prix UEFA de Meilleur défenseur d'Europe 2008-09 et 2009-10. Membre du FIFA/FIFPro World XI en 2010. Membre de l'Equipe de l'année UEFA en 2010