De notre envoyé spécial à Chililabombwe : Farid Aït Saâda Se déclarant premier supporter de la sélection de Zambie, le président de la république zambienne, Rupiah Banda, fait tout pour doter les Chipolopolo de tous les moyens à même de leur permettre un parcours victorieux sur la route vers la Coupe du monde. En plus de mettre son argent personnel dans le budget de la sélection, notamment pour assurer les déplacements ou pour payer les stages de préparation en Afrique du Sud, il a donné des instructions aux grandes compagnies et sociétés du pays pour qu'elles soutiennent financièrement la sélection et même les clubs qui sont criblés de dettes à cause de la défection de sponsors. Il vise spécialement les compagnies de la ceinture minière du nord du pays, dont Chililabombwe, ville qui accueille les matches de la sélection, fait partie. «Certes, la crise économique est là, mais j'affirme que les compagnies sont tenues de soutenir le football», a-t-il affirmé après la victoire de samedi face au Rwanda. * Premier supporter des Chipolopolo Suivant l'actualité de la sélection jour après jours, intervenant pour régler même les crises comme cela avait été le cas lorsque le sélectionneur Hervé Renard avait menacé de partir, après le match face à l'Egypte, du fait qu'il n'avait pas perçu ses derniers salaires, Rupiah Banda a fait du destin de la sélection une affaire personnelle. Avant le coup d'envoi du match face au Rwanda, il était dans le vestiaire des joueurs pour les encourager, vêtu du maillot des Chipolopolo floqué du numéro 9, celui des buteurs, et après avoir assisté à la victoire des Zambiens face au Rwanda, il s'est déclaré que c'était «le résultat que j'attendais d'eux», tout en ajoutant que «cette victoire accroit les chances de la Zambie d'aller en Coupe du monde». Il donne l'impression de suivre la voie de son prédécesseur, Kenneth Kaunda, lui aussi très à cheval sur le sport en général et sur le football en particulier. * Kalusha Bwalya : «L'argent ira à la sélection et à rien d'autre» De son côté, l'ancienne gloire du football zambien, Kalusha Bwalya, qui occupe aujourd'hui la fonction de président de la Fédération zambienne de football, a remercié le président Banda pour son soutien ferme et constant et a affirmé, dans la presse locale, que l'argent injecté ne sera pas détourné. «L'argent ira à la sélection et à rien d'autre», a-t-il martelé, au moment même où certaines voies dénoncent l'utilisation d'une partie des fonds à des fins personnelles. F. A-S. Les deux Katongo en méforme Felix Katongo et Chris Katongo, qui évoluent tous deux en Europe, sont considérés comme la locomotive de l'équipe. Or, ils étaient visiblement loin de leur forme optimale samedi passé au Konkola Stadium de Chililabombwe. Felix, meneur de jeu de Châteauroux (Ligue 2 française), n'a pas eu le rayonnement qui avait été le sien durant le match du Caire face à l'Egypte, alors que Chris, attaquant de Arminia Bielefeld (Bundesliga allemande) et capitaine d'équipe, était carrément hors du coup. Lorsque les Katongo ne vont pas, rien ne va, et c'est ce qui est ressorti du match et c'est finalement le remplaçant Mulenga et le milieu de terrain Kalaba qui ont sauvé les Chipolopolo. Le public zambien à l'anglaise Ancienne colonie britannique, la Zambie a hérité de beaucoup de choses des Anglais. Outre le fait qu'ils roulent à gauche et qu'ils tiennent à leur monnaie, le Kwacha, même si elle dévalorisée (1 euro = 650 kwacha environ), les Zambiens sont surtout très fair-play. Tout en supportant leur équipe à fond, ils n'ont montré aucun signe d'irrespect envers les Rwandais, que ce soit l'équipe alignée, les remplaçants, le staff technique, les joueurs non convoqués qui sont restés dans la tribune ou la poignée de supporters rwandais qui étaient présent au Konkola Stadium. Même l'hymne national rwandais a été respecté solennellement. Autre legs anglais : durant le match et, surtout, après le coup de sifflet final, de nombreux supporters ont ingurgité des litres de bière. Cela a engendré plusieurs accidents de voiture sur le trajet du retour. Des Français «Truly Zambian» Comme rapporté dans notre édition d'hier, la sélection de la Zambie comptait, parmi ses plus ardents supporters, les familles de l'entraîneur principal, le Français Hervé Renard, et de son compatriote préparateur physique, Patrice Beaumelle. Ils étaient une dizaine de Français dans la tribune d'honneur et la majorité d'entre eux arboraient un tee-shirt sur le dos duquel on pouvait lire «Truly Zambian» (véritablement zambien). C'est vrai qu'avec l'adulation que le peuple zambien voue à Renard, lui et sa famille ne peuvent que lui permettre de se sentir dans leur élément dans ce pays. Mbesuma réclamé… puis pris en grippe Réclamé à cor et à cri (c'est bien le cas de le dire) par les supporters zambiens présents samedi au Konkola Stadium de Chililabombwe, Collins Mbesuma a été incorporé par Hervé Renard quelques minutes avant la mi-temps, sous une énorme ovation du public. Renard, flairant sans doute le bon coup, a même pris son joueur en aparté pour lui glisser quelques mots dans l'oreille et lui faire une tape amicale dans le dos. Mais voilà que trois minutes après sa rentrée, il se charge de transformer un penalty, mais y échoue piteusement par deux fois, en tirant mollement sur le gardien de but, puis en reprenant le ballon relâché sur le montant gauche du but. Durant le premier quart d'heure de la deuxième mi-temps, il a été tellement maladroit, voire même parfois absent, qu'il a été pris en grippe par une partie du public. C'est donc logiquement que son entraîneur l'a fait sortir avant la demi-heure de la seconde période, sous les applaudissements de quelques supporters seulement, les autres se montrant plutôt froids à son égard. Même la victoire finale n'a pas fait oublier au public les ratages de Mbesuma, puisque cela a constitué le principal sujet de discussion dans la rue. Les joueurs zambiens ont fait la fête samedi soir Après la fin du match, les joueurs zambiens ont eu droit à une réception en leur honneur offerte par le président Rupiah Banda. Puis, à leur retour à leur hôtel, ils ont fait la fête durant une bonne partie de la nuit, en présence d'invités triés sur le volet. Selon la presse locale, même le sélectionneur Hervé Renard a participé à la fête, esquissant même des pas de danse typiquement africaine en compagnie de ses joueurs. La déception Simguluma S'il y a bien un joueur qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive depuis deux mois en Zambie, c'est bien l'attaquant Given Simguluma. En effet, il est au centre d'une rocambolesque histoire de transfert puisque cet attaquant de Zanaco, qui avait fini meilleur buteur du Championnat d'Afrique des locaux (CHAN-2009), en début de l'année en Côte d'Ivoire, allait signer au TP Mazembe, club phare de la République démocratique du Congo, avant de se raviser et faire des essais dans un club finlandais, puis dans des clubs sud-africains. Remplaçant lors de la première rencontre du dernier tour éliminatoire du Mondial-2010 contre l'Egypte au Caire, il a été titularisé samedi face au Rwanda. Finalement, son rendement a été bien en-deçà de tout le bruit qu'il a suscité ces derniers temps, si bien que pour la presse zambienne, il s'agit de la grande déception du match. Renard aussi renard que Roux Même si le très bon nul ramené d'Egypte et la victoire enregistrée samedi face au Rwanda font rêver le peuple zambien qui croit fermement à une qualification à la Coupe du monde, le sélectionneur Hervé Renard se refuse systématiquement à tout triomphalisme. «Je l'ai dit depuis le départ : l'objectif assigné est la qualification pour la CAN-2010», a-t-il encore répété devant les médias locaux. «Pour moi, aller en Coupe d'Afrique est déjà une belle chose», répète inlassablement le Français. Cela n'est pas sans rappeler son illustre compatriote et collègue Guy Roux qui, même durant les dernières semaines de la saison 1995-1996 où son équipe, l'AJ Auxerre de Saïb et Tasfaout, était plus que jamais concernée par le titre, il ne cessait de répéter que l'objectif était le maintien, comme il le disait à chaque saison. Cette année-là, Auxerre avait remporté le doublé. De là à dire que la Zambie du rusé Hervé Renard va réaliser le doublé qualification en Coupe du monde et en Coupe d'Afrique sans faire de bruit… Takac pas du tout fair-play Le sélectionneur du Rwanda, Takac, n'a pas apprécié que son équipe perde contre la Zambie dans les dernières minutes du match alors qu'elle avait réussi à bien contenir son adversaire jusque-là. A la fin du match, il a refusé de suivre le chargé des médias à la Fédération zambienne de football qui l'invitait à rejoindre la salle réservée aux déclarations d'après-match, comme l'avaient fait le sélectionneur de la Zambie, Hervé Renard, et le joueur Chris Katongo. Takac s'est borné à une déclaration à quelques journalistes qui se trouvaient à la porte du vestiaire des visiteurs. * «J'ai déjà fait une déclaration et je n'en referai pas une autre» Constatant que Takac n'était pas venu à la salle de presse, nous nous sommes mis à sa recherche pour une déclaration. A notre arrivée à l'abord du vestiaire du Rwanda, on nous a dit que le sélectionneur était déjà dans le bus. Effectivement, il était assis sur le siège situé derrière celui du chauffeur, à attendre le départ vers l'hôtel. Nous lui avons demandé poliment une déclaration, mais il a refusé sous prétexte qu'il avait déjà livré ses impressions. «Mais vous ne l'avez pas fait dans la salle de presse», avons-nous protesté. «Ce que je sais, c'est que j'ai fait une déclaration. Peu importe l'endroit. Je ne vais pas en refaire. La prochaine fois, peut-être», a-t-il répondu froidement.